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Constat mondial

Le terme désertification désigne « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines » .

Variations dans l'évaluation de la désertification

L'Afrique contient 37% des zones arides, l'Asie 33% et enfin l'Australie 14%. L’Amérique ainsi que les franges méridionales de l'Europe en possèdent également. En 2000, environ 70% de ces terres arides étaient déjà soumis à la désertification. Les appréciations et les évaluations des surfaces affectées par la désertification varient, d'une source à l’autre, en fonction des critères utilisés. Selon le centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), elles fluctuent de 19,5% (en se basant sur la seule dégradation des sols) à 69,5% (en prenant en compte non seulement la dégradation des sols mais aussi celle de la végétation).

Les caractéristiques de l'aridité et de la sécheresse

L’aridité reflète un déficit pluviométrique permanent, du à la faiblesse des précipitations moyennes ou à la rareté de l'eau naturelle disponible. C’est une caractéristique permanente du climat de la zone.
D’autres données climatiques spécifiques entrent en jeu telles qu’une insolation forte, des températures élevées, une faible humidité de l’air et une évapotranspiration poussée.
La chaleur n’est pas le critère le plus important. En effet, il existe des espaces arides et froids notamment aux pôles. Un indice permet de classifier chaque zone d’aridité. Il se calcule en mesurant la différence entre l’évapotranspiration potentielle (EVP) et la pluviosité de la zone.

La sécheresse, contrairement à l’aridité, reflète un déficit hydrique temporaire et n’est pas lié au climat de la zone où elle sévit. Le volume des précipitations peut s’y avérer suffisants. Cependant, elle affecte la structure du sol et provoque des changements dans la végétation. Elle dévoile alors les possibilités de régénération, appelées résilience, d'un milieu.

 4 zones principales

  1.  Les zones hyperarides comportent des zones dépourvues de végétation, à l'exception de quelques buissons épars. Un pastoralisme nomade véritable y est fréquemment pratiqué. Précipitations de 10 à 50 mm/an, insuffisantes pour l’agriculture sauf en milieu oasien naturel ou artificiel. Elles recouvrent le cœur des plus vastes déserts continentaux (Sahara central, Arabie centrale) et les déserts littoraux (péruvochilien et Namib).
  2.  Les zones arides se caractérisent par le pastoralisme et l'absence d'agriculture, sauf là où il y a irrigation. La végétation indigène est généralement rare, composée de graminées annuelles et pérennes et d'autres plantes herbacées, ainsi que de buissons et de petits arbres à feuilles étroites ou épineux. Précipitations de 50 à 100 mm/an, insuffisantes pour l’agriculture. La variabilité interannuelle se situe entre 30 et 40%. Les pluies sont limitées à quelques mois par an. Elles recouvrent le centre des déserts continentaux (sud-ouest des Etats-Unis, Kalahari, Australie) et la périphérie des déserts continentaux les plus vastes.
  3.  Les zones semi-arides ou sahéliennes peuvent supporter une agriculture pluviale avec des niveaux de production plus ou moins réguliers. On y pratique parfois aussi l'élevage sédentaire. La végétation indigène est représentée par diverses espèces, telles que les graminées et plantes graminiformes, herbes non graminéennes, steppes et petits buissons, arbrisseaux et arbres. Précipitations de 150 à 500 mm/an. L’agriculture pluviale est possible mais reste aléatoire. .
  4.  Les zones subhumides sèches ou sahélo-soudaniennes. La végétation est représentée par des savanes caduques arborées, arbustives ou d’altitude, à feuilles larges et par des forêts caduques. Précipitations de 500 à 800 mm/an en moyenne, réparties en une saison des pluies de 6 mois.

Dégradation des terres

Altération de la végétation

En général la dégradation débute par une altération de la végétation, une modification de la composition floristique, les espèces les plus utilisées se raréfient et disparaissent. Ensuite ou parallèlement, le couvert végétal s’éclaircit, la production de biomasse diminue. Les capacités de reproduction et de régénération de la végétation se réduisent de plus en plus.

Erosion

Le sol, moins protégé par la couverture végétale, est soumis à l’action mécanique des précipitations qui provoquent une modification des états de surface (érosion). La diminution de la biomasse et celle de sa restitution au sol entraînent des pertes progressives de matière organique, qui constitue un des éléments déterminants des propriétés des sols.
La stabilité structurale et la porosité décroissent. De ce fait, l’érosion s’accroît entraînant une destruction progressive du sol. La capacité d’échange diminue, le ruissellement augmente, la réserve en eau disponible baisse, le régime hydrique et les échanges avec l’atmosphère se modifient. Cette dégradation aura un effet sur la végétation et la production. Une spirale de dégradation est constituée : sans intervention elle conduira à une désertification irréversible.

Dégradation chimique du sol

L’accumulation de sels solubles (salinisation ) et l’accumulation d’ions sodium (sodication) sont des formes de dégradation chimiques des sols. Les sols salinisés ont une structure instable, leur perméabilité et leur porosité décroissent, leur activité biologique diminue, leur taux de matière organique décroît, leur pH baisse ou augmente et dépasse 9 à 10, leur couverture végétale naturelle ou cultivée se réduit et disparaît. Les solutions qui circulent dans le sol, enrichies en sels solubles (chlorures, sulfates, carbonates,…) de sodium, magnésium ou calcium, accentuent la difficulté des plantes à puiser de l’eau.

Apparition de plusieurs types de sol

· les sols caillouteux, à pavages et regs infertiles et répulsifs ;
· les sols sableux, à faible productivité naturelle due au manque de nutriment, à la médiocre capacité d’échange de cations et à la carence en oligoéléments. Les dunes fixées et vives retiennent un certain volume d’eau grâce à leur porosité élevée.
· les sols hydromorphes, fréquemment inondés et toujours saturés en eau. Leur assèchement conduit à leur transformation en marais salant ou sol salé ;
· les sols argileux, fortement craquelés. Mouillée, l’argile se dilate puis, en séchant, se contracte et se craquèle en donnant des sols durs, compacts.

 

Causes et impacts de la désertification

Le climat

Dans les zones arides, semi-arides et subhumides, il se traduit par une période de sécheresse, une grande variabilité des pluies d'une année à l'autre et une intensité des pluies tombant. C'est un facteur favorisant la désertification car il rend les terres plus sensibles à la dégradation de la végétation et le sol épuise plus facilement ses réserves en eau.

Caractéristiques des sols des zones arides

Ils possèdent très peu de substances nutritives et d'eau. Ils sont peu épais et sont prédisposés à l'érosion. Leurs caractéristiques physiques, chimiques ainsi que les pluies et les vents entraînent une érosion. La pluie et le vent détruisent le matériel rocheux, arrachent, transportent et déposent les débris plus loin.

La pression démographique

Elle augmente la surexploitation des terres et des ressources naturelles.
Le surpâturage survient lorsque la densité du troupeau est excessive, lorsque trop d’animaux paissent sur la même aire de parcours par rapport à la quantité de végétation existante. Le couvert végétal est ainsi dégradé, l’érosion du sol devient importante.
Une mauvaise gestion de l'eau peut avoir des conséquences néfastes sur les sols comme par exemple l'engorgement et la salinisation des sols.
La déforestation, qu'elle soit due à des coupes excessives pour le bois de feu ou des feux de forêt, entraine le lessivage des sols, la destruction d'habitats et de milliers d'espèces végétales et animales.

Les effets de la dégradation de la biodiversité

La désertification se traduit par une dégradation progressive, plus ou moins irréversible, de la végétation, de la faune, des sols et des eaux. Çà et là, apparaissent d’abord des taches où le sol se dégrade puis perd sa capacité de rétention d'eau, plus aucune plante ne peut alors pousser. Ces taches, souvent très éloignées les unes des autres, se trouvent parfois à des milliers de kilomètres du désert le plus proche. Puis, elles s'étendent progressivement et se réunissent pour former des zones désertiques plus vastes.
La diminution de la couverture végétale augmente la formation d’aérosols et de poussières qui affectent à leur tour la formation des nuages. 

L’engorgement et la salinisation des sols

Lors des pluies, la désertification rend inondables les terrains imperméables, provoque des inondations destructrices en aval, et amène des quantités excessives de boue et de vase dans les réservoirs d’eau, les puits, les deltas et les embouchures des rivières, ainsi que dans des zones côtières souvent situées en dehors des zones sèches.
La désertification entraîne aussi la compaction et la salinisation des sols par évaporation. Seule la végétation supportant l’aridité et de fortes quantités de sel peut y vivre.

Techniques de lutte contre la désertification

Les techniques de régénération

C'est la restauration de la fertilité minérale et organique des sols. Il s'agit de contrôler le ruissellement en favorisant l'infiltation vers les nappes phréatiques en rajoutant un cordon pierreux, de revitaliser les sols (par ajout de compost) et de corriger le ph.

Le reboisement

C'est faire des plantations d’arbres et arbustes forestiers xérophiles qui ont la caractéristique de croître rapidement dans une zone aride.

La télédétection 

Elle permet le suivi de sites sur le long terme concernant la couverture végétale, la productivité biologique, l’évapotranspiration, la fertilité des sols et le taux d’érosion. Elle fournit des données cohérentes, répétables, avec un coût satisfaisant.

Rôle des organisations internationales et de la recherche

Le rôle des organisations internationales

Il consiste à sensibiliser, convaincre les Etats d’engager des politiques de prévention de la désertification : une utilisation durable des ressources, une économie verte et une politique d’utilisation des terres.
La Banque mondiale estime qu’à l’échelle planétaire, le manque à gagner des régions affectées par la désertification pourrait s’élever à 42 milliards de dollars américains, alors que le coût annuel de la lutte contre la désertification atteint seulement 2,4 milliards (CIRAD).

Un programme de suivi mondial systématique

Il est nécessaire pour réaliser une base de référence scientifiquement fiable et cohérente de l’état de la désertification et développer des indicateurs chargés de faciliter la compréhension des relations entre désertification, changement climatique, biodiversité.
Des défis scientifiques considérables doivent être relevés pour identifier les seuils au-delà desquels les systèmes des zones sèches atteindraient un stade critique ou irréversible.

Une approche intégrée multidisciplinaire

Elle fait intervenir des spécialistes des sciences sociales et des sciences naturelles.
Les recherches impliquent principalement les agronomes, les chercheurs en agroforesterie, ceux qui étudient les relations entre agriculture, élevage, pastoralisme et les sociétés qui en vivent. Elles concernent de très près les épidémiologues et les entomologistes.