Les secousses dévastatrices du séisme en Nouvelle-Zélande

Régulièrement touchée par des séismes, la Nouvelle-Zélande n'avait pas enregistré un bilan aussi lourd depuis le tremblement de terre de 1931. Explications.

Par Paloma Bertrand, le 24/02/2011

Un séisme « superficiel », proche de la surface

Les forces géologiques en présence

Le séisme du 22 février 2011 de magnitude 6,3 est qualifié par Bertrand Delouis, chercheur à l'Institut des sciences de l'Univers (CNRS), de « plutôt modéré ». À la date du jeudi 24 février, le bilan est de 98 morts et de 226 disparus. En fait, le foyer du séisme (appelé hypocentre) n'est qu'à 5 km sous terre et son épicentre (à la surface) est proche de la seconde ville du pays : Christchurch, dans une zone déjà secouée par un tremblement de terre de magnitude 7 en septembre 2010 qui n'avait fait aucune victime.

Selon Bertrand Delouis, les mesures d'accélération au sol confirment que les vibrations ont été fortes et intenses. En génie parasismique, l'accélération au sol est le critère essentiel pour évaluer les forces qui s'exercent à la base des bâtiments et ouvrages d'art. Certaines constructions de la ville de Christchurch, peut-être déjà fragilisées par le tremblement de terre de septembre, ont ainsi cédé en causant des dommages inhabituels dans cette île.

Hypocentre et épicentre

Illustration

Le point d'origine d'un séisme est appelé hypocentre ou foyer sismique. Il peut se trouver entre la surface et jusqu'à sept cents kilomètres de profondeur pour les événements les plus profonds.

L'épicentre est la projection verticale de l'hypocentre à la surface terrestre

La magnitude d’un séisme

La magnitude d'un tremblement de terre mesure l'énergie libérée. Cette notion a été introduite en 1935 par l'Américain Charles Francis Richter pour les séismes californiens afin d'estimer l'énergie libérée au foyer d'un tremblement de terre et pouvoir comparer les séismes entre eux grâce à ce que l'on appelle « l'échelle de Richter ».
Cette échelle est dite ouverte, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de limite connue. La magnitude peut même être négative mais ne peut être enregistrée que par des sismographes ultrasensibles. Le séisme de plus grande magnitude connu au cours du XXe siècle est celui du Chili en 1960, de magnitude 9,5. C'est pourquoi on pense que la limite maximale devrait être autour de 10 mais cela ne signifie pas qu'elle ne puisse pas être dépassée.

La magnitude est une fonction logarithmique, c'est-à-dire que lorsque l'amplitude du mouvement varie d'un facteur 10, la magnitude change d'une unité. Par exemple, un séisme de magnitude 6 est dix fois plus fort qu'un séisme de magnitude 5 et cent fois plus fort qu'un séisme de magnitude 4.

Des dégâts inévitables

Bertrand Delouis : « Une réplique modérée mais intense... »

Pour Bertrand Delouis, « la destruction de bâtiments est inévitable lorsqu'un séisme se déclare à proximité d'une ville. On peut dire que les normes parasismiques en vigueur en Nouvelle-Zélande ont joué un rôle important pour limiter les dégâts. Par comparaison, en 2009, le tremblement de terre de magnitude similaire qui a touché L'Aquila en Italie, une ville historique, a endommagé entre 3 000 et 11 000 bâtiments et 65 000 personnes se sont retrouvées sans domicile ».

La Nouvelle-Zélande connaît des séismes à répétition, à tel point qu'elle est parfois surnommée Shaky Isles (Îles secouées). Pour Bertrand Delouis, ce dernier tremblement de terre dont le foyer est situé sur la même faille que le séisme de septembre pourrait être suivi d'autres répliques.

Paloma Bertrand le 24/02/2011