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créature les aide à croire à la situation
et à jouer de manière plus naturelle.
Après une décennie d’omniprésence
de chimères et de transformations
réalisées en 3D, on observe un retour
progressif de l’animatronique et des
practical make-up effects
(les trucages
filmés devant la caméra), car les
cinéastes ont fait le tour des avantages
et des inconvénients artistiques et
financiers de chacune de ces
approches. Ils ont compris que le meil-
leur moyen de tromper le regard des
spectateurs consiste à changer sou-
vent de technique, comme les prestidi-
gitateurs le savent depuis des siècles.
Les effets concrets et les trucages vir-
tuels gagnent à être mélangés intelli-
gemment : ainsi, des manipulateurs
portant des cagoules et des tenues
vertes ont animé grâce à des tiges plu-
sieurs marionnettes de créatures et
d’extraterrestres dans
Star Wars.
Le Réveil de la force
(J. J. Abrams,
2015), puis ont été effacés numérique-
ment en postproduction. Les têtes
d’autres aliens étaient soit des
masques animés par des servomoteurs
radiocommandés, soit des masques
inertes dont les yeux et les paupières
étaient animés en 3D lors de la post-
production. De même, les figurants
jouant les zombies de la série
The
Walking Dead
(depuis 2010) portent de
longs gants verts sur les bras ou des
cagoules vertes, afin qu’on leur greffe
ces parties manquantes en 3D pour
mieux les couper ensuite dans les
scènes où les humains se défendent à
coups de machette.
Reste ce que l’on pourrait être tenté
d’appeler du «maquillage numé-
rique», mais qui n’a recours qu’à des
techniques purement 3D : les retouches
des cernes et l’effacement image par
image des rides dans les gros plans
des vedettes d’un film. Est-ce encore
du maquillage? Non, car le virtuel abo-
lit toutes les difficultés physiques
concrètes que l’art et les techniques
spécifiques des maquilleurs per-
mettent de surmonter. De même, per-
sonne ne songerait à qualifier de
«charpentier virtuel » un infographiste
modélisant un fauteuil Louis XV. Sans
instaurer de rapport de supériorité glo-
bale d’une approche sur l’autre, il faut
toutefois saluer la réussite d’un effet
3D qui aurait été impossible à réaliser
avec du maquillage : le rajeunissement
de Michael Douglas dans le prologue
en flash-back d’
Ant-Man
(Peyton Reed,
2015), une illusion totalement crédible
due au studio Lola FX. Si les maquil-
leurs ne peuvent pas effacer ainsi les
effets du temps, à l’inverse, les pro-
thèses en silicone translucides restent
le moyen le plus réaliste et le moins
coûteux de vieillir un acteur, en lui
offrant en outre l’extraordinaire plaisir
de la découverte de son nouveau
visage dans le miroir de la loge. Et cet
instant magique où l’acteur entre litté-
ralement «dans la peau de son person-
nage» n’a pas d’équivalent dans l’uni-
vers des effets 3D.
CRÉER
UN PERSONNAGE
Léa Seydoux et Vincent Cassel dans
le film
La Belle et la Bête
(Christophe
Gans, 2014). Le visage de Vincent Cassel
est entièrement remplacé par une
tête animale en images de synthèse,
mais ses mouvements sont ceux
du visage du comédien, enregistrés
par des capteurs.
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