« Les civilisations sont  potentiellement innombrables… et mortelles », Pierre Christin

Le point de vue d’Alain Musset, géographe

En parcourant l’espace et le temps, Valérian et Laureline découvrent de nombreuses civilisations qui sont une sorte de miroir déformant de notre monde et de notre époque. Tels les grands explorateurs des XVIIIe et XIXe siècles, ils observent avec acuité la culture et l’avancement des sociétés qu’ils visitent.

Chimériques, les civilisations de la saga, qui fluctuent entre anarchie, démocratie ou dictature, sont pourtant très réalistes dans leurs descriptions et rappellent des régimes actuels ou ayant existé dans notre histoire. De même, certains peuples, tels les Kamuniks ou les Blopikiens -  à l’apparence étrange de centaures - s’inspirent de notre culture et de nos légendes.

En évoquant des sociétés organisées selon des principes qui ont leur logique propre mais dont on peut retrouver les modèles dans notre présent ou dans notre passé, Jean-Claude Mézières et Pierre Christin nous rappellent que, comme le disait Paul Valéry après la Première Guerre mondiale, « nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».

Le géographe Alain Musset pose son regard affuté sur les civilisations de la saga. Il pointe ainsi le poids des religions qui écrasent l’individu, le sexisme des peuples de l’espace et la fragilité de toutes les civilisations dont le futur inquiétant est illustré par des visions de ruines lointaines ou futures qui forment dans la bande dessinée des tableaux dignes d’Hubert Robert ou du Piranèse.