Le cheveu : objet de recherche chez L’Oréal

Si le désir de protéger, modifier, orner la chevelure et les cheveux est millénaire, les recherches sur le cheveu sont bien plus récentes. Chez L’Oréal, elles remontent à presque un siècle.
La création par Eugène Schueller, fondateur du Groupe, des premières teintures capillaires de synthèse (1907) et permanentes à froid (1945), signait déjà la culture de L’Oréal dans sa volonté de proposer des produits à la fois innovants, efficaces mais aussi d’une grande sûreté, pour le cheveu et le consommateur.
La logique incontournable qui veut que “l’on ne traite bien que ce que l’on connaît bien” est à la naissance du développement de travaux sur la fibre capillaire, puis sur les phénomènes biologiques qui gouvernent sa genèse.

La fibre

La fibre capillaire, de par sa structure biologiquement “morte”, a été soumise aux examens incessants des chimistes et physiciens.
Les chimistes étudient la composition intime du cheveu (protéines, lipides, pigments mélaniques...). Leurs études ont permis :
- d’appréhender les mécanismes de sa déformation (permanentes) qui mettent en jeu des modifications provisoires et réversibles de sa structure protéique ainsi que l’importance capitale d’un acide aminé spécifique du cheveu : la cystéine ;
- de connaître la structure exacte des pigments de mélanine, donc de mieux contrôler leurs modifications au cours des opérations de décoloration et coloration, ainsi que les paramètres physico-chimiques qui gouvernent la fixation des colorants et leur tenue.
Ces progrès ont nécessité l’utilisation de techniques de plus en plus sophistiquées : analyseurs automatiques d’acides aminés ; spectrophotométrie UV, visible, infra-rouge ; chromatographie en phase gazeuse ou liquide ; résonance magnétique ; spectrométrie de masse ; fluorescence X...
Ces connaissances ont offert des possibilités accrues dans la conception et la synthèse de nouvelles molécules colorantes plus efficaces, plus tenaces, sûres... puis par extension dans la mise au point des molécules lavantes (shampooings), des agents conditionneurs (gels, laques..) etc.
Les physiciens, axés sur la connaissance des propriétés de la fibre (forme, souplesse, couleur, solidité, propriétés de surface, électrostatisme...), ont eu pour mission de mesurer pour comprendre et de créer de nouvelles méthodes objectives afin de :
- quantifier les effets des nouveaux produits ;
- déterminer les effets de certains agresseurs du cheveu (eau, soleil, friction...), pour définir de nouveaux produits aptes à le protéger.
Ils ont recours à des techniques de plus en plus élaborées : accélérateurs de particules dans le but de préciser la structure intime des protéines du cheveu par diffraction aux rayons X, microscopie électronique, microscopie confocale, analyse d’images... Elles viennent compléter les mesures de bio-mécanique des solides (où sont étudiés les effets de friction, de vibration, d’usure) et les mesures optiques sur la couleur et les reflets de la lumière. Enfin, citons pour mémoire l’utilisation aux États-Unis de la technique SIMS (Spectroscopie par émission d’ions secondaires) qui a permis d’objectiver la localisation du Ceramide R sur le cheveu (céramide de synthèse, brevet L’Oréal), expliquant ainsi les nouvelles propriétés apportées au cheveu.
Les travaux des chimistes et des physiciens ont contribué à l’expertise du groupe vis-à-vis
de la fibre capillaire, logiquement concrétisée par de très nombreux brevets et publications. Forme de reconnaissance par le milieu scientifique, c’est aux laboratoires de L’Oréal que le Musée de l’Homme de Paris, en 1976, confia le soin d'analyser des cheveux de la momie
du pharaon Ramsès II.


Le bulbe pilaire
Comprendre les phénomènes biochimiques, génétiques, immunitaires... qui président à la formation du cheveu par une petite « usine » située dans le derme profond, le bulbe pilaire, tel est le but des laboratoires de biologie du cheveu.
La pousse du cheveu, la formation des pigments, leur localisation dans le bulbe et leur insertion au sein de la fibre, les différents cycles, la chute des cheveux... sont autant de sujets d'études afin de :
- compléter et expliquer, les connaissances établies par la chimie et la physique ;
- modéliser in vitro l’ensemble des mécanismes ;
- proposer et tester des molécules actives dans ces modèles.

Une approche multi-disciplinaire alliée à l’utilisation des techniques les plus actuelles s'imposait. Parmi ces techniques, on peut citer :
- la culture in vitro de tous les types cellulaires qui participent à la genèse du cheveu ainsi qu’à ses pigments (kératinocytes, fibroblastes papillaires, mélanocytes...). Elle permet leur étude intrinsèque mais aussi celle de leurs inter-relations et communications ;
- la survie du cheveu dans des conditions in vitro où la vitesse de pousse est identique à la réalité ;
- le génie génétique (clonage d’enzymes, RPCR...) pour tracer les implications de telle enzyme dans un mécanisme donné ;
- l’autoradiographie qui permet de suivre la transformation d’hormones, d’actifs...

La recherche sur le cheveu, est pluri-disciplinaire et multi-technique, d'où une coopération internationale avec les centres de recherche publics ou privés.
Le cheveu n’a pas encore livré tous ses secrets, mais derrière chaque produit capillaire se “cachent” des connaissances scientifiques en progression constante.