Pierolapithecus : ancêtre commun de l'homme et du singe ?

Un primate vieux de quelque 13 millions d'années, qui pourrait avoir été le dernier ancêtre commun de l'homme et des grands singes, a été découvert en Espagne, annonce la revue Science.

Par AFP, le 03/12/2004

Un primate vieux de quelque 13 millions d'années, qui pourrait avoir été le dernier ancêtre commun de l'homme et des grands singes, a été découvert en Espagne, annonce la revue Science*.

Pierolapithecus catalaunicus

Décrit à partir d'un squelette partiel assez bien conservé, ce nouvel hominoïde a reçu le nom de Pierolapithecus catalaunicus (“singe catalan de Pierola“), précise Salvador Moyà-Solà, de l'Institut de Paléontologie Miguel Crusafont à Barcelone, et ses collègues. Ce nom scientifique fait référence à Hostalets de Pierola, village proche du site de la découverte, près de Barcelone, en Catalogne.

L'anatomie du pierolapithèque ainsi que son âge, estimé entre 12,5 à 13 millions d'années (miocène moyen), suggèrent qu'il était “probablement proche“ du dernier ancêtre des grands singes actuels et des humains, soulignent les scientifiques. Les grands singes comprennent aujourd'hui trois espèces africaines - le chimpanzé commun (Pan troglodytes), le bonobo (Pan paniscus, autrefois appelé chimpanzé pygmée) et le gorille (Gorilla gorilla) - et une espèce asiatique, l'orang-outan (Pongo pygmæus).

Les restes d'hominoïdes remontant à la période de l'émergence des ancêtres des grands singes qu'est le miocène moyen demeurent rares. Les fossiles connus à ce jour découverts jusqu'ici (kenyapithèque, morotopithèque, afropithèque...) proviennent d'Afrique orientale. Les auteurs de l'article de Science estiment par ailleurs que le pierolapithèque pouvait vivre aussi en Afrique. Mais alors que les fossiles précédents présentaient une morphologie primitive, identique à celle des singes inférieurs, le singe de Catalogne permet pour la première fois d'étudier un spécimen aux formes modernes, relèvent-ils.

Les restes sont probablement ceux d'un mâle de 35 kg environ. La forme de ses dents indique qu'il était frugivore. Sa cage thoracique est large et aplatie, les omoplates situées dans le dos (celles des autres singes étant fixées sur les côtés comme chez le chien), le bas de sa colonne vertébrale est rigide et ses poignets permettent une rotation assez élevée de la main. Tout cela, résument les chercheurs, facilite une posture droite et donne la possibilité de grimper aux arbres.

Le pierolapithèque présente cependant aussi des traits plus primitifs, comme une face en pente et des doigts et des orteils plus courts par rapport à ceux des grands singes actuels. Le primate nouvellement identifié devait donc se suspendre moins souvent que ses descendants, ce qui laisse entendre, ajoutent les chercheurs, que ce type de locomotion caractéristique des espèces d'aujourd'hui est apparu ultérieurement et peut-être en plusieurs étapes.

Selon les hypothèses actuelles, l'homme et les grands singes ont continué à évoluer encore pendant plusieurs millions d'années après la période de l'existence de Pierolapithecus catalaunicus. Les derniers compagnons restés ensemble sur la route de l'évolution, les ancêtres directs des humains et des chimpanzés, se seraient séparés il y a 6 à 7 millions d'années.

* Science, vol. 306, p. 1.339 (19 novembre 2004)

AFP le 03/12/2004