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Les grands principes du c3rv34u
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L’hypothèse du cerveau statisticien
permet d’expliquer un grand nombre d’illusions
visuelles
Figure 2
. Il peut paraître paradoxal qu’un
processus d’inférence
optimale
conduise à des illu-
sions – si la perception était optimale, ne devrait-
elle pas nous donner à voir le monde tel qu’il est
précisément ? Non, car les illusions visuelles sont
des images délibérément conçues pour proposer à
notre cerveau un
stimulus
très appauvri, en com-
paraison avec notre expérience usuelle du monde
extérieur. Le système perceptif l’enrichit alors
d’informations statistiques accumulées au fil de
l’expérience passée. L’intégration de l’
a priori
et des
entrées sensorielles a pour résultat une perception
consciente qui s’écarte du réel.
Par exemple, nous nous trompons sur la
longueur de barres verticales et horizontales, et
voyons les barres verticales plus longues qu’elles
le sont vraiment, parce que, sur notre rétine, étant
donné que nous voyons d’ordinaire un monde
en trois dimensions, une barre verticale corres-
pond plus souvent à une distance plus grande (qui
s’éloigne vers l’horizon) qu’une barre horizontale
Figure 3
. Ces illusions sont aggravées lorsque la barre
est entourée d’indices de perspective, qui augmen-
tent la probabilité que ce que nous voyons soit
interprété comme une scène en trois dimensions.
À l’extrême, dans l’illusion des tables de Roger
N. Shepard
Figure 4
, le cerveau reçoit tant d’indices
lui suggérant qu’il s’agit d’une scène tridimension-
nelle qu’il est incapable de voir, dans la surface
plane des deux tables, autre chose qu’une forme
en trois dimensions, et donc avec une surface plus
grande pour la table qui s’allonge vers l’horizon.
Ce que nous percevons est donc toujours
la combinaison statistique quasi optimale de
plusieurs indices sensoriels avec les données de
notre mémoire. Dans la célèbre gravure
Convexe
et concave
de M.C. Escher
Figure 5
, la présence de
quelques personnages familiers (une femme qui
porte un seau, un homme qui grimpe à l’échelle…)
suffit à bouleverser notre interprétation des indi-
cations graphiques de relief (angles, ombres), bien
que celles-ci soient identiques sur la gauche et sur
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Figure 3
La perception
de la taille
Figure 4
Exemple d’un
paradoxe perceptif
Impossible de croire que
ces tables ont des formes
strictement identiques…
et pourtant c’est vrai.
a s e dessin -
Turning
the Tables
(1990) - les
ndices tridimensionnels
s’a cumulent et imposent
une interprétation
ique
es tables. Àpartir de ses
propres illu io s vis elles,
Roger N. Shepard, professeur
de psychologie, développe
es idées sur lesmécanismes
de la vision et les élargit
en une réflexion sur
le fonctionnement
d l’esprit h mai et la
nat re de arts visuels.
De sin de Roger N. Shepard,
extrait de on livre
Mind
S ghts
(NewYork, W. H.
Fre man, 1990), traduit en
fra çais sous l titre
L’œil
qui pense : visions, illusions,
perceptions
(Paris, Seui ,
co l. « Science ouverte »,
1992, réed. 2000)
La taille perçue dépend
de la projection
rétinienne, mais aussi
du contexte. Dans toutes
ces illusions, deux barres
sont identiques, mais
le cerveau les perçoit
comme de longueur
différente, probablement
parce qu’il les replace
automatiquement dans
le contexte d’une scène
en trois dimensions.
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