Les hommes ont toujours franchi les Alpes

Les difficultés de franchissement et de circulation qu'offrent les montagnes, ont été à la fois un obstacle et un atout pendant de longs siécles.
La montagne obstacle, inaccessible, infranchissable, va servir de frontière aux entités politiques qui se mettent en place, et de lieu de protection pour les sociétés persécutées. Aujourd'hui encore, les montagnes marquent bien souvent la frontière entre les Etats.
La franchir a longtemps été un exploit qui permettait parfois de surprendre l'adversaire : Hannibal et ses éléphants, Bonaparte et ses hussards.

Hannibal franchissant les Alpes

Bonaparte franchissant les Alpes

 

Jusqu'au XIXème siècle, rares sont les sociétés qui organisent un véritable réseau de communication structuré en milieu montagnard : le besoin ne s'en fait véritablement sentir que dans l'Empire inca qui, du fait de son extension sur l’ensemble des Andes, a besoin de communiquer le plus rapidement possible avec les différentes parties de son immense terrritoire.
Ailleurs, les réseaux sont absents ou embryonnaires : des routes parcourent le fond des vallées les plus plates, quelques axes franchissent les montagnes aux points les moins élevés par des cols d'accès aisé. Les voies romaines restent limitées dans les Alpes. Au Moyen-Age, ce sont encore des chemins muletiers qui voient passer des convois de marchands en route pour les foires de Lyon, de Genève ou les pélerins qui se rendent à Rome.

Avalanche sur un convoi muletier

 

La diligence Lyon-Turin à Lanslebourg au début du XIXème siècle

Les premières routes ont un objectif stratégique : la route du col du Mont-Cenis (2084 m), voulue par Napoléon fut la première grande traversée carrossable France-Italie en 1805, un an avant la route du col du Simplon. Les diligences empruntent ces voies nouvelles.

 

 

 

Au XIXème siècle, l'essor industriel stimule les échanges et nécessite des voies de communication : les montagnes ne peuvent plus et ne doivent plus être un obstacle à la circulation des hommes et des marchandises. La nécessité de faciliter le franchissement des grands massifs s'impose, notamment dans les Alpes qui connaissent alors deux changements radicaux :
- l'arrivée du chemin de fer,
- l'industrialisation des grandes vallées alpines.

 

 

 

Le chemin de fer du Mont-Cenis 1868

Les progrès des techniques de construction alliés au développement de la sidérurgie permettent la réalisation de percées héroïques alliant tunnels et ponts audacieux. Ces exploits défraient la chronique de l'époque, glorifiant les Etats qui les réalisent et la technologie qui les rend possibles. Ce sont des défis techniques et humains qu’a représenté le percement des premiers tunnels ferroviaires à la fin du XIXe et au début du XXe siècles (chemin de fer Fell sur le mont Cenis en 1868; Fréjus 1871; Saint-Gothard 1882 ; Simplon 1906 et 1922 ; Lötschberg 1913).


Depuis, les prouesses se succédent : la longueur des ponts et des tunnels s'accroit pour dépasser plusieurs dizaines de kilométres.

 

Trois générations de franchissement des Alpes :


- les cols, franchis à pied, à cheval, en diligence, puis en automobile jusqu’à la fin du XIXe siècle.

- les tunnels d’altitude qui, moins élevés que les cols, ont permis, d’abord au chemin de fer puis à la route, un franchissement plus rapide : 12 kms pour le tunnel du Fréjus en 1871 à 1300 mètres d’altitude ; 14,8 kms pour le Saint-Gothard en 1882 à 1150 mètres d’altitude ; 19,8 kms pour le Simplon en 1906 mais à 700 mètres d’altitude), puis à l’autoroute : Grand-Saint-Bernard 1964, Mont-Blanc 1965 ; Petit-Saint Bernard 1967 ; Brenner 1972 ; Fréjus et Saint Gothard 1980.

- les tunnels de base, qui, au début de ce XXIème siècle, vont permettre à de longs trains (fret et voyageurs), de franchir les Alpes à grande vitesse grâce à des percées à basse altitude, soit 500 à 700 m, peu pentues et à large gabarit, et ainsi de rattraper, face à l’augmentation des trafics le retard pris par le rail par rapport à la route depuis plus d’un siècle.

Question :

Montrer à partir des différents documents de cette page que les Alpes n'ont jamais été une barrière infranchissable.