30 600 000. Soit plus de 30 millions, c’est le nombre de « réponses » dans google.fr sur « Leonardo da Vinci ». Le nom francisé « Léonard de Vinci » en ramène 870 000.
Et le seul « Vinci » en rassemble plus de 100 millions ! A titre de comparaison (!), l’autre Leonardo, plus contemporain n’est « qu’à » 3 millions de résultats !! La requête Vinci + machines, similaire en français et en anglais, ramène plus de 5 700 000 références !
L’exercice, pour anecdotique qu’il puisse paraître est assez divertissant, et a l’intérêt d’évaluer la popularité de Léonard de Vinci et des références au personnage. 

Petit tour de web

Parmi cette multitude de sites, distinguons les sites consacrés à Léonard de Vinci, sa vie, son œuvre. Se côtoient ainsi dans les pages de résultats tous les genres, les plus sérieux, soucieux de l’interprétation historique, et ceux plus attirés par ce que le mythe Léonard de Vinci charrie de mystères, version « côté obscur de la force », voire délirants. Ce terrain-là était déjà bien investi, mais la parution en 2003 du roman de Dan Brown, Da Vinci Code, a démultiplié le nombre de sites consacrés aux rapports de Léonard de Vinci aux sociétés secrètes ou activités obscures, puisant pour cela dans l’inépuisable catalogue de l’ésotérisme, de l’alchimie, de la Kabbale, de l’astrologie, des Templiers …le Grand Tout, et réciproquement, selon les principes de l’amalgame et de la confusion, et sans souci aucun d’exactitude et de réalisme puisque tel n’est pas le but.

 

Vinci sur le Web, c’est aussi les traces de l’adoption de son nom comme une référence, un parrainage, un talisman, un gage de notoriété, voire de légitimité. Presqu’en vrac : d’innombrables écoles, universités, programmes d’éducation ; une multinationale de constructions et de services, dont la référence à l’architecte ingénieur s’est diluée dans les fusions d’entreprises : BTP, autoroutes, télépéage, énergie ; et puis des rues, des musées, des hôtels, des restaurants, des parcs, des agences de communication, des sociétés immobilières, des pôles santé, des maisons de retraite, un samu social… Et encore des regroupements de viticulteurs, des groupes musicaux, des prix, des variétés de roses, des bières artisanales, tous sous l’égide de Léonard… Mais à notre connaissance, pas de raton-laveur...

 

A l’emprunt du nom, il faut bien sûr ajouter les divers emprunts à l’œuvre : l’homme de Vitruve, un des plus célèbres dessins de Léonard de Vinci, a longtemps été le logo d’une célèbre société d’intérim. Les usages, commerces et détournements sont foisons, La Joconde détenant la palme du phénomène de fructification puisque ses multiples avatars donnent lieux à leur tour à de nouveaux usages, objets publications, commentaires... Tout comme, dans une moindre mesure, d’autres peintures, comme la Cène, les dessins de machines et d’anatomie….

Côté commerce, les affaires vont bon train

Editions, produits dérivés, posters, puzzles, maquettes, figurines, peluches, jeux et jouets, accessoires, collections de toutes sortes... Une interrogation ciblée des grands sites marchands donne un aperçu assez réjouissant de la Vincimania, même s’il n’est pas toujours facile d’établir le rapport direct avec l’homme de la Renaissance. On pourra en revanche passer un très bon moment, et acquérir quelques curiosités léonardesques pour une somme modeste, comme par exemple sur le site ebay.com


Le panorama ne serait pas complet sans un tour des déclinaisons culturelles autour de Léonard de Vinci. L’interrogation d’Electre, la base de données des éditeurs de livres francophones affiche 550 résultats de livres parus entre 1926 et 2013 ! Livres imprimés et électroniques, à paraître, disponibles, épuisés, essais, documentaires, fictions, poches, beaux-livres, bandes dessinées, catalogues d’expositions… 25 documents pour les 6 premiers mois de 2013, 41 pour 2012 dont la moitié de fiction. C’est le même nombre que pour Diderot, pourtant célébré en 2013, et le même que pour Einstein, avec seulement 5 fictions pour le physicien.


Les catalogues de la Bibliothèque nationale de France, de la Phonothèque nationale de l’Institut national de l’audiovisuel, nous montrent que Vinci a inspiré les musiciens, les compositeurs, les graveurs d’estampes, les fondeurs de médailles, les scénaristes, les réalisateurs, les feuilletonistes, les graphistes, les affichistes…

Vinci à l’affiche

Inutile de pousser plus loin la démonstration : l’intérêt pour Léonard de Vinci, sa pensée, son œuvre est constant. C’est ce dont témoigne aussi la régularité des expositions qui lui sont consacrées : les dernières en date : en 2011, la National Gallery de Londres, en 2012, l’exposition consacrée au tableau « La Sainte Anne » au Musée du Louvre, « Projets, dessins, machines » à la Cité des sciences et de l'industrie, en 2013 : « Da Vinci the Genius » à Bruxelles, «Le macchine di Leonardo » à Rome, « Leonardo3 – Il Mondo di Leonardo » à Milan. A Nancy « Une idée, mille machines, de Léonard de Vinci à Jean Errard », à Tokyo, « Leonardo da Vinci: Portrait of a Genius ». A venir en 2014 le « Leonardo da Vinci : Machines in Motion Tour » aux Etats-Unis. On peut s’attendre à une apothéose pour 2019 : on commémorera alors les 500 ans de la disparition d’un homme qui n’a jamais été aussi présent.

Sources

Sur Google : « Leonardo da Vinci » , « Léonard de Vinci » , Vinci, Vinci machines, dans les catégories Web, Images, Maps, Shopping, Discussions, Blogs, Applications…
Sur les sites ebay.com, ebay.fr, priceminister.com, Dailymotion...
Et les bases de données Electre, Bibliothèque nationale de France, Inathèque…