Nostalgie. La semaine dernière, un après-midi fut consacré au nettoyage du cagibi. Vous savez, cet étrange endroit où les choses s’entassent malgré vous, ou la poussière recouvre les chaussures que l’on ne mettra plus, mais que l’on garde parce que bon, on ne sait jamais. De temps en temps, il faut faire le vide dans ce bazar. Et entre deux cartons de paperasse, un boîtier noir émerge. De son design « so 90’s », et de son logo « 16 bits » en lettres dorées, émanent les effluves d’une splendeur passée. Ma bonne vieille Megadrive !

Je montre la bête à ma fille, qui farfouillait dans les cartons à la recherche d’un éventuel trésor. « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». C’est la Megadrive, claironne la nostalgie dans ma voix ! Merveille de console de chez Sega, elle est toute ma jeunesse. Je n’ai jamais vraiment pu m’en séparer ; il y eu bien entendu tout un défilé de remplaçantes au fur et à mesure des années, mais la Megadrive a toujours eu une valeur particulière dans mon cœur de joueur invétéré. Tiens, et si on la rebranchait ? C’est l’occasion de partager un peu de ma jeunesse avec ma princesse de 9 ans. « Ou est-ce que l’on met le CD du jeu ? » Ah la jeunesse, ignorante de ces cartouches sur lesquelles on soufflait inutilement pour les faire fonctionner. « Et les grosses manettes sont bizarres, y’a pas de stick, comment on avance ? » Arf ! Sauf que voilà, brancher en péritel une bécane basse résolution sur une télévision moderne, tellement HD que tu en pleures, ce n’est pas rendre hommage à feu Maître Sega et ça pique les yeux.

Quand même, je me serais bien refait une petite partie de Street of rage 2… Tant pis. « Quand même, j’aurais bien aimé essayer Sonic, ça a l’air rigolo ». Bon, ben peut-être que ce weekend, on y jouera ; après tout, beaucoup de ces vieux jeux sont ressortis en dématérialisé sur différents supports. La prochaine session de jeu avec ma fille sera donc dédiée aux jeux de ma jeunesse, comme une passation culturelle. Il faut maintenant trouver le bon.

J’aurais pu télécharger un vieux Sonic ou un Ecco the Dolphin que l’on peut trouver sur les marketplace, notamment celui de la Xbox 360. Mais une rapide recherche a révélé une pépite : Sega Megadrive Ultimate Collection (que l’on appellera SMUC pour gagner du temps), une compilation de certains des plus gros titres de la console plus forte que toi. Sur la même galette, une grosse quarantaine de jeux pour pas cher, vu que l’on trouve cette « ultime collection » très facilement d’occasion. Alors bien sûr, c’est classé PEGI 12 ; il y a des jeux auxquels je jouerais seul : pas question de dégommer des monstres moches dans Alien Storm avec ma fille. Même si le titre a terriblement vieilli et que les aliens verts sont ultra-kitchs, on va quand même éviter aux cauchemars la tentation de venir troubler les nuits de ma princesse : j’aimerai bien dormir.

On s’installe, et on lance le jeu. Déjà, le choix est large, même si j’aurais bien aimé retrouver un petit Gunstar Heroes, mais bon. SMUC propose quelques filtres pour « améliorer » l’image de ces vieux titres sur écran HD ; aucun n’est pleinement satisfaisant, mais on fera avec. Alors voyons… Flicky, un jeu avec des poussins : « C’est moche et difficile, on peut essayer autre chose ? ». Okay, alors essayons Kid Chameleon, un classique du genre plates-formes : « Ben ce n’est pas très beau quand même, et puis celui-ci aussi est difficile ! ». Bon, dans ce cas, le fameux Sonic. On va commencer directement par le deuxième épisode : « Ah mais ça va vite ! ». Oui chérie, Maître Sega est toujours plus fort que toi ! Mais on sent poindre la déception. Avec Ristar, c’est mieux : le jeu nécessite un peu de doigté, mais le rythme est plus lent. Et puis, cette petite étoile avec des bras et des jambes, c’est choupi. Cependant, mademoiselle se lasse rapidement. Alors je joue mon va-tout. Le truc qui fait chavirer toutes les petites filles, le classique que l’on met en scène sur des posters roses et violets ou dans des boules à neige, l’un des poids lourds de la catégorie « mignon », celui avec qui on voudrait nager : je dégaine le dauphin. « Le dauphin s’appelle Ecco ? C’est chouette, je le fais nager, et regarde, on peut lui faire faire des acrobaties ! » Une demi-heure de saltos au-dessus de la mer plus tard, je dis à ma fille qu’en fait, comme dans tout bon jeu, il y a une quête. Sauf que celle-ci est un peu absconse quand on a neuf ans, et qu’en plus, c’est tout en anglais. Comme quoi, être près de son enfant quand il joue, cela a son utilité. Mais la belle préfère faire des saltos.

L’après-midi passe, la déception pointe le bout de son petit nez. Déjà, on n’a pas vraiment pu jouer à deux ; les titres le permettant sont bien présents, mais ils sont plutôt destinés à des joueurs un poil plus âgés : pas question de mettre des déculottés aux loubards dans Street of Rage avec ma fille, par exemple. Il y a bien Columns, mais euh… bon, un Tetris-like n’est pas LE Tetris. « Bon c’était quand même rigolo de voir tes vieux jeux de quand tu étais petit… ». Ah bah au moins, on a passé un moment ensemble, c’est déjà ça. « … Mais quand même, vous n’aviez pas de chance, les jeux d’avant ils étaient moches et difficiles. Je comprends que tu aimes bien jouer aux jeux de maintenant qui sont plus beaux, tu devais être triste quand tu jouais ». Et là, la perplexité m’étreint.

Bon, ce ne fut pas un franc succès. Tant pis, je vais pouvoir profiter de ma madeleine de Proust virtuelle en solo ; Shining Force 2, Shinobi 3 sont sur la galette parmi d’autres pépites. Et il y a d’autres titres à débloquer. Saint-Georges, il y a Zaxxon. ZAXXON, QUOI !

Moralité : comme dit ma fille, les jeux de vieux, c’est plutôt pour les vieux. Sega Megadrive Ultimate Collection est une excellente compilation qui fait plaisir aux vieux joueurs ; mais le petit arrière-goût poussiéreux des titres qui la compose est forcément un poil trop prononcé pour le palais sensible des petits. Pas assez de clinquant, j’imagine.  On fera mieux la prochaine fois.

Sega Megadrive Ultimate Collection

Plate-forme : Xbox 360, PS3

Genre : compilation retrogaming

Date de sortie : 20 février 2009

Editeur : Sega

Développeur : Backbone Entertainment

Version française : textes des menus seulement