Avec le service science de Libération

De la nécessité de décrypter un peu, beaucoup…

le 24/07/2003

« Il n'est pas nécessaire d'être scientifique pour être un journaliste scientifique. En réalité c'est parfois un avantage, parfois un inconvénient. Pour un jeune journaliste qui a encore peu d'expérience, le fait de connaître déjà bien un domaine, d'être expert, va lui permettre de mieux filtrer l'information, d'aborder directement les thématiques importantes.

Malheureusement, petit à petit, cette connaissance préalable, risque de devenir un inconvénient. Si un journaliste parle la même langue qu'un chercheur, parce que, par exemple, ils ont fait des études similaires, le risque est alors de trop s'écarter du niveau de compréhension du lecteur. Et finalement, l'article sera souvent trop complexe. Alors que le journaliste ''candide'' n'hésite pas à interrompre le chercheur dès qu'il ne comprend pas un terme. Certains scientifiques ne supportent pas le moindre écart de précision. Ils vont donc exiger de relire l'article avant sa parution, ce que, en général, nous refusons. D'autres scientifiques comprennent la nécessité de décrypter l'information pour la rendre la plus intelligible possible. Je préfère d'ailleurs le mot décryptage à celui de vulgarisation scientifique.

À Libération, nous essayons de mettre l'accent non pas sur le fait de savoir comment un chercheur est arrivé à tel résultat, mais plus sur les raisons pour lesquelles il a travaillé dans cette direction et bien sûr sur les conséquences que son travail engendre. À choisir, nous consacrons moins de place à décrire l'expérience qui a été faite, sauf si elle est un peu insolite ou spectaculaire. Nous essayons plutôt de faire le lien entre le travail du scientifique et les conséquences pour la société, notamment lorsqu'il s'agit de questions environnementales. »

Denis Delbecq est responsable du
service Sciences du journal Libération

le 24/07/2003