Novembre 2016

L’ampleur des dégâts infligés à la nature et à l’environnement s’accroît chaque année alors que nous connaissons notre responsabilité et continuons à vivre comme si de rien n’était. Le rapport « Planète vivante » que la Fondation WWF vient de publier pour l’année 2016 n’est pas vraiment réjouissant mais laisse espérer qu’il est encore temps d’inverser la tendance, à condition de changer nos modes de vie. Voyons ce que dit le rapport.

Chute vertigineuse de la biodiversité

Les rapports « Planète vivante » que la Fondation WWF divulgue tous les deux ans et qui dressent un état des lieux de la planète, reposent sur l’Indice Planète Vivante (IPV) qui mesure la biodiversité par la présence et le nombre de populations d’animaux vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens, reptiles) vivant dans le monde entier. Le rapport 2016 indique qu’en l’espace de 40 ans, ces populations de vertébrés ont été réduites de 58% ! Sans qu’aucun signe, hélas, ne laisse espérer un ralentissement de cette tendance.

Ce déclin des espèces a pour principales raisons :

  • la perte et la dégradation des milieux et de l’habitat que nous détruisons à coup d’agriculture intensive et chimique, de déforestation, d’exploitation forestière, d’extension des villes, de transports, d’aménagements pour la production d’énergie. Les animaux qui ont le plus souffert de cette perte d’habitat sont ceux vivant en eau douce ;
  • la chasse, le braconnage et la surpêche arrivent en seconde position et affectent aussi bien les espèces terrestres et marines ;
  • la pollution de l’environnement : marée noire, boues rouges, rejets chimiques dans les cours d’eau, épandages de pesticides dans les champs, etc ;
  • l’introduction d’espèces issues d’autres régions qui deviennent invasives et peuvent répandre des maladies ;
  • le réchauffement du climat qui oblige nombre d’espèces à se déplacer géographiquement pour retrouver les conditions nécessaires à leur survie.

Aujourd’hui, la pression humaine sur la nature est très forte et progresse constamment avec l’augmentation de la population et nos modes de production et de consommation qui n’ont guère évolué depuis les années 1970. Nous prélevons beaucoup plus de ressources que la planète peut nous donner et nous constatons chaque année que la nature est détruite plus vite qu’elle ne se régénère.

Impacts de l’activité humaine et empreinte écologique

La population mondiale est passée de 1,6 milliard d’habitants en 1900 à 7,3 milliards aujourd’hui. Cette augmentation fulgurante de la démographie génère automatiquement une pression plus forte sur la nature : pour nourrir plus de monde, on consomme davantage d’engrais chimiques et d’eau douce pour l’agriculture et l’élevage, on détruit davantage de forêts tropicales, on prélève davantage de poissons, on exploite beaucoup plus de minerais et d’énergies fossiles, on rejette beaucoup plus de dioxyde de carbone (CO2) responsable du réchauffement climatique…

Pourtant, la Terre n’est pas extensible, les ressources que l’on puise sont limitées et certaines comme l’air, l’eau, les sols ne peuvent pas se régénérer à la vitesse avec laquelle nous les prélevons. En revanche, nous continuons à consommer comme si tel était le cas, au risque de tout épuiser.

L’empreinte écologique mesure la pression que nous exerçons sur la Terre en fonction de la quantité de biens et de services que nous consommons, des ressources naturelles que nous exploitons et du CO2 que nous émettons. Cette empreinte varie en fonction de la richesse d’un pays, de ses habitants et de leur mode de vie.

Si tous les habitants de la Terre avaient le même mode de vie que ceux des quelques pays qui ont la plus forte empreinte écologique (États-Unis, Canada, Australie, Suède, Irlande, Belgique, Oman, Quatar, Émirats Arabes Unis) il faudrait six planètes pour répondre aux besoins de tous. Or, nous n’avons qu’une seule planète et nous devons partager les ressources entre nous tous. Il n’est pas juste que quelques pays très riches s’approprient les ressources de pays plus pauvres qui peinent déjà à satisfaire les besoins fondamentaux de leur population.

Les défis du 21e siècle pour l’humanité

Trop d’indicateurs sont au rouge et nous obligent à nous comporter autrement si nous voulons préserver la nature et offrir aux humains d'aujourd'hui et de demain une planète équitable - qui garantisse à tous un accès à l’eau potable, à l’alimentation, à l’énergie – et vivante, où la biodiversité est sauvegardée.

Pour parvenir à ce défi, le rapport « Planète vivante » propose des solutions de plus en plus partagées par le monde scientifique et les organisations qui œuvrent en faveur de la protection de l’environnement et d’une meilleure répartition des richesses :

  • préserver le capital naturel en restaurant des écosystèmes détériorés, en arrêtant de détruire des milieux naturels, en développant largement les zones protégées ;
  • produire mieux en prélevant moins de ressources, en diminuant les pollutions chimiques, en recyclant davantage, en réduisant les déchets, en gérant durablement les ressources, en choisissant les énergies renouvelables ;
  • consommer raisonnablement pour diminuer notre empreinte écologique et vivre plus sainement.

Mais pour que de telles mesures soient mises en œuvre, il faut les décider à l’échelle planétaire. Il s’agit ainsi d’instaurer une gouvernance mondiale pour veiller au partage des ressources disponibles, aller vers une écologie équitable et durable, bâtir un nouveau système économique qui pénalise les activités néfastes pour la planète et au contraire, soutient et valorise les actions au profit de la nature et d’un développement équitable et durable.

Le défi est immense, mais nous n’avons plus vraiment le choix si nous voulons vivre en paix, sur une planète qui continue à nous offrir les ressources essentielles à notre survie et notre bien-être et si nous voulons laisser aux futures générations une planète vivante et vivable.

Pour aller plus loin…

Un article du Radis vert, rédigé à partir du Rapport 2016 « Planète vivante » du WWF