Avril 2016

La loi française vient enfin d’interdire la distribution des sacs en plastique aux caisses de supermarché à partir du 1er juillet prochain ! Cette mesure attendue depuis longtemps reste cependant marginale comparée aux milliards d’objets jetables (mouchoirs en papier, piles électriques, rasoirs, stylos jetables, couches culottes, bouteilles en plastique, etc.) toujours autorisés à la vente. Réfléchissons ensemble à nos déchets qui infligent des blessures à la Terre et nous envahissent chaque jour un peu plus.

Des chiffres hallucinants

Chaque Français produit plus de 12 tonnes de déchets solides par an, directement avec les ordures ménagères, ou indirectement avec les résidus issus de l’industrie, du bâtiment et de l’agriculture.
Un milliard de tonnes de déchets ménagers sont produits chaque année dans le monde et ce n’est que la toute petite partie immergée de l’iceberg : on arrive à 15 milliards de tonnes par an si l’on compte tous les déchets de l’industrie, du bâtiment, de l’agriculture : déchets végétaux des cultures, excréments des animaux (une vache produit 30 kg de bouse par jour).

Aujourd’hui, la quantité de déchets que nous rejetons n’est pas normale. Notre société d’hyper consommation génère une société d’hyper déchets avec un maximum de composants électroniques (ordinateurs, téléphones, tablettes, consoles de jeux, etc.) aux durées de vie très courtes. Ces déchets sont le reflet de nos activités. Pourtant, imaginer que la nature va s’en occuper à notre place est un leurre et un danger pour toute l’humanité.

Les déchets des uns peuvent être les ressources des autres

Tout l’univers produit des déchets. Ces derniers sont au cœur des lois de la physique : qu’il s’agisse des êtres vivants, des étoiles, des tourbillons de chaleur d’une eau qui bout, tous sont des objets qui ne peuvent s’auto-organiser et se maintenir en vie que s’ils sont parcourus par des flux de matière et d’énergie avec des flux entrants (les ressources) et des flux sortants (les déchets).

Les étoiles produisent des déchets : rayonnement, lumière, chaleur en sont les témoins et autorisent la vie sur Terre ; l’oxygène est un déchet produit par l’activité des plantes qui rejettent de l’oxygène en excès dans leur organisme. Pour elles, c’est un déchet, pour nous c’est une ressource indispensable à la vie ; les organismes vivants produisent des déchets métaboliques en transformant la matière et l’énergie.

Dans la nature, surtout dans les forêts, on trouve aussi de gros mangeurs de déchets que sont micro-organismes (bactéries et archées) qui assurent la décomposition de certains matériaux ou substances biodégradables, ainsi que les champignons et des animaux invertébrés : vers de terre, insectes, cloportes…

Malheureusement, certains déchets mettent des centaines d’années, voire des milliers d’années avant d’être décomposés ou de subir l’érosion et l’oxydation naturelle. Cette usure est bien trop lente pour réparer les dégâts que nous infligeons à la Terre. Il nous revient donc de trouver des solutions adaptées.

Valoriser les déchets pour moins polluer et s’en servir comme nouvelles ressources

Partout dans le monde, des chercheurs travaillent sur la valorisation des déchets, notamment avec les biodéchets, c'est-à-dire les déchets issus des matières organiques (plantes, animaux), qu'il s’agit de transformer en produits réutilisables. Le principe consiste à faire travailler en laboratoire des microorganismes (bactéries, archées) et de les faire pousser sur les déchets pour produire des biomolécules. C’est en quelque sorte une chimie produite par le vivant. Les chercheurs espèrent pouvoir diminuer la  quantité de déchets dans l’environnement, de façon à moins polluer, moins gaspiller et réutiliser ce qui est possible de l’être.

On peut recycler ces biomolécules en énergies : on produit déjà du méthane (un gaz naturel) et du bioéthanol (un carburant pour les automobiles) ; la recherche avance sur les biomatériaux, c’est-à-dire des matériaux constitués de matières issues du vivant, comme le compost ou les bioplastiques, qui ont beaucoup moins d’impact sur l’environnement que ceux issus de la pétrochimie.

La recherche sur le traitement et le recyclage porte sur tous les types de déchets (papier, carton, métal, plastique), ce dernier étant l’une des matières qui menace le plus notre environnement puisque 10% finissent dans les océans, emportés par les cours d’eau : ces vortex qu’on appelle « continents de plastique » et dont on ignore les conséquences sur les écosystèmes marins.

Agissons avant de finir intoxiqués par nos propres déchets !

À l’instar des Indiens d'Amérique ou des Japonais, qui dans les siècles passés, prenaient grand soin de la nature, de la matière et des objets fabriqués par la main de l’homme, considérant que n’importe quel petit objet du quotidien avait de la valeur et ne pouvait être jeté si facilement, nous devons nous aussi prendre conscience de la valeur des choses que nous consommons, que nous utilisons, que nous jetons.

Aujourd’hui, la plupart des déchets sont enfouis ou incinérés. L’enfouissement nécessite des terrains toujours plus importants et salit la terre en profondeur pour des milliers d’années avant que ceux-ci ne soient  décomposés par l’érosion et/ou par l’oxydation.

Dans les années 1990-2000, l’incinération a été considérée comme une solution miracle : on allait récupérer de l’énergie en faisant brûler des déchets. Mais celle-ci n’a rien de miraculeux car elle génère beaucoup de pollution et de gaz à effet de serre qui augmente le réchauffement climatique.

La solution consiste donc d’une part à produire moins - et de façon plus durable - pour jeter moins. D’autre part, à transformer nos décharges en mines de matières pour que celles-ci soient recyclées, réutilisées et valorisées.

N’attendons plus et dès à présent :

  • changeons nos habitudes de consommation ;
  • faisons attention à ce que nous achetons ;
  • préférons les objets durables aux objets jetables ;
  • séparons-nous des objets en les triant pour mieux les recycler et leur donner une seconde vie ;
  • ayons toujours à l’esprit que la Terre n’est pas une poubelle et que la nature ne peut réparer indéfiniment les dégâts que nous lui causons.

Pour aller plus loin…

Un article du Radis vert, rédigé à partir des sources suivantes :

Notre-planete.info ; franceinter.fr ; francetvinfo.fr ; service-public.fr ; consoglobe.com ; planetoscope.com