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Tranches de vie au Moyen Âge

Marguerite, apprentie couturière

Durant la première partie du Moyen Âge, les villes européennes s’enferment derrière des remparts pour se protéger des invasions barbares qui se succèdent entre le 5e et le 9e siècle.

Tout comme les paysans, leurs habitants sont la propriété d’un seigneur, à qui ils doivent des corvées et payent impôts et redevances.

À partir de l’an mil, profitant d’une période plus paisible et de l’essor agricole, les bourgs se multiplient près des châteaux et monastères, et les villes s’enrichissent grâce à l’industrie et au commerce des draps de laine. Elles se réorganisent alors autour du château et la construction de grandes églises romanes est financée par le clergé. Le développement urbain s’intensifie au 12e siècle avec la construction de nouveaux édifices : palais, hôtels de ville et cathédrales de style gothique.

C’est aussi à cette période que leurs habitants (les bourgeois) s’organisent en associations commerciales ou religieuses, contestent le pouvoir des seigneurs et obtiennent des chartes de franchise qui leur accordent plus de droits et de liberté.

Encombrées de charrettes, de marchands ambulants, d’animaux errants, les villes sont sales et polluées de déchets organiques et chimiques dus aux métiers de la teinture, de la tannerie, de la boucherie… Les rues étroites sont bordées de hautes habitations souvent insalubres, où les rez-de-chaussée servent de boutique aux artisans.

C’est dans la ville de Saint-Omer, située dans le riche Comté de Flandre, que vit Marguerite, jeune apprentie-couturière. Nous sommes au début du 13e siècle.

Des tissus d’origine naturelle

En compagnie de Marguerite, découvre comment les tissus étaient fabriqués, quels vêtements étaient portés selon son rang social, et aide-la à résoudre les problèmes !

Être enfant au Moyen Âge

Au Moyen Âge, il est inconcevable qu’une femme mariée n’ait pas d’enfants. Considérés comme des dons de Dieu, les enfants sont d’autant plus attendus que la mortalité infantile est importante : un enfant sur trois n’atteint pas l’âge de cinq ans. Dans les campagnes, les enfants travaillent : dès l’âge de huit ans, les garçons participent aux travaux agricoles et les filles aident aux travaux de la maison ou de la ferme. Souvent livrés à eux-mêmes, nombre d’enfants succombent aux accidents domestiques. En ville, dès le 13e siècle, les enfants vont à l’école pour apprendre à lire, écrire et compter, puis sont mis à contribution pour aider leurs parents. Vers l’âge de 13 ans, beaucoup sont mis en apprentissage et se forment à un métier sous la responsabilité d’un maître. La vie est très dure pour les enfants issus de familles pauvres, qui subissent mauvais traitements et abandon, et sont souvent obligés de mendier. La vie des enfants nobles est plus enviable et moins dangereuse : à sept ans, leur éducation est confiée à un précepteur qui leur apprend à compter, lire et écrire en latin. À dix ans, les garçons apprennent le maniement des armes, la chasse et les bonnes manières à la cour d’un seigneur où ils deviendront écuyers puis chevaliers, tandis que les filles apprennent le chant, la musique et les travaux d'aiguille.

Artisans des villes au Moyen Âge

À partir du 11e siècle, le développement des villes s’intensifie avec l’activité marchande et les nombreux métiers de l’artisanat : boulangers, bouchers, poissonniers, tisserands, tanneurs, cordonniers, fourreurs, charpentiers, potiers, tonneliers, apothicaires, etc. installent leurs ateliers et leurs boutiques au rez-de-chaussée des maisons et travaillent devant les passants. Les artisans se rassemblent par profession dans une même rue, donnant ainsi à la rue le nom de leur métier. Les artisans des villes remplissent des tâches très spécifiques et très réglementées par les groupements de métiers. Ces groupements, qu’on appelle également arts, guildes ou hanses, fixent des lois très précises que les autorités des villes doivent approuver. Elles défendent les intérêts du groupe et précisent qui a le droit d’exercer un métier et comment, de valet ou d’apprenti, on peut gravir les échelons pour devenir compagnon ou maître. Les villes et leurs habitants n’échappent pas aux pouvoirs du seigneur, des nobles et des évêques qui prélèvent des impôts, contrôlent la police, exercent la justice. À la fin du 11e siècle, les bourgeois contestent le pouvoir du seigneur et obtiennent de nouveaux droits et davantage de libertés. Les villes se dotent alors d’institutions et de bâtiments communaux (hôtel de ville, beffrois, halles, marchés, fontaines, grand-place, prison…) dont les traces persistent encore aujourd’hui.

La fabrication du drap de laine

Jusqu’au 11e siècle, les tissus sont produits de manière artisanale par les paysans qui cultivent le chanvre, le lin et élèvent des moutons pour la laine. Le coton et la soie, introduits en Europe au 9e et 11e siècle sont rares et réservés aux plus riches.

À partir du 12e siècle, la production de laine s’intensifie et sa qualité s’améliore, notamment grâce aux élevages intensifs de moutons anglais. La fabrication du drap de laine s’industrialise et se concentre dans les villes de Flandre et d’Italie du Nord.

Au Moyen Âge, le drap de laine est la matière la plus utilisée pour confectionner les vêtements. Au printemps, les paysans tondent les moutons avec des ciseaux qu’on appelle des forces. La laine est ensuite battue sur des claies pour être dilatée et nettoyée des impuretés, puis lavée et adoucie dans des bains successifs.

Une fois sèche, elle est cardée et peignée pour dégager les fibres les plus longues. Vient ensuite le filage au fuseau et à la quenouille qui consiste à tirer et tordre les fibres pour obtenir un fil long et solide. La technique de filage s’améliore au 13e siècle avec le rouet à main arrivé de Chine.

Dans son atelier, le tisserand commence par tendre verticalement les fils de chaîne de l’avant à l’arrière du métier. Cette opération s’appelle l’ourdissage. Le tissage consiste ensuite à faire passer les fils horizontaux (appelés fils de trame) entre les fils de chaîne. C’est l’entrecroisement des deux séries de fils qui forme le tissu.

Deux inventions apparaissent au 13e siècle : le métier à tisser à pédales, qui permet de créer des motifs plus complexes, et les moulins à foulon, qui frappent le tissu avec des sortes de marteaux pour l’assouplir et remplacent le foulage au pied.

Une fois le tissu foulé au moulin ou au pied, le teinturier lui applique une couleur. Il fait bouillir le drap dans une cuve avec une teinture d’origine végétale ou animale et un mordant (cendres végétales, cristaux d’alun, vinaigre, urine…) qui sert à fixer la couleur. Cette technique s’appelle le mordançage.

Bestiaire et symbolique des animaux

Au Moyen Âge, les animaux sont très présents dans les tapisseries, la décoration des manuscrits et l’ornementation des chapiteaux dans les églises. À partir du 12e siècle, ils font l’objet de nombreux recueils appelés « bestiaires », où sont décrits des animaux réels et imaginaires et qui visent à enseigner une morale chrétienne. S’appuyant sur la Bible qui regorge d’animaux dont la symbolique est tantôt positive, tantôt négative, les bestiaires mettent en scène des animaux figurant l’affrontement entre le Bien et le Mal qui servent d'exemples pour illustrer les sermons. Le Bien, généralement incarné par l’agneau, le cerf, le lion, la colombe, le phénix… symbolise le Christ ou le bon chrétien. Le Mal se glisse dans la peau du loup, du dragon, de l’ours, du renard… et figure le diable. Tout comme les fables, telles le « Roman de Renart » qui s’inspire de fables antiques et raconte avec humour et malice les querelles entre le goupil - symbole de la ruse, du mensonge et de la trahison - et les animaux de la basse-cour et de la forêt, les bestiaires ont aussi un but satirique. Affublés de caractères humains, les animaux deviennent alors un moyen de critiquer indirectement le pouvoir et la société.

L’habillement des paysans et des seigneurs

Comment s’habille-t-on au Moyen Âge ?

Jusqu'au 13e siècle, qu’on soit noble ou paysan, les vêtements sont amples, superposés les uns sur les autres et ne mettent pas le corps en valeur. Les sous-vêtements des deux sexes se composent de chemises (chainse), de caleçons (braies) et de chausses, sortes de chaussettes plus longues pour les hommes que pour les femmes. Au-dessus, on porte une cotte (tunique pour les hommes et robe pour les femmes) resserrée à la taille par une ceinture ; un surcot avec ou sans manches que les nobles portent sur la cotte ; une cape ou un manteau et un couvre-chef qui peut prendre des formes très variées. À la fin du 13e siècle, la mode chez les nobles est aux poulaines. Ces chaussures très pointues s’allongent démesurément pour montrer l’importance de son rang dans la société. Les vêtements des paysans et des nobles diffèrent par la qualité des tissus et par les couleurs. Alors que les paysans s’habillent avec des vêtements confectionnés en grosse toile de chanvre, de lin ou en laine grossière, de couleur neutre ou éteinte, les nobles portent des habits aux couleurs flamboyantes, fabriqués en fine toile de lin ou de laine, en soie, en fourrure et décorés de broderies. Au Moyen Âge, les couleurs marquent les barrières entre classes sociales. Les couleurs vives, qui nécessitent des pigments et des mordants précieux, sont un signe de richesse et de pouvoir et sont interdites au petit peuple.