Le Monde de Franquin
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L'Atelier

Quatrième thématique de l'exposition, “l'Atelier” dévoile davantage l'intimité d'André Franquin. Il s'agit maintenant de découvrir comment il travaillait. Dans un premier temps, l'accent est mis sur les techniques qu'il a successivement employées. Les outils qu'il utilisait comme la plume et le pinceau sont présentés en vis-à-vis de planches, dessins ou croquis. Dans un second temps, c'est le mode de fonctionnement créatif d'André Franquin qui est abordé. Chacune des étapes essen­tielles, de l'élaboration du scénario à la mise en couleur finale, en passant par le découpage des images, le crayonné, l'encrage et le bleu de coloriage, est illustrée.

La visite de l'Atelier s'accompagne de moments de découverte et d'émerveillement pour les visiteurs. Le parcours dévoile en effet bien des aspects du travail de Franquin totalement méconnus du public. Ainsi, pour échapper de temps en temps à la création des planches qui représente un travail au long cours, Franquin s'accordait-il des respirations. Il se divertissait alors à dessiner pour son plaisir. Il a notamment créé tout un bestiaire de monstres qui, par centaines, sans jamais se répé;ter, forment à l'instar des “Gremlins” une véritable tribu. « Je dessine des monstres, pour le plaisir de la grimace, pour laisser cours à l'imagination pure, pour dessiner enfin ! »

Cette inclination à dessiner des monstres qui prêtent plus à sourire qu'à frémir se retrouve dans des gags de Gaston Lagaffe : « Ces dessins ont d'ailleurs eu une influence sur certains gags de Gaston. Par exemple, lorsqu'il se déguise en monstre en sortant de sa voiture. » D'autres planches présentent les Doodles, une autre forme de création graphique avec laquelle Franquin aimait à se distraire. Laissant courir son crayon, il a ici donné naissance à une forme d'expression graphique abstraite, poétique, proche du surréa­lisme.

A l'aube des années 1990, Franquin travaillait toujours autant. Il se consacrait entièrement à la conception d'une série de dessins animés pour laquelle il avait créé un univers merveilleux et enfantin dont les héros étaient de petits personnages imaginaires, les Tifous. De cette activité intense qui a duré près de trois ans, il reste des centaines de pages A4 mises en couleur aux crayons. Dans l'exposition, une douzaine de planches, illustrant les différentes étapes essentielles à l'élaboration d'un épisode, sont présentées.

Le talent avec lequel Franquin parvenait à créer des univers imaginaires ne doit pas faire oublier sa passion première pour le dessin réaliste. Fasciné dans sa jeunesse par les grands maîtres de la bande dessinée réaliste que sont Alex Raymond (Flash Gordon) et Harold R. Foster (Prince Vaillant), il s'intéressera par la suite au travail des grands maîtres de l'Art ancien et notamment aux primitifs flamands :

« Dans certains portraits, la ressemblance m'émeut beaucoup. Dans certains Rembrandt ! On sent que ce sont des personnages qui ont réellement existé, c'est merveilleux, c'est rare. Comme Velázquez qui a fait ces portraits de papes. Et, malgré la ressemblance, on reconnaît le style. »

Il avouait d'ailleurs que c'était curieusement le travail d'après nature et notamment la technique éprouvée du croquis qui l'avait mené au dessin humoristique, le croquis qu'il continuait à pratiquer plus par plaisir que par nécessité d'entretenir ses compétences.

« Je peux faire du dessin réaliste d'après modèle, et d'une façon très habile, qui impressionne les non-connaisseurs, parce que c'est vraiment du dessin “à l'ancienne”. Il est bon d'en faire de temps en temps, pour montrer que les dessinateurs de BD sont tout de même capables de tenir un crayon en dehors de leurs caricatures. »

Conclusion et point d'orgue de cette partie, une salle de projection invite à une pause récréative : Le ballet du Chat et de la Mouette, En quatrième vitesse (les voitures), Tout pour le sport (les grandes planches dédiées au foot, à la boxe, au cyclisme), le Marsu-combat (les scènes de castagne du Marsupilami et T'énerve pas ! (les coups de sang de Prunelle, Lebrac et Longtarin). Ces mini-sujets, présentés sous la forme de bancs titres, illustrent l'efficacité, la précision et la nervosité du dessin de Franquin.

Quittant la pénombre de l'Atelier, le visiteur découvre les premières traces d'une végétation tropicale et luxuriante. Un automate grandeur nature du Marsupilami se déployant le long d'une liane en poussant son fameux “Houba”, par la propre voix d'André Franquin, l'invite à rejoindre le deuxième étage.