Avril 2015

La découverte d’un gigantesque  fossile dans le nord du Portugal en mars 2014, vient enrichir les dinosaures d’une nouvelle espèce. Baptisé "Torvosaurus gurneyi" par les paléontologues, ce dinosaure serait peut-être le plus grand ayant vécu en Europe il y a 150 millions d’années. Les os fossilisés ont en effet une taille impressionnante : Torvosaurus gurneyi faisait 10 mètres de long pour un poids de 4 à 5 tonnes et un crâne mesurant à lui seul 1 mètre 15 cm !

Les dents d’un carnivore

Les dents acérées de ce dinosaure, longues de 10 cm, indiquent que l’animal était carnivore et devait être un redoutable prédateur, à l’instar du Tyrannosaure ou du Giganotosaure, apparus plus tard sur le continent américain, et mesurant plus de 12 mètres.

Ce grand dinosaure bipède, appartenant à la famille des théropodes, a d’abord été pris pour un Torvosaurus tanneri  :  une espèce vivant en Amérique du Nord. En étudiant les os de sa queue et sa dentition (qui comptait moins de 11 dents contrairement à son cousin d’Amérique), les chercheurs se sont aperçus qu’il s’agissait d’une autre espèce.

Comment sait-on qu’un dinosaure était herbivore ou carnivore ?

Les dinosaures herbivores se nourrissaient de plantes, de feuilles et  de bourgeons. Leurs dents, plutôt situées sur l’avant de la bouche étaient  plates comme nos incisives. Pour pouvoir attraper les feuilles des arbres, ces herbivores étaient souvent de grande taille, soutenus par quatre pattes très massives. Beaucoup étaient pourvus d’une petite tête fixée à un long cou et d’une grande queue servant à effrayer les prédateurs.

Fossile d’un Triceratops horridus (herbivore) du Museum des sciences naturelles de Houston, Etats-Unis © Christophe Hendrickx

Ces prédateurs, les dinosaures carnivores, se nourrissaient de viande, d’œufs, et d’autres dinosaures. Ils avaient de très longues dents pointues et tranchantes comme des lames de couteau. Leur tête était généralement grosse et contenait une mâchoire puissante. Très souvent bipèdes (se tenant sur deux pieds), ils utilisaient leurs pattes avant pourvues de griffes acérées pour capturer leurs proies.

Fossile d’un Acrocanthosaurus atokensis (carnivore) du Museum des sciences naturelles de Caroline du Nord, Etats-Unis © Christophe Hendrickx

Un ancêtre commun pour ces deux espèces de Torvosaurus

Les différences entre ces deux Torvosaurus attestent bien qu’on a affaire à deux espèces distinctes. Pourtant, les nombreuses ressemblances entre les fossiles européen et américain révèlent aussi que ces deux espèces avaient un ancêtre commun, et qu’elles ont hérité d’un grand nombre de caractères semblables.

Pendant longtemps, les naturalistes se sont demandés pourquoi des espèces vivant sur des continents séparés par d’immenses océans, pouvaient avoir des caractères si proches. Au début du 20e siècle, l’astronome et climatologue allemand Alfred Wegener proposa une théorie sur la dérive des continents.

En étudiant le tracé des cartes, il s’aperçut que la côte est de l’Amérique du Sud s’emboitait parfaitement avec la côte de l’Afrique occidentale. Il en conclut qu’un unique continent, appelé Pangée se serait fragmenté il y a 250 millions d’années, et qu’au cours de ces millions d’années, les masses continentales s’étaient déplacées comme des radeaux, jusqu’à dessiner notre monde actuel.

A l’époque très lointaine de Torvosaurus gurneyi,  les dinosaures occupaient un territoire plus resserré car les continents européen et américain n’étaient  pas encore totalement séparés par l’Océan Atlantique. Cette découverte très importante a permis de lever  un mystère et de comprendre pourquoi les fossiles « d’animaux cousins » peuvent se retrouver  si éloignés géographiquement.

Pour aller plus loin…

Un article du Radis Vert, rédigé à partir des sources suivantes :

lemonde.fr ;  futura-sciences ; wikipédia ; jurassic-world ; ulaval.ca ; universcience.tv