L'HISTOIRE


Les documents d'identité


Hier


Au cours de l'histoire, l'évolution de nos documents d'identité témoigne des intentions politiques des gouvernements au pouvoir et de la place donnée aux citoyens dans l'espace public.

REVOLUTION
Pendant la Révolution Française, les citoyens doivent présenter aux autorités de police un document appelé " carte de sûreté " / cette carte confirme que son titulaire n'est pas royaliste. Pour se déplacer hors du département, il faut être en possession d'un passe-port intérieur. En ces temps troublés, il s'agit de surveiller tout individu jugé dangereux pour le nouvel ordre révolutionnaire.

1852-1870
Sous le Second Empire, l'industrialisation de la France s'accélère,... les ouvriers, sont de plus en plus nombreux, le pouvoir s'en inquiète ! ... d'autant que les idées socialistes commencent à se répandre.
Napoléon III décrète que désormais, les ouvriers devront se déplacer munis de leur livret... Sans leur livret, ils sont considérés comme vagabond ! et parfois même emprisonnés !
Ce document va faciliter la surveillance de cette classe ouvrière encore peu organisée.

1870 -1940
Sous la III° République, une nouvelle préoccupation voit le jour : comment définir l'appartenance nationale et distinguer les français des étrangers ?
En réponse, la loi de 1889 énonce et précise les critères d'acquisition de la nationalité française. Quant aux étrangers et aux populations ambulantes, on leur impose le port obligatoire d'un carnet anthropométrique... sur lequel figurent deux photos et les empreintes digitales des 2 mains. Ce carnet ne sera supprimé qu'en 1969.

1940- 1944
Sous l'Occupation, la loi oblige tout Français de plus de 16 ans à posséder une carte d'identité avec photo normalisée et empreinte digitale.
A partir de 1942, la mention " Juif " est apposée sur la carte d'identité des juifs français, Cette pratique, va faciliter les grandes vagues d'arrestations effectuées avec l'aide de la police française.

APRES GUERRE
Après guerre, le gouvernement prend l'exact contre-pied du régime de Vichy. En 1955, la carte nationale d'identité n'est plus obligatoire : facultative, elle devient symbole d'égalité et d'intégration .
Dans les années 80, le projet d'informatiser la carte d'identité provoque de vives polémiques. Elle sera toutefois, délivrée à partir de 1990 et deviendra gratuite en 1998.
Aujourd'hui, avec le projet INES de carte biométrique, obligatoire et payante s'ouvre un nouveau débat : quels sont les risques que représente la centralisation par l'Etat de données personnelles.


Aujourd'hui et demain


En 1995, le ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, introduit la carte sécurisée et informatisée, dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine et la délinquance. Sûre et moderne, elle permet de réduire la fraude et rend les contrôles plus fiables et plus rapides, notamment grâce à la lecture optique de certaines mentions. Sa possession n'est pas obligatoire.

Vers 2007, une nouvelle carte d'identité devrait voir le jour en France : la carte INES (Identité nationale électronique sécurisée). De la taille d'une carte bancaire, elle renfermerait dans une puce deux données biométriques, le visage et l'empreinte. L'objectif est multiple :

Cette carte sera payante et obligatoire. Elle fait l'objet de nombreuses critiques de la part d'organismes indépendants, tels que la Cnil, ou d'associations qui considèrent que le recours à la biométrie induit plus de risque pour les libertés individuelles que de garanties pour la sécurité des citoyens (cf. " Les risques de la biométrie " du thème Ethique et loi).


En Europe


Aujourd'hui, la carte nationale d'identité est obligatoire dans presque tous les pays de l'Union Européenne, sauf en France et en Italie. Le Royaume-Uni n'en a pas du tout, mais un projet de loi prévoit d'instaurer d'ici 2010 une " National ID Card ", carte à puce contenant des données biométriques (empreinte digitale, visage et/ou iris). Ce projet inquiète également les associations de défense des libertés civiles britanniques qui craignent notamment que les informations génétiques soient un jour intégrées à cette carte d'identité.