Gâchis alimentaire = un tiers de la production mondiale !

Un tiers de la production alimentaire mondiale est perdu chaque année. Dans un rapport publié le 11 septembre 2013, les Nations unies pointent les responsables et dressent un bilan écologique de ce gaspillage planétaire.

Par Paloma Bertrand, le 16/09/2013

Le constat est alarmant : selon le rapport de la FAO* publié ce 11 septembre, un tiers de la production alimentaire mondiale, soit 1600 milliards de tonnes par an, n’est ni consommé ni valorisé. Ce constat, déjà dressé en 2011 dans un précédent rapport, est assorti cette fois d’un bilan écologique. Le bilan carbone de ce gâchis atteindrait 3300 milliards de tonnes équivalent CO2, un volume considérable puisqu'à titre de comparaison, il occuperait le troisième rang mondial derrière les émissions totales des États-Unis et celles de la Chine. Le gaspillage d’eau est lui estimé à 250 km3, soit trois fois le volume du lac Léman. Et presque 30 % des terres cultivées dans le monde sont utilisées pour produire ces aliments qui finissent à la poubelle.

Un gaspillage qui s’étend à l’ensemble de la chaîne alimentaire

Cinquante-six pour cent des pertes sont enregistrées en amont, c'est-à-dire durant les phases de production, de récolte et de stockage. Le reste concerne les phases de transformation, de distribution et de consommation. Les pertes en amont sont majoritaires dans les pays en voie de développement, où nombre de denrées périssent faute d’infrastructures de stockage et de transport, sous des climats souvent défavorables à la conservation des aliments. Dans les pays à niveaux de revenus élevés ou moyens, la FAO pointe du doigt la responsabilité des consommateurs qui planifient mal leurs achats et des commerçants qui se débarrassent trop facilement de denrées comestibles.

Au-delà de ces tendances planétaires, la FAO distingue plusieurs « points chauds » de gaspillage alimentaire et écologique : les pertes céréalières avec la culture emblématique du riz en Asie (grande consommation en eau et fortes émissions de méthane), le gâchis de viande dans les pays à revenus élevés et en Amérique latine (même si ces pertes sont assez faibles, leur impact écologique est important), le gaspillage de fruits (très consommateurs en eau) en Asie, en Amérique latine et en Europe, et de légumes dans les régions industrialisées d’Europe et d’Asie.

Très logiquement, la FAO recommande de mettre en adéquation production et consommation, de trouver des débouchés aux excédents et de recycler ce qui reste. Au-delà de ces généralités, la FAO publie, en complément de son rapport, un guide foisonnant d’initiatives locales intéressantes de « chasse au gaspi ».

S’attaquer au gaspillage alimentaire est une priorité pour relever le défi alimentaire mondial : nourrir aujourd’hui 870 millions de personnes sous-alimentées et 9 milliards d’humains en 2050**. 

* FAO : (Food and agriculture organization) : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
** Selon la FAO, c’est de 60 % que devra augmenter la production alimentaire pour nourrir, en 2050, 9 milliards d’humains.

Paloma Bertrand le 16/09/2013