Entretien avec Albert Fert : prix Nobel de physique 2007

Quelques mois après la disparition de Pierre-Gilles de Gennes, Albert Fert reprend le flambeau de l'école française de physique. Douzième Français à être récompensé par le prestigieux prix Nobel décerné par le Karolinska Institute de Stockholm, il voit son nom s'ajouter à cette illustre liste : Becquerel, Pierre et Marie Curie (1903), Lippmann (1908), Perrin (1926), de Broglie (1929), Kastler (1966), Néel (1970), de Gennes (1991), Charpak (1992), Cohen-Tannoudji (1997).

le 12/10/2007

Albert Fert, le normalien du laboratoire de physique des solides d'Orsay, partage le prix Nobel de physique avec l'Allemand Peter Grünberg, de l'Institut de recherche de Jülich, pour leur découverte en 1988 – grâce à des travaux menés de façon indépendante dans les deux laboratoires – d'un effet de physique fondamentale, la « magnétorésistance géante ». Une découverte qui allait déboucher sur une vraie révolution dans le monde de l'électronique, la spintronique  (en référence à une propriété magnétique des électrons qui tourneraient sur eux-mêmes).

Médaillé d'or du CNRS en 2003, Albert Fert a associé son laboratoire à l'industriel Thomson-CSF, devenu aujourd'hui Thalès, dans le but d'appliquer ses découvertes à l'univers des nanotechnologies. Les résultats ne se sont pas faits attendre : disques durs plus denses, mémoires magnétiques, capteurs dans les secteurs de la défense ou de l'automobile, systèmes de télécommunication à hyperfréquence… et, peut-être demain, l'ordinateur quantique.

Aux débuts de sa compétition avec Peter Grünberg, Albert Fert n'avait pas déposé un brevet qui rapporte aujourd'hui à ses détenteurs allemands des millions d'euros par an. Désormais le chercheur natif de Carcassonne et passionné de rugby protège ses découvertes. Et va certainement profiter de sa nouvelle renommée pour relancer l'un des combats qui lui tient à cœur : celui de la défense de la recherche et des débouchés pour les jeunes chercheurs.