Plan greffe : objectif atteint, et pourtant...

La barre des 20 prélèvements d'organes par million d'habitants fixée par le “plan greffe“ français vient d’être atteint. Mais la disponibilité de greffons est toujours loin de satisfaire la demande de transplantations.

Par Isabelle Bousquet Maniguet, le 23/03/2005

Prélèvements et greffes d’organes en forte augmentation…

Greffes d'organes en France en 2004

Pour la première fois en France, le taux de prélèvement d’organes a dépassé le seuil de 20 par million d’habitants (20,9). 1 290 donneurs décédés ont été prélevés en 2004, soit une augmentation de 15% par rapport à 2003. Et 3945 greffes ont été réalisées, soit 530 de plus que l’année précédente.

Pour autant, le nombre de personnes inscrites sur liste d’attente continue d’augmenter (+1,9%). Au 31 décembre 2004, 6707 personnes étaient toujours en attente d’une greffe sur les 11000 qui en avaient besoin cette année-là.

 


« Nous sommes obligés de réserver
les greffons à ceux qui ont le plus
de chance de survivre longtemps. »


Professeur Philippe Wolf

Dates clés et chiffres sur les transplantations d'organes

Evolution de l'activité de greffe entre 1998 et 2004



1959 : première transplantation du rein
1967 : première transplantation du cœur
1972 : première transplantation du foie
1976 : première transplantation du pancréas
1981: première transplantation du bloc cœur-poumon
1987 : première transplantation du poumon

En 2004, plus de 11 000 personnes ont eu besoin d'une greffe d'organe. Chaque année, environ 4 500 nouveaux patients viennent s'inscrire sur les listes d'attente.

Avec près de 21 prélèvements par million d'habitants (20,9), la France est à peu près au même niveau que l'Italie (18) et le Portugal (22) mais toujours loin derrière l'Espagne (34).

… grâce à un meilleur recensement des donneurs décédés

Nombre de décès avant greffe

Pour une greffe, seuls peuvent être prélevés des organes sur le corps d'une personne en état de mort encéphalique, c'est-à-dire dont le cerveau ne fonctionne plus mais dont le cœur bat encore. Un état très rare qui ne concerne que 2000 décès sur les 500 000 constatés chaque année en France, et très instable.

Il faut donc repérer les cas de morts encéphaliques suffisamment tôt pour pouvoir les prélever. L’augmentation constatée en 2004 semble être le fruit d’un plus gros effort de coordination et de recensement des donneurs, notamment des donneurs dont la cause de décès est l’accident vasculaire.

Obstacles aux prélèvements d'organes

Dons d'organes et refus : quelques chiffres

Seulement la moitié des donneurs potentiels sont prélevés. Dans 1/3 des cas, le prélèvement ne peut se faire pour cause de refus de la part de la famille et dans près d'1/5 des cas, à cause des antécédents du donneur ou d'obstacles médicaux ou logistiques.

Les donneurs vivants

Greffes de foie et rein en France

Pour certains organes non vitaux, les médecins peuvent faire appel à des donneurs vivants. La nouvelle loi de bioéthique adoptée en juillet 2004 a prévu d’élargir le cercle des donneurs potentiels pour les dons d'organes entre vivants : grands-parents, oncles, tantes, conjoint du père ou de la mère du receveur, cousins germains, ou toute personne apportant la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans avec le receveur. Mais les décrets d’application n’ont toujours pas été signés à ce jour.

Greffes de reins, donneurs vivants ou décédés

En France, les dons d'organes entre vivants – rein et foie – représentent seulement 5% de l'ensemble des greffes. Ils sont destinés les plus souvent aux enfants, les donneurs étant le père ou la mère. À l'hôpital Necker-Enfants malades à Paris, 25 à 30% des greffes rénales font appel à un donneur vivant.

En Espagne, pays ayant l'activité de prélèvement la plus élevée au monde, le taux de greffes rénales avec donneurs vivants est bas (moins de 2%) mais il est compensé par un taux élevé de prélèvement chez les sujets décédés.

Aux États-Unis, en revanche, 42% des greffes rénales effectuées en 2002 ont fait appel à un donneur vivant.

Comment faire face au manque de greffons ?

Les scientifiques et les médecins cherchent d'autres solutions à la greffe qui reposent sur l'utilisation d'organes d'animaux (xénogreffes), d'organes artificiels ou encore sur de nouvelles méthodes qui consistent non plus à greffer des organes mais uniquement les cellules qui les composent.

Depuis quelques années, les recherches sur ces cellules, appelées cellules souches, se multiplient, chez l’animal mais aussi chez l’homme. Cette nouvelle voie de recherche, appelée thérapie cellulaire, pourrait constituer une alternative intéressante aux greffes d’organes.

Réactualisation : Lise Barnéoud

Isabelle Bousquet Maniguet le 23/03/2005