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Les idées noires
En 1977, Franquin replonge dans de lointaines influences. Il réinvente
le style d’une bande qui l’avait marqué, tout en silhouettes
noires. A la couleur noire, il associe le récit pessimiste. Tout en modifiant
son dessin, Franquin radicalise son discours et s’éloigne de la
BD enfantine.
Les Idées noires sont des pamphlets d’une virulence inattendue,
que Franquin qualifie de « Gaston trempé à la suie ».
Au lieu de s’exprimer par le biais de son anti héros en faveur de
valeurs positives, l’auteur s’insurge, cette fois sans intermédiaire,
contre des états de faits qu’il juge négatifs. Par une kyrielle
de métaphores graphiques, il livre sa vision alarmiste du monde et de
la condition humaine.
Le discours est spontané, le style aussi : fidèle à son
principe d’origine, Franquin dessine ses sinistres profils en ombres chinoises.
Mais en se remémorant les primitifs flamands, il prend aussi plaisir à s’offrir
une profusion de détails qu’il a coutume d’éviter par
peur de la confusion. D’une parfaite minutie, les Idées noires se
dessinent « à la loupe ».
Gotlib pressent le génie de ce style novateur, qu’il plébiscite
pour son magazine « Fluide Glacial ». Mais Franquin s’inquiète
de la facilité avec laquelle il invente ses gags corrosifs, et craint
de s’enfermer dans un système : « Ces albums étaient
plus pessimistes que révoltés. Cela devenait trop facile, il existe
tant de choses négatives…».
Ainsi, la série s’achève après 64 planches.
Les Monstres pour rire
« Je dessine des monstres, pour le plaisir de la grimace, pour
laisser cours à l’invention pure, pour dessiner enfin ! » André Franquin
dessine son premier Monstre sur une feuille à part, avant de le punaiser
sur le mur d’une case de Gaston. Chaque Monstre, poétique ou effrayant,
pourraitêtre un personnage de série, mais l’idée
ne l’effleure pas. Au contraire, pour Franquin, la mission de ces personnages
est de le distraire de la réalisation exigeante d’une planche. Lorsqu’il
les présente à son public, l’artiste espère faire
peur. Une nouvelle fois, il réussit à le faire rire !
Franquin (Auracan décembre 1993) : "Quand j’ai commencé à dessiner
des monstres j’avais l’impression qu’ils feraient peur. Eh
bien non, ils ont fait rigoler tout le monde… !
Je ne les ai pas dessinés pour les utiliser beaucoup. J’en ai glissé quelques-uns
dans le journal Spirou pour m’amuser. Je ne sais pas du tout ce qu’on
pourrait en faire. Je ne leur prévois pas un usage précis. Pour
l’instant, cela ne me tente pas. J’en dessine encore de temps à autre,
pour en inventer d’autres. J’en ai une collection assez fournie."
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