Transcription de la table ronde : En quoi la culture digitale peut-elle favoriser l'insertion professionnelle des jeunes Neets ?


Intervention de Sophie VIGIER, directrice de la Web@cadémie

La Web@cadémie propose une formation gratuite à des jeunes filles et  des jeunes garçons déscolarisés, passionnés par l'informatique, qui ont entre 18 et 25 ans et qui ne trouvent pas ou plus leur place dans le système scolaire traditionnel, qui ont "décrochés" avant le baccalauréat.


question : qu'est-ce qui a motivé la création de cette web@cadémie ?

(La Web@cadémie) c'est une école qui a été pionnière dans son genre puisque c'était la première fois qu'on offrait la possibilité à des jeunes qui n'ont pas le baccalauréat, sortis du système scolaire, de pouvoir accéder à une formation supérieure en informatique.
C'était partie d'un double constat :
le premier que vous connaissez tous puisqu'il a été évoqué tout à l'heure, on a plein de jeunes qui sortent du circuit scolaire chaque année :( )et ce sont  souvent des jeunes, pour les côtoyer tous les jours, qui sont brisés, ont perdu espoir en l'avenir.
De l'autre côté, on se plaint, il y a un rapport qui a été rendu au gouvernement il y a déjà quelques années qui indiquent qu'on a une pénurie de développeurs web. Là pareil on a des chiffres complètement hallucinants ( mais) Il est évident qu'il manque des développeurs web ()on sait pas exactement combien il va en manquer mais le numérique ou le digital, peu importe…, s'insère dans tout, tout devient digital de toute façon, même les interfaces que vous allez avoir avec les objets doivent être développés dans des langages de type web. Donc il manque énormément de développeurs web, ce qui était complètement dommage, c'est de laisser de côté toute une partie de la population qui a tout à fait la possibilité d'accéder à ces emplois, qui sont en plus des emplois d'avenir, avec des merveilleuses carrières, de merveilleuses opportunités. ça c'est le constat de base.

D’autre part il y a deux associations qui sont l'association ZUPdeCO dirigé par François-Afif Benthanane. qui lutte contre le décrochage scolaire par un système de tutorat. et, l'école EPITECH, une école qui a une pédagogie très particulière, qui est éprouvée depuis plus de 15 ans, héritée d'abord de l'école d'ingénieur EPITHA, et qui est une pédagogie innovante, qui est dite pédagogie par projet : c'est à dire que vous n'êtes plus du tout dans le cadre habituel avec un professeur qui va vous expliquer, vous transmettre son savoir.  
par ce double constat il était évident qu'il fallait créer une interface qui permettrait à ces jeunes de pouvoir accéder à ces emplois. (Ainsi la webacadémie a été créée en 2010,)  il était évident aussi qu'il fallait que ce soit une formation gratuite pour ces jeunes. Il y a eu une première promotion pilote et cela a été une réussite. au bout de 2 ans il y a eu 12 jeunes qui ont été certifiés qui ont été soit en emploi, soit, , qui ont pu rejoindre une autre école du groupe IONIS l'école l'ETNA et qui ont donc continué en alternance pour obtenir un master 2. ce sont des jeunes qui parfois sont sortis en troisième et qui se retrouvent avec un master 2. on a un énorme taux de réussite, 'on a eu 101 certifiés depuis 2010, Ce taux de réussite, il est dû à trois éléments : la durée de la formation, les modalités de la formation et le cadre.
- La durée : c'est une formation qui dure 2 ans, c'est à dire que, quand vous partez sur une population de décrocheurs scolaires, vous êtes obligé de prendre du temps pour les reformer, pour leur redonner confiance dans les institutions parce que souvent ils ont quand même été écartés de la société (un moment ils sont là à se dire la société est pourrie moi je vais pas... ou bien ils se sentent pourris eux mais  tous les cas c'est une blessure. Pour ça il faut prendre du temps. Par ailleurs le métier de développeur web, c'est un métier compliqué, difficile, ça ne s'apprend pas comme ça en quelques mois si facilement. c'est vraiment un métier qui prend du temps pour le comprendre, ça c'est la durée.
- Les modalités : c'est un an intensif et un an en contrat de professionnalisation, ça aussi c'est très important pour ces jeunes là,. Pourquoi ? parce que, même au bout d'un an, ils n’ont pas toujours suffisamment confiance en eux pour se dire : allez hop j'y vais et je vais prendre un cdi, c'est pas si évident que ça. Par ailleurs, les entreprises, il y a énormément de stéréotypes qui restent quand un jeune n'a pas le bac, c'est qu'il doit être gogol visiblement, ça doit être ça, ils n'ont pas conscience qu'il y a plein de choses, des événements qui arrivent à ces jeunes qui font qu'ils se retrouvent déscolarisés et certainement pas parce qu'ils sont des abrutis. Mais il y a beaucoup d'entreprises, de chefs d'entreprises qui ont encore un peu des images faussées sur ces jeunes là. Donc cette période de un an en contrat de professionnalisation, elle est vachement importante parce qu'elle permet à ces jeunes de reprendre confiance et aux entreprises de s'apercevoir qu'ils sont efficients, efficaces, qu'ils apportent énormément de richesses à l'entreprise. Après ça, c'est génial, ils peuvent partir et puis là ils ont des opportunités, ça c'est hallucinant le passage entre avant et après, c'est absolument merveilleux.
3 : le cadre : chez Epitech, ça fait quinze ans qu'ils mettent en place une pédagogie qu'ils connaissent, qu'ils ont épouvé et cette pédagogie, elle est hyper efficace sur ces jeunes qui justement n'ont pas aimé ou en tout cas sont sortis de la scolarité, c'est une  pédagogie où  l'apprenant est en centre du dispositif, vous n'avez pas quelqu'un qui va vous apprendre, vous n'êtes pas passif, c'est en faisant que vous allez apprendre. en plus vous avez énormément de travail de groupe.par ailleurs Epitech est une école connu et reconnu en France, et même à l'étranger, comme l'école de l'expertise informatique. alors évidemment quand vous arrivez dans une entreprise et que vous avez un certificat intégrateur web Epitech, ça permet aussi d'aider et d'accompagner au mieux. cette école a donné naissance à plein d'autres écoles, derrière il y a un grand mouvement qui est la grande école du numérique. Alors en général, c'est à ça qu'on voit que les innovations fonctionnent, c'est quand derrière, ça fait des émules et que ça peut créer un mouvement plus important.