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Effet Subutex

Question

Bonjour, ma question est simple : la prise de Subutex à long terme peut-elle entraîner des pertes de mémoire ? Je souhaitais également savoir si la prise de Subutex à long terme pouvait raccourcir la vie d'un consommateur. Merci pour votre réponse.

Réponse

Bonjour,

Vous vous demandez si la prise de Subutex à long terme peut entraîner des pertes de mémoire et si cette prise au long cours peut mettre en danger la vie d'un consommateur.

Pour commencer, le Dico des drogues de Drogues info service vous apporte des explications :

La Buprénorphine Haut Dosage* est un opiacé de synthèse utilisé dans le traitement de la dépendance à l’héroïne ou à d’autres opiacés. Elle permet aux personnes dépendantes aux opiacés illicites de stopper leur consommation sans ressentir les signes du manque et de réduire les risques liés à leur consommation. Prise par voie orale, la BHD protège l’usager des risques infectieux liés à l’injection. De plus le traitement facilite l’accès à l’aide médicale, psychologique et sociale dont l’usager a besoin, et améliore sa qualité de vie et ses chances de réinsertion. Ce traitement peut être transitoire en vue d’un sevrage complet ou être maintenu aussi longtemps que nécessaire.
Actuellement, les différents traitements de substitution à base de BHD sont : le Subutex® et ses génériques, l'Orobupré®, le Buvidal® et la Suboxone® (buprénorphine + naloxone).

https://www.drogues-info-service.fr/Tout-savoir-sur-les-drogues/Le-dico-des-drogues/Buprenorphine-haut-dosage-BHD

Concernant les effets indésirables, la notice du Subutex extraite du Vidal (l’une des références dans l’information sur les produits de santé) n’indique pas de pertes de mémoire :

Constipation, nausées, vomissements, maux de tête, fatigue, somnolence ou insomnie, malaise, vertiges, sueurs, hypotension orthostatique.
Plus rarement : dépression respiratoire, hallucinations, hépatite.
Lors de la première prise, des symptômes de manque peuvent survenir (voir Attention).
Vous avez ressenti un effet indésirable susceptible d’être dû à ce médicament, vous pouvez le déclarer en ligne.

https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/subutex-9850.html

Au sujet des effets à long terme, nous n’avons pas trouvé d’informations très précises, voici cependant quelques pistes.

La MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) a rédigé un article Le sevrage et la substitution :

La substitution
En bénéficiant d’un traitement correctement adapté, associant médicament et accompagnement médico-psycho-social, le patient peut construire ou poursuivre un projet de vie, trouver ou retrouver un réseau familial, affectif et professionnel. Cet accompagnement facilite le cas échéant la régularisation des droits sociaux, de problèmes avec la justice, la mise en œuvre de soins de maladies associées…
La durée d’un traitement de substitution est variable en fonction des situations cliniques. Il n’existe pas de règle quant à la durée et la gestion de la phase d’arrêt de ces médicaments.
Certaines personnes suivront le traitement sur une courte durée tel un traitement de sevrage, d’autres sur longue durée. Certains ne l’interrompront pas, le traitement est alors dit "de maintenance". Ce n’est pas un signe d’échec, le patient sera alors suivi dans la durée tel un patient diabétique pour lequel l’insuline est indispensable à sa santé tout au long de sa vie.

https://www.drogues.gouv.fr/le-sevrage-et-la-substitution

Une fiche de recommandations de bonnes pratiques émanant de la HAS (Haute Autorité de Santé), Traitement du trouble de l’usage d’opioïdes : Bon usage des médicaments opioïdes : antalgie, prévention et prise en charge du trouble de l’usage et des surdoses, de mars 2022, détaille :

Suivi au long cours
Principes communs aux MSO
Le traitement doit être envisagé sur le long terme bien que la durée optimale de traitement ne soit pas connue, et la possibilité et les conditions d'un arrêt du traitement doivent être rappelées.
Pendant toute la durée du traitement, et dans le cadre d’une alliance thérapeutique entre le clinicien, le pharmacien et le patient, un suivi personnalisé permettra d’identifier les difficultés (ex. : co-consommations, usages détournés, etc.) et d’assurer un accompagnement adapté.

L’avis d’un expert en addictologie est souhaitable dans un contexte de détournement suspecté ou avéré, ainsi que pour des conseils en matière de réduction des risques.
Les doses doivent être adaptées à chaque patient et ajustées en fonction :
‒ de l’effet des médicaments : intoxication ou sédation en raison d'une dose trop élevée ; sevrage en raison d'une dose trop faible ;
des effets indésirables sachant que de nombreux effets indésirables des opioïdes disparaissent au cours des 2 à 4 premières semaines de traitement, mais certains sont persistants et peuvent nécessiter un ajustement de la dose, avec avis spécialisé en cas de doute ;
‒ de la persistance du craving ou de la consommation de substances psychoactives : l’augmentation des doses de méthadone ou de buprénorphine est souvent une réponse efficace à la consommation d'opioïdes illicites ;
‒ de la satisfaction du patient sur l'adéquation de la dose et les objectifs du traitement ;
‒ des préoccupations quant à une surconsommation du MSO ou un usage détourné de sa voie d’administration.

À plus long terme et comme tout traitement chronique, celui-ci devra être réévalué régulièrement en lien avec :
la balance bénéfices/risques ;
‒ les objectifs du patient (évolutifs en fonction du temps) ;
‒ les interactions médicamenteuses si les traitements concomitants ont changé ;
l’évolution physiologique liée à l’âge (augmentation du QT, baisse de la fonction rénale, hépatique) ;
‒ les modifications de consommations annexes (alcool, benzodiazépines, substances illicites, etc.).

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-03/traitement_du_trouble_de_lusage_dopioides_-_fiche.pdf

Enfin, au sujet des risques pour la vie du consommateur, un article de M. Chèze. Opiacés, opioïdes et produits de substitution : toxicologie (EMC - Biologie médicale 2015) explique :

Buprénorphine
[…]
Circonstances de l'intoxication
Les comprimés à prendre par voie sublinguale possèdent un effet plafond et évitent en principe toute surdose. Cependant, l'association à d'autres dépresseurs du SNC ou leur consommation par voie intraveineuse conduit à des décès accidentels.

Les principales causes d'intoxication à la buprénorphine sont [11] :
• son utilisation détournée (après avoir réduit les comprimés en poudre et filtré l'injectat) par voie intraveineuse ou inhalation nasale ou pulmonaire ;
• son association à d'autres dépresseurs du SNC (benzodiazépines, alcool, neuroleptiques, etc.).

À souligner que la forme Suboxone® associant la naloxone a l'intérêt de limiter le risque de dépression respiratoire en cas de mésusage par injection.
[…]
Délai entre l'intoxication (ou décès) et les prélèvements biologiques
La courte demi-vie de la buprénorphine par voie injectable et ses faibles concentrations thérapeutiques impliquent le plus court délai de prélèvement en cas d'intoxication (Tableau 3).
[…]
Effets éventuels des produits associés
L'association à l'alcool, aux benzodiazépines et aux autres dépresseurs du SNC peut être à l'origine d'une dépression respiratoire fatale.

À ce jour, aucune interaction notable à la cocaïne n'a été notée.

Points essentiels
[…]
Les traitements de substitution (buprénorphine, méthadone) ont grandement aidé à diminuer le nombre de décès à l'héroïne. Néanmoins, des décès ont été observés, essentiellement par mésusage (prise hors prescription, surdosage volontaire, administration par voie détournée), association à l'alcool ou à d'autres dépresseurs du système nerveux central.

https://www.em-consulte.com/article/991640/opiaces-opioides-et-produits-de-substitution-toxic

Nous espérons que ces informations vous seront utiles et nous nous tenons à votre disposition pour toute nouvelle recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé,
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé            
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/

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