Des populations plus vulnérables

Fœtus, bébés et adolescents seraient particulièrement sensibles aux perturbateurs endocriniens.

L’activité hormonale est plus intense durant certaines périodes-clés du développement : lors de la formation du fœtus, pendant les deux premières années de la vie du bébé et à la puberté. Durant ces périodes, les hormones secrétées et libérées dans l’organisme agissent, selon les cas, sur la différenciation sexuelle des embryons, sur le développement de l’appareil reproducteur, sur la croissance ou sur le métabolisme.

L’une des hormones les plus connues, la testostérone, intervient ainsi activement dans le développement de l’appareil génital masculin. Autres exemples : l’insuline est indispensable pour réguler le taux de glucose dans le sang ; et la somatotropine, plus connue sous l’appellation « d’hormone de croissance », agit comme un stimulant de la croissance et de la reproduction des cellules chez l’Homme.

Durant ces périodes dites « critiques », une perturbation du système endocrinien, à l’équilibre fragile, pourrait entraîner des conséquences néfastes. Ce qui pousse les scientifiques à conseiller de réduire au maximum le risque d’exposition aux perturbateurs endocriniens pour les femmes enceintes et pour les enfants, en application du principe de précaution. Ce qui est loin d’être évident tant ces substances sont omniprésentes dans notre environnement domestique, dans la chaîne alimentaire et dans certains médicaments.

Gare aux antalgiques chez la femme enceinte ! 

Outre les pilules contraceptives dont c’est la vocation thérapeutique, d’autres médicaments peuvent interférer avec le système hormonal. En 2010, une étude franco-finlandaise publiée dans Human Reproduction a mis en évidence l’effet d’antalgiques courants sur la femme enceinte. Selon les auteurs, la prise de paracétamol, d’ibuprofène ou d’aspirine pendant deux semaines durant le deuxième trimestre de grossesse, multiplie par deux à quatre le risque de malformation génitale chez le foetus. Dans une étude publiée dans la même revue en 2013, l’équipe de l’Inserm qui avait participé aux précédents travaux montre que sur des cellules de testicules humains, le paracétamol inhibe la production de testostérone chez l’adulte.