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Jeûne intermittent et santé

Question

Effets du jeûne intermittent sur la santé.

Réponse

Bonjour,

Vous souhaitez connaître les effets du jeûne intermittent sur la santé.

Nous vous proposons la lecture d’un rapport de l’Inserm de 2014 sur le jeûne à visée préventive ou thérapeutique :

CONCLUSION
Le jeûne est une pratique ancienne, qui trouve actuellement un regain d’intérêt dans des contextes très variables : du rituel religieux à la pratique médicalisée en passant par le simple choix de vie.
Le terme jeûne englobe plusieurs types de pratique : jeûne complet (seule l’eau est permise), jeûne partiel (apport calorique très modeste, autour de 300 kcal/jour), jeûne continu ou jeûne intermittent.
En France, contrairement à d’autres pays d’Europe, le jeûne à visée préventive ou thérapeutique n’est pas à ce jour proposé dans un cadre médicalisé.
Jeûner induit des modifications métaboliques qui pourraient être utilisées à bon escient dans diverses situations pathologiques. Cependant, aucune donnée clinique reposant sur des essais méthodologiques rigoureux ne peut étayer aujourd’hui le bien-fondé de cette piste, qui reste donc pour l’instant essentiellement théorique.
Il faut toutefois noter la grande difficulté qu’il y a ici, encore plus qu’ailleurs, à réaliser des essais thérapeutiques conformes aux canons du méthodologiquement correct. Par exemple, arrêter partiellement ou non de s’alimenter pour « aller mieux » résulte souvent d’un cheminement personnel profond ; il n’est donc pas aisé de le décider à l’issue d’un tirage au sort.
Ainsi, seulement 4 études respectant le principe de la randomisation ont été retrouvées dans la littérature internationale traitant du sujet, dont 1 seule méthodologiquement bien menée : il s’agit d’un essai réalisé en 1991 sur 53 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Cet essai est positif (i.e. en fin d’essai les patients du groupe « jeûne » allaient mieux que les patients du groupe contrôle, sans intervention nutritionnelle), mais le fait qu’il ait été réalisé sur un si petit nombre de sujets et n’ait pas été répliqué ne permet pas de conclure avec un minimum de confiance que le jeûne est une pratique intéressante dans un tel contexte. D’autres études (non randomisées) présentant des analyses comparatives intergroupes ont été réalisées sur l’efficacité du jeûne dans la polyarthrite rhumatoïde, mais avec un bras contrôle différent, à savoir le régime méditerranéen.
Ces études n’ont pas retrouvé de supériorité du jeûne. Concernant les autres indications traitées dans ce rapport (pathologies chroniques, facteurs de risque cardio-vasculaire, obésité, sommeil, cancer), les études analysées ne permettent pas non plus de conclure, de par leur faible nombre, leur faible effectif, et leurs qualités méthodologiques discutables. Comme toujours, de nouvelles études doivent être réalisées, et certaines sont d’ailleurs en cours, en particulier sur l’utilisation du jeûne en cancérologie, utilisé pour limiter les effets secondaires des chimiothérapies.
Enfin, soulignons que si la pratique du jeûne encadré médicalement semble globalement peu dangereuse, des risques réels existent dans des contextes différents et la plus grande prudence est alors de mise.
Au total, le jeûne est une pratique complexe à évaluer, en particulier car il fait référence à d’autres dimensions que la seule dimension  thérapeutique, et est souvent associé à une philosophie de vie.
Les études qui s’intéressent au jeûne en tant que pratique thérapeutique sont à ce jour encore peu nombreuses et leur qualité méthodologique est souvent insuffisante et surtout limitée par la dimension particulière du jeûne. D’autres études sont nécessaires, ainsi qu’une réflexion autour de
la méthodologie la plus adéquate et la plus pertinente pour réaliser de telles études.

https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2017-11/inserm-rapportthematique-evaluationefficacitejeune-2014.pdf

Pour compléter cette étude, voici un document de 2016, diffusé lors d’un symposium en gastroentérologie émanant du Centre hospitalier universitaire vaudois : Y a-t-il des effets bénéfiques à faire un jeûne ? / Christian Mottet, MD PhD, Sophie Sierro, PhD
https://www.chuv.ch/fileadmin/sites/glg/documents/glg_symposium_gastro-enterologiemici_fev2016_mottet.pdf

Pour aller plus loin, l’Institut National du Cancer en collaboration avec le Réseau national alimentation cancer recherche (NACRe) a publié une fiche repère intitulée Jeûne, régime restrictif et cancer (nov. 2017).
Voici un extrait de la conclusion :

Les études chez l’être humain sont peu nombreuses et de faible qualité. Si plusieurs centaines d’études  expérimentales sur les animaux de laboratoire ont été publiées, celles-ci présentent des résultats divergents et des limites importantes, qui ne permettent pas d’extrapoler directement les résultats à l’être humain.
La revue systématique et l’analyse des données scientifiques concernant le jeûne et les régimes restrictifs (restriction calorique, protéique, glucidique ou régime cétogène) montrent qu’il n’y a pas de preuve d’un effet protecteur chez l’être humain en prévention primaire (à l’égard du développement des cancers) ou d’un effet bénéfique pendant la maladie (qu’il s’agisse d’effet curatif ou d’une optimisation de
l’effet des traitements des cancers).

https://www6.inrae.fr/nacre/content/download/5449/46457/version/1/file/Fiche-Rep%C3%A8res-INCA-NACRe-Jeune_regimes_restrictifs_et_cancer_2017.pdf

Nous espérons que ces pistes vous seront utiles et nous nous tenons à votre disposition pour toute nouvelle recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé,
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.

Service Questions-santé            
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/

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