Synthèse de la journée professionnelle " En quoi la culture digitale peut-elle favoriser l’insertion de jeunes décrocheurs ?" 

Il s’agit maintenant pour les professionnels de s’approprier les nouveaux outils d’accompagnement. « Une démarche encore difficile et une transition maintenant incontournable pour maintenir un suivi et éviter de perdre le contact avec les jeunes », souligne Laurent Gaillourdet, directeur de Convergences 93 (qui regroupe 10 missions locales)

Partant des besoins réels des jeunes et des professionnels de l'accompagnement, Cli'n'Job propose une plateforme ludique, individualisée, autonome et efficace. Le postulat initial du projet est que les pratiques numériques courantes de tout utilisateur, peuvent être " montées en compétences et transférées " pour trouver un emploi. Un projet co-créer avec des jeunes et des professionnels de missions locales.

Disposer d’une culture digitale est aussi le postulat sur lequel reposent les formations proposées par les écoles Web@cadémie, Simplon.Co (dispositif Capprio) et WebForce3. Elles considèrent en plus que le secteur du numérique est porteur d’emploi. Ce que les professionnels de l’insertion et les jeunes ignorent encore. Ces écoles témoignent, que les jeunes en difficultés d’insertion peuvent y prendre une place et qu’il est possible de former à certains métiers techniques du numérique, des jeunes qui ont décroché, même tôt dans leur scolarité. Pour autant que la formation soit courte, intense, individualisée offrant un travail collaboratif et la présence d’un référent.

Le dispositif expérimental espagnol Mobiliza’t Mobile confirme cette nécessité d’un accompagnement individualisé, soutenu par un référent et mené en coopération avec des entreprises. Ce dispositif montre aussi que l’insertion professionnelle avec des outils numériques et à destination d’insertion dans le secteur numérique prend du temps. En moyenne, environ, un an et demi après le parcours d’accompagnement. Ce qui semble long pour des jeunes qui recherchent un travail au plus vite.

 

Les outils connectés et la force des réseaux permettent aujourd’hui l’émergence de projets de coopération et d’échanges en faveur de l’emploi

En Italie, l’expérience Social Hub Genova, rend compte du fait qu’il est possible de créer des emplois pour des personnes défavorisées répondant à des services pour des collectivités publiques. Notamment, grâce à la participation active et en réseau d’une population « partie prenante du projet ».

Le réseau est une force active qui permet de faire évoluer notre rapport au temps et à l’espace ; deux notions essentielles pour l’insertion. Les jeunes qui décrochent, quelques en soient les raisons et le moment du décrochage, signalent par leur abandon une incompréhension de ce qui leur est proposé.

Benjamin Chaminade, expert en générations X et Y, conforte cette idée que les jeunes, ont besoin d’aide pour réaliser une démarche outillée et structurée qui les aidera à obtenir un emploi. Pour ce faire, les solutions numériques, doivent répondre à un véritable besoin et à une adhésion des publics cibles.

Rafael Ricardou, coordinateur de l’antenne Francilienne GRDR et grand témoin de ce séminaire, rappelle que la fracture numérique touche les jeunes, notamment pour des raisons économiques. « Tous ne disposent donc pas d’habilités numériques ». Faire le postulat du contraire, pourrait renforcer l’exclusion sociale.

L’immédiateté de l’information et la disparition des frontières territoriales entrainées par les outils numériques sont des enjeux, qui méritent réflexion dans les démarches d’accompagnement, d’orientation et d’insertion. Pour les professionnels, le temps et l’espace représentent à la fois un atout mais aussi un frein.

La bonne pratique, soufflée par le bon sens, étant de rester souple et cohérent en fonction du jeune et du type d’aide que l’on souhaite lui apporter. Car « Le numérique ne fait pas tout, c’est un outil multicanal qui ne remplace pas les moments in situ de face à face avec les jeunes », nous éclaire Damien Roucou, enseignant et dirigeant de ERDENET.

 

Les réactions de participants au séminaire


Agnès Dybowski,
chargée du développement des filières d’activités pour 11 Missions Locales du Val de Marne :
il est encourageant de constater que les initiatives qui concernent l’insertion professionnelle des jeunes, vers le numérique et à travers l’utilisation du numérique, sont nombreuses. Mais elle déplore que les professionnels n’en soient pas suffisamment informés. En Mission Locale, l’enjeu du numérique est récent et dépend de la formation des professionnels, encore insuffisante..
Par ailleurs, elle aurait apprécié entendre les chefs d’entreprises dans ce type de débat. Ne serait-ce que pour s’assurer de leur adhésion à ces démarches. « Toutes les initiatives et les projets d’insertion n’auront de sens que si les entreprises participent et sont parties prenantes. »
Ce genre de rencontre est positive pour les acteurs sociaux, car c’est l’occasion de nouer des partenariats à venir.


Louise Thomas, responsable du Pôle Jeunesse d’une commune en Ile de France :
Ce séminaire met en évidence le besoin de cohérence entre les différents dispositifs. La piste de la sensibilisation des jeunes, qui décrochent dès la quatrième, aux métiers du numérique est à suivre.
Par ailleurs, le Pôle Jeunesse aurait besoin, dans le cadre de sa mission d’orientation, de bénéficier d’un réseau d’information complet sur les dispositifs et les outils numériques de suivi. Même si la présence physique auprès des jeunes reste essentielle.


Damien Roucou enseignant et dirigeant de ERDENET :
Dans la démarche de raccrochage d’apprentis, le digital ne remplace pas les moments in situ de face à face avec les jeunes.
ERDENET propose des contenus et des services dans le cadre de l’accompagnement scolaire, la communication scientifique et le développement de projets multimédias basés sur l’interaction enseignant-apprenant.
ERDENET a développé deux applications numériques, l’une qui propose des parcours de remédiation pour les jeunes décrocheurs et un autre dispositif de « e-occlusion » qui permet à ces jeunes de trouver un emploi. » La demande de clarification et de sensibilisation s’est étendue aux parents de ces jeunes. Pour plus d’information, voir le site erdenet.fr/site/qui-sommes-nous/projets/