Mars 2017

Alors que l’Europe tente de réglementer les perturbateurs endocriniens (produits chimiques auxquels nous sommes exposés au quotidien et qui perturbent le système hormonal), une toute récente étude menée par le CNRS et le Museum national d’histoire naturelle confirme leurs effets très nocifs sur le développement du cerveau.

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont placé un cocktail de quinze produits chimiques dans l’eau où nagent des têtards de grenouilles. Ils ont ainsi observé que ce cocktail agit de manière nocive sur les hormones thyroïdiennes avec pour effet une perte de neurones chez les têtards et un changement de leur comportement, notamment de leur mobilité.

Ces résultats font dire aux chercheurs que ce cocktail agit aussi sur le cerveau humain car les hormones thyroïdiennes sont essentielles au développement de tout cerveau animal, qu’il s’agisse des têtards ou des êtres humains. Durant le développement du cerveau humain, le bon fonctionnement de ces hormones thyroïdiennes est essentiel pour que le cerveau de l’enfant ne soit pas endommagé. Lorsque les doses d’hormone thyroïdienne ne sont pas suffisantes durant les trois premiers mois de grossesse, l’enfant naîtra avec un faible quotient intellectuel (QI) et restera crétin au sens médical du terme.

Observés et dénoncés depuis les années 1970

Dans les années 1950, des expériences en laboratoires ont mis à jour l’action de certaines molécules chimiques sur les humains et sur les animaux dans les pays industrialisés. Ces expériences ont démontré une baisse de la fertilité masculine et une dégradation du système reproducteur de plusieurs espèces animales exposées à certaines substances chimiques.

On sait depuis les années 1990 que ces agents chimiques se trouvent partout autour de nous à des doses plus ou moins importantes. Depuis quelques années, plusieurs analyses de cheveux d’enfants, vivant à la campagne et en ville, ont révélé la présence de nombreuses substances chimiques, dont certaines interdites depuis quelques années, tant on connait leur nocivité.

Des analyses similaires viennent d’être reconduites avec les cheveux d’hommes et de femmes. Cet examen montre également que leurs cheveux contiennent entre 36 et 68 agents chimiques, qui mélangés, ont un impact dangereux sur notre santé. Ces mêmes produits chimiques se retrouvent aussi dans le liquide amniotique de toutes les femmes enceintes qui ont été testées. Le constat est sans appel : tous les fœtus humains sont exposés aux perturbateurs endocriniens avec les risques qu’ils font courir aux futurs enfants.

L’action des perturbateurs endocriniens sur le système hormonal

Le système hormonal (également appelé endocrinien) est composé de huit glandes, réparties à plusieurs endroits du corps humain, qui sécrètent des hormones. Parmi elles, tu connais certainement les ovaires et les testicules qui produisent les ovules et les spermatozoïdes essentiels à la reproduction. Tu as peut-être aussi entendu parler de la thyroïde, située à la base du cou, qui régule le poids, l’humeur, la sexualité ; ou encore du pancréas qui sécrète l’insuline, une hormone qui gère la quantité de sucre dans notre corps et nous évite le diabète, une maladie mortelle.

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des composés chimiques (définis dans les années 1990 par des chercheurs américains) susceptibles de dérègler le fonctionnement du système hormonal. Ils ont la capacité d’agir à de très faibles doses car le système hormonal (humain et animal) fonctionne lui-même à des doses extrêmement faibles d’hormones.

Une grande diversité de maladies et de troubles sont attribuables aux PE : diabète ; obésité ; autisme ; hyperactivité ; cancers des testicules, de la prostate, des seins qui ont parfois quintuplé au cours des 50 dernières années ; sans compter la qualité du sperme des hommes qui se dégrade et entraîne une baisse de leur fertilité.

Où les trouve-t-on ?

On les trouve dans les pesticides utilisés en agriculture intensive mais aussi pour le jardinage, dans certains plastiques comme le bisphénol A (déjà interdit en France dans la fabrication des biberons), les parabènes ou les phtalates, dans les cosmétiques, dans les vernis et peintures, dans les produits ménagers, dans les emballages et les conditionnements alimentaires (comme les revêtements intérieurs des boîtes de conserve), dans les imperméabilisants utilisés dans les textiles, dans les poêles téflon…

Ils sont donc si nombreux et présents dans tellement de domaines, qu’on les respire, qu’on les ingère et qu’on les touche quotidiennement. Aujourd’hui, 100% de la population a des traces détectables de PE. Certaines catégories de la population sont plus exposées, comme les agriculteurs en contact direct avec les pesticides. Nous qui mangeons des fruits et légumes le sommes moins, mais les études montrent que les hommes qui consomment le plus de fruits et légumes chargés en pesticides ont un sperme de moins bonne qualité.

Peut-on s’en protéger ?

Comme il y en a presque partout, il est très difficile d’y échapper, mais on peut prendre certaines précautions pour limiter notre exposition à ces produits chimiques. En voici quelques-unes :

  • Consommer des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique de préférence car les trois-quarts de l’exposition aux perturbateurs endocriniens se fait par l’alimentation ;
  • Laver abondamment les légumes et les fruits avant de les manger et ne pas hésiter à les faire tremper dans de l'eau contenant du vinaigre blanc ou du citron ;
  • Éviter les plats cuisinés qui contiennent beaucoup d’additifs et de conservateurs ;
  • Remplacer les emballages en plastique par des récipients en verre ou en céramique, surtout lorsqu’on les fait chauffer dans un four à micro-ondes ;
  • Être attentif à la composition des cosmétiques (crèmes, maquillage, vernis à ongles) qui contiennent beaucoup d’agents chimiques, et préférer les produits bio ;
  • Faire le ménage avec des produits non toxiques comme le vinaigre blanc, le citron, le bicarbonate de soude et le savon noir ;
  • Opter pour des meubles et des jouets en bois brut plutôt qu’en bois vernis ou en plastique ;
  • Choisir des peintures et des enduits naturels dans les pièces de la maison ;
  • Jardiner autrement, en faisant moins appel aux pesticides et aux engrais chimiques.

Bien sûr, la plupart de ces précautions dépend des adultes et non de toi, mais si tu leur en parles, que tu les incites à lire les étiquettes des produits, que tu leur montres l’exemple en réchauffant un plat dans une assiette et non pas dans son emballage en plastique, ils réfléchiront aux dangers de ces produits chimiques sur notre santé et prendront eux aussi de bonnes habitudes !

Pour aller plus loin…

Un article du Radis vert, rédigé à partir des sources suivantes :

Franceinter.fr ; lemonde.fr leparisien.fr ; ladepeche.fr ; passeportsante.net ; nouvelobs.com ; francetvinfo.fr