Il y a trente ans, pour rendre compte de l'extrême diversité du monde vivant, un mot était inventé : biodiversité. Depuis, 1,8 million d'espèces ont été décrites. Une goutte d'eau compte tenu des 10 à 30 millions d'espèces qu'il resterait à découvrir. Mais il faut faire vite : les espèces disparaissent actuellement à une vitesse sans précédent.
Près de 17 000 espèces découvertes en 2005…
Selon les scientifiques, 80% de la biodiversité reste encore à découvrir. Pas étonnant donc que chaque année, des milliers de nouvelles espèces viennent allonger le grand catalogue des êtres vivants sur Terre.
Pour l'année 2005, la Commission internationale de nomenclature zoologique annonce ainsi près de 17 000 nouvelles descriptions d'espèces. Mais même à ce rythme-là, il faudrait plus d'un demi siècle pour espérer faire le tour de la biodiversité de la planète…
Certains régions du monde, notamment les tropiques, sont plus prolifiques que d'autres. Ainsi, lors d'une expédition en Nouvelle-Guinée (Papouasie), menée par l'association écologique Conservation International en 2005, plus d'une douzaine d'espèces inconnues ont pu y être observées.
La découverte de nouvelles espèces se fait aussi de plus en plus … dans les laboratoires ! L'analyse du matériel génétique de certains manchots a par exemple permis d'élever au rang d'espèce les Gorfous sauteurs, jusqu'alors considérés comme une sous-espèce des manchots de Crozet et de Kerguelen.
Toutefois, la star des espèces nouvellement décrites en 2005 est incontestablement ce petit singe aux longues moustaches. En effet, ses caractéristiques génétiques ne correspondent à aucun genre de primate connu. Mieux qu’une nouvelle espèce, c’est donc un nouveau genre qui a été créé pour ce primate de Tanzanie.
…mais aussi 16 000 menacées d’extinction
Si l'on découvre chaque année de nouvelles espèces, on sait aussi qu'au moins 16 119 espèces sur les 40 000 étudiées par les spécialistes de l'Union mondiale pour la nature (IUCN) sont aujourd'hui menacées d'extinction.
Selon une étude publiée dans Science le 7 juillet 2006, cela concerne 32,5% des espèces d'amphibiens sur les 5743 décrites et près d'une centaine auraient même déjà disparu au cours de ces 25 dernières années.
Parmi les causes de ces extinctions : le réchauffement de la planète. Désormais classé comme « vulnérable » dans la liste rouge de l'UICN, l'ours polaire est voué à devenir l'une des plus célèbres victimes du réchauffement climatique.
Toutefois, il n'y a pas que dans les pôles ou dans les tropiques que des espèces disparaissent. Le pourtour méditérannéen est également concerné. Cette région du monde abrite en effet près de 25 000 espèces de plantes, dont 60% n'existent nulle part ailleurs. Certaines d'entre elles, dont la Buglosse crépue, sont en danger critique d'extinction.
Une balance déséquilibrée
C'est une loi de l'évolution : certaines espèces apparaissent, d'autres disparaissent. Les scientifiques estiment ainsi que 99% des espèces qui ont vécu sur Terre depuis l'origine de la vie ont aujourd'hui disparu.
Jusqu'à présent, les mécanismes d'adaptation qui permettent à de nouvelles espèces de naître ont toujours contrebalancé les processus d'extinction. Mais ils demandent du temps : des milliers, voire des millions d'années.
Or, depuis quelques centaines d'années, les processus d'extinction s'accélèrent. Selon les estimations, le rythme de ces disparitions serait 100 à 1000 fois supérieur aux taux d'extinction naturelle. Et l'homme, qui pollue et grignote les habitats naturels, en serait le principal responsable.
Résultat : les mécanismes d'adaptation ne peuvent plus suivre. La balance est clairement déséquilibrée. Reste à connaître l'ampleur de ce déséquilibre…et ses conséquences sur l'ensemble du vivant.