La politique de transport dans le Rhône,
comme partout en France, s'est jusqu'à il y a trois ans résumée
à une politique routière. Chaque élu réclamait
au nom du développement local sa voie express, l'autoroute
à sa porte.
Les conséquences de cette politique que nous n'avons cessé
de dénoncer sont à présent criantes : outre
les 8 000 morts par an en France en résultent des nuisances
sonores considérables, les pics de pollution
de l'air, une contribution d'environ 40% aux émissions de
CO2, principal gaz à effet de serre, l'accroissement de 40%
en 10 ans du nombre de camions en circulation,
l'étalement inconsidéré des
villes et paradoxalement l'accroissement des embouteillages.
Pour la collectivité, les coûts externes de la route
sont énormes, quatre fois supérieurs à ceux
du rail d'après les résultats d'une étude récente
réalisée conjointement par deux cabinets indépendants
suisse et allemand (Le Progrès de Lyon, 26 août 2000).
Quant au développement, il a plutôt bénéficié
aux métropoles régionales, véritables pompes
aspirantes pour l'emploi. Les Hautes-Alpes jusqu'à présent
dépourvues d'autoroute connaissent un taux de chômage
très bas contrairement à Valence ceinturée
d'autoroutes et desservie par le TGV.
Pour le frêt, les alternatives, certes plus longues à
mettre en œuvre mais combien plus efficaces à long terme,
sont le transport combiné (et le ferroutage pour le franchissement
d'obstacles naturels) ainsi que l'incitation au développement
de circuits économiques courts.
Il est nécessaire dans les 10 ans à venir de doubler
au moins la part relative du rail pour le fret ce qui nécessitera
de sérieux efforts d'organisation et d'investissement de
la part de la S.N.C.F. Pour détourner les véhicules
légers du tunnel de Fourvière, le contournement Est,
déjà en service, a été conçu
pour cela. S'il n'est plus suffisant, n'est-ce pas la preuve que
toute infrastructure routière est vouée, sur un axe
stratégique, à être saturée à
brève échéance (10 ans dans le cas du contournement
Est) si l'on ne dispose pas de solutions alternatives
?
Mais rien n'indique que nous serons écoutés : d'ici
2020 la région lyonnaise détiendra probablement un
record peu flatteur, celui de la plus forte densité autoroutière
en France (et peut-être même d'Europe) puisque, si tous
les projets sont menés à terme, cinq barreaux autoroutiers
existeront en parallèle dans l'axe nord-sud sur une largeur
de 75 km : C.O.L, périphérique lyonnais, contournement
Est, A432 (barreau de Satolas), A48 (Ambérieux-Grenoble).
Est-ce cela que nous voulons pour nos enfants ?
Dans cette bataille contre le développement aveugle la plupart
des associations ne se contentent plus d'essayer de faire dévier
légèrement le tracé pour se mettre à
l'abri des nuisances. Beaucoup ont compris que la réflexion
doit dépasser l'échelon local, intégrer une
analyse des flux de transports européens et remettre en question
l'hégémonie du transport routier.
Livre Vert de l'Environnement dans le
Rhône, 2001
FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection
de la Nature) |