« Papa, j’aimerais bien un costume de ninja pour mon anniversaire ! » Ouais, une panoplie à l’ancienne, quoi : costume kitsch en nylon moche,  taille unique qui ne va à personne et épée en plastoc. Ah, mais c’est ça d’envoyer son petit bout de 7 ans fêter l’anniversaire de son copain de classe : ça donne des idées, tous ces cadeaux à déballer. En même temps, je préfère les envies de ninja, que les velléités à vouloir fêter son jour de naissance chez un certain clown qui fait des hamburgers.

En même temps, je comprends la chose : les ninjas sont cools. Ils ont de chouettes épées, ils sont furtifs, ils font des arts martiaux et savent lancer tout un arsenal d’objets pointus avec une dextérité incroyable. Enfin, ça, c’est dans les films. Ceci dit, quand j’étais gosse, j’ai passé un temps fou sur les bouquins de la Voie du Tigre, cette série issue des « Livres dont vous êtes le héros ». Enfin voilà, après l’incontournable période « dinosaures », voici venir l’ère des ninjas à la maison. Fatalement, la question finit par être posée : « Et si on jouait à un jeu vidéo de ninja ce weekend ? » Bonne idée mon loulou, un peu d’action est toujours bienvenue. Sauf que généralement, les ninjas mis en scène dans les jeux sont souvent… Comment dire ? « Violents » n’est pas le terme approprié ; le héros de la série Ninja Gaiden ferait passer n’importe quel équarisseur de la Villette, période bouchère, pour le plus doux des BisounoursTM, par exemple. Dégoter un jeu mettant en scène un ninja qui ne démembre pas ses adversaires relève a priori de la gageure. Mais bon, quand on est papa, le challenge fait partie du quotidien.

Et curieusement, trouver le bon jeu ne s’est pas révélé être si compliqué. Bien sûr, j’aurais pu tricher en dégotant un Fruit Ninja sur mon smartphone ; mais ça, c’est un jeu pour le métro, pas pour le weekend à la maison. Il y avait aussi des jeux estampillés Tortues NinjaTM, mais catégorisés PEGI 12, donc pas adaptés. Et puis, il y a Mini Ninjas. De prime abord, l’adjectif « mini » n’était pas engageant. Nous n’aimons pas les « mini » jeux, à la maison ; on veut du jeu vidéo, du vrai ; mais bon, un jeu avec des ninjas classé PEGI 7, ça ne se refuse pas. En plus, on le trouve facilement pour pas très cher, aussi bien en version physique qu’en dématérialisé et ce, sur presque toutes les plateformes. Le pitch : le grand méchant du jeu (il en faut toujours un) enlève tous les gentils animaux pour les transformer en méchants samouraïs, afin de créer une grande armée maléfique. Les gentils ninjas en culottes courtes se font tous capturer par les méchants. Tous ? Non : Hiro, le personnage que l’on va incarner, est celui qui partira sauver ses amis et les gentils animaux, et tentera de défaire le méchant. Aïe, le scénario s’annonce méchamment bateau et un poil trop sucré, quand même. Le doute m’étreint : vais-je décevoir ?

Premier essai seul le vendredi soir, histoire de vérifier que le jeu est bien adapté à mon loulou et qu’il n’est pas trop mauvais. Surprise, c’est plutôt bien réalisé. Le parti pris graphique, assez minimaliste au premier abord, est en fait totalement en adéquation avec l’ambiance choupinette du jeu. Des personnages mignons, de jolies couleurs pastels, une bande-son correcte : le premier contact est finalement encourageant. J’avance un peu dans le jeu, et constate que Hiro répond parfaitement à la moindre sollicitation. Mini Ninjas propose une petite aventure sympa ou l’on alterne les combats avec les méchants samouraïs, un peu d’exploration, un peu de plateforme… En somme, c’est plutôt varié. Par contre, plus j’avance et plus je constate que les possibilités offertes sont nombreuses : Hiro peut combattre, utiliser des objets (bombes, potions, etc…), faire de la magie et d’autres choses. De plus, au fur et à mesure que l’on délivre ses copains ninjas, ces derniers deviennent jouables : on peut ainsi switcher entre les différents personnages à notre disposition et leurs compétences particulières. C’est vraiment sympa, mais du coup, cela complexifie le gameplay : qui dit beaucoup de possibilités, dit nombreuses commandes et gestion des objets/magie dans les menus. Cela ne risque-t-il pas d’être un peu complexe pour mon loulou de 7 ans ?

Verdict le lendemain après-midi. « Oh, un jeu avec des ninjas ? C’est trop coooool ! » Bon, si le jeu ne plaît pas, j’aurais au moins la satisfaction d’avoir eu ces trente secondes ou le regard de mon fils s’est éclairé à l’idée de pouvoir incarner le héros du moment. « C’est joli, on dirait des couleurs de dessin animé ! » Papa : one point ; merci les graphismes choupinets. Du coup, mon loulou emballé n’attend pas que je lui fasse l’habituelle démonstration de « comment-ça-marche-les-boutons-de-ce-ce-jeu-? » : il m’arrache la manette des mains et commence sa partie. Les premières minutes se passent pour le mieux ; mon loulou enthousiaste progresse rapidement et découvre les enjeux de l’histoire. Il y a des copains ninjas et des animaux à délivrer, et un méchant à destituer : de la motivation en barre pour un gamin de 7 ans ! Mais très vite, mon loulou devient assez silencieux. Que se passe-t-il ? Mini Ninjas serait-il comme le soufflé au fromage de Tata Gervaise, celui qui retombe trop vite ? « Chut papa ! Il faut que je me concentre, c’est vraiment compliqué comme jeu ! » Ah bon ? « Ben oui, regarde, il faut appuyer ici pour choisir sa magie, et après il faut appuyer là mais en restant appuyé pour la lancer, et en même temps il faut viser, c’est dur quand même ! » Comme je le soupçonnais, les nombreuses actions que Hiro peut accomplir font que mon loulou doit souvent s’arrêter pour réfléchir son approche ; il y a beaucoup de chose à gérer. Heureusement, papa est là pour retenir toutes les combinaisons de commandes, et les souffler à mon apprenti gamer. Le rôle est ingrat ; car le jeu est quand même bien sympathique, même quand on a plus de 7 ans, et j’aimerais bien accompagner mon loulou. Mais le jeu se joue seul, et comme le loulou est bien investi, papa doit se contenter du rôle de spectateur. Dommage, mais je me rattraperai en semaine, quand tout le monde sera couché.

L’après-midi avance, et mon loulou arrive face au premier boss. « Oh non, ça va être super dur ; papa tu peux le battre s’il te plaît ? ». Ha ha, mon heure est finalement venu. Je vais pouvoir montrer toute l’étendue de… Ah bah non, en fait, le dit boss est assez simple à passer, une fois que l’on a compris ce qu’il faut faire. Trop fastoche, allais-je dire ; mais je suis coupé dans mon élan par un « Wouah, super, t’es fort mon papa ! ». Moralité : face à ses enfants, toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche ; on ne sait jamais quand ils vont vous donner un bon point.

Vient l’heure où le cours de la vie doit reprendre son rythme ; il est temps d’éteindre la console. Et alors, ce jeu de ninja choupinet ? « C’est un super jeu, c’est joli, le ninja a une épée et il peut utiliser plein d’objets, et le monde est grand, et en plus on peut aller à la pêche, et puis on délivre des pandas et des renards, et c’est cool quand on délivre les autres ninjas, ils peuvent nous aider. On continuera le jeu bientôt ? ». Bien sûr mon loulou, mais reprend ton souffle. Opération ninja réussie, donc ; maintenant, c’est l’heure du bain.


Monsieur Hice

Plate-forme : PC, Mac, PS3, X360, Wii, DS (version de test : X360)

Genre : action

Date de sortie : 9 octobre 2009

Editeur : Eidos Interactive

Développeur : Io Interactive

Evaluation PEGI : - 7 ans

Version française intégrale