Mouches alcooliques

L'alcoolisme, chez les larves de drosophile, est un mode de défense contre une guêpe parasite, montrent des chercheurs de l’université Emory, à Atlanta. 

Par Olivier Boulanger, le 27/02/2012

La drosophile alcoolique

Pour se soigner, les êtres humains ont très souvent recours aux médicaments, les chimpanzés ingurgitent des plantes sauvages et les mouches - oui, les mouches - s’imbibent d’alcool pour se débarrasser de leurs parasites : telle est la découverte d’une équipe de l’université Emory, à Atlanta.

Les larves de drosophiles se développent en effet sur des fruits en putréfaction. Or, dans ce milieu en pleine fermentation, le taux d’alcool peut monter jusqu’à 11°. Pourtant, les jeunes mouches s’en accommodent parfaitement.

Certes, la mortalité des larves augmente avec le taux d’alcoolémie. Mais la mouche connaît aussi son “french paradoxe” : pour des taux raisonnables de l’ordre de 4°, les larves sont plus vigoureuses que celles qui se refusent à toute goutte d’alcool.

Cette singularité leur permet surtout de résister à leurs ennemis, comme certaines guêpes profitent des larves de drosophiles pour y pondre leurs oeufs afin de s’en servir comme garde-manger.

Or, à travers différentes expériences, les chercheurs ont pu montrer que les guêpes rechignent à pondre au sein des larves les plus alcoolisées. Et que les jeunes mouches déjà infectées étaient capables de s’abreuver d’alcool pour se débarrasser de leurs parasites (Current Biology, 16 février 2012).

Attention, cette utilisation délibérée d’alcool comme remède et mode de défense reste un cas unique dans le monde animal, et il n’est pas question de le transposer à l’homme...

Olivier Boulanger le 27/02/2012