Grippe aviaire : le virus est-il de retour ?

Après six mois de sommeil, la grippe aviaire refait son apparition en Asie, en Afrique, mais aussi en Europe. Face à ce regain d'épizootie, la France vient de décider de renforcer son dispositif de protection et de surveillance contre le virus H5N1, responsable de la maladie.

Par Olivier Boulanger, le 06/02/2007

Un risque jugé « faible » pour la France

Avis de l'Afssa

Après la découverte de deux foyers européens, en Hongrie, mais surtout en Grande-Bretagne, le gouvernement français a décidé le 5 février de renforcer son dispositif de protection et de surveillance contre le virus H5N1 responsable de la grippe aviaire : une décision prise selon les préconisations de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qui a considéré que le niveau de risque pour la France devait désormais passer de « négligeable » à « faible ».

Le dispositif déjà en vigueur va être complété par un renforcement de la surveillance des oiseaux sauvages, et par l'interdiction des lâchers de pigeons dans certaines zones sensibles. Le transport des « appelants », c'est-à-dire les oiseaux élevés par les chasseurs en vue d'être utilisés sur les plans d'eau pour attirer leurs congénères sauvages, est également prohibé. Des mesures plus précises doivent être annoncées dans les prochains jours par le gouvernement.

Deux foyers européens

L'inquiétude de la France intervient donc après la découverte en Europe de deux foyers, les premiers depuis le début de l'année, mais aussi depuis la dernière alerte intervenue en août 2006 dans un élevage situé à Dresde, en Allemagne.

Après la découverte d'un foyer près de Holton en Angleterre, une zone de surveillance de 10 kilomètres a été mise en place autour de l'élevage incriminé.

Cette fois-ci, le virus – dans sa forme asiatique la plus virulente – est apparu en Hongrie fin janvier, et en Grande-Bretagne début février. Chez nos voisins d'outre-Manche, c'est un élevage de dindes situé à Holton dans le Suffolk (au sud-est de l'Angleterre) qui a été touché. Le 3 février, plus de 3000 volailles avaient été retrouvées mortes dans leur hangar. Les autorités britanniques ont aussitôt entrepris l'abattage des 159 000 dindes de tout l'élevage.

Comme en France l'an dernier, une zone de protection de trois kilomètres de rayon a été mise en place autour de l'élevage ainsi qu'une zone de surveillance de dix kilomètres où la circulation est réduite et où les volailles doivent être isolées des oiseaux sauvages. Reste maintenant à comprendre comment des animaux enfermés ont pu être contaminés.

L’Asie et l’Afrique plus durement touchées

Il convient néanmoins de relativiser la gravité de l'épizootie en Europe : l'an dernier, à la même époque, 14 membres de l'Union européenne étaient touchés. Par ailleurs, depuis le début de l'épidémie, en 2003, l'Europe n'a eu à déplorer aucune victime humaine. Il n'en est pas de même en Asie où, cette année encore, de nombreux foyers se sont déclarés (en Indonésie, en Chine, au Japon, en Thaïlande,  en Corée...) et le virus a déjà fait plusieurs victimes.

L'Indonésie est sans conteste le pays qui paye ici le plus lourd tribut. À ce jour, 81 personnes ont contracté le virus et 63 en sont mortes. Et depuis le début de l'année, cinq personnes sont décédées de la maladie. Dès la mi-janvier, le gouvernement indonésien a pris des mesures drastiques en interdisant la présence de toute volaille dans les zones résidentielles, entrainant la fermeture des marchés aux oiseaux et des abattoirs situés dans les villes. Des mesures de restrictions particulièrement difficiles pour une population dont la source de protéines principale provient bien souvent des volailles.

Mais le virus fait aussi son chemin en Afrique. Les autorités nigériennes ont ainsi annoncé qu'une jeune femme de 22 ans était décédée le 16 janvier des suites de la grippe aviaire. Sa mère, décédée le 4 janvier, présentait les mêmes symptômes mais aucun examen n'a été réalisé sur elle. L'OMS collabore dès à présent avec le gouvernement nigérien pour empêcher la situation de s'aggraver.

Le cas de l'Egypte est tout aussi préoccupant. Depuis le début de l'année, trois personnes sont décédées de la maladie, portant à treize* le nombre de personnes mortes de la grippe aviaire depuis l'apparition de l'épizootie dans le pays, en février 2006. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) signale surtout que des mutations du virus ont été décelées chez certaines de ces victimes : une variante qui pourrait être résistante au Tamiflu, le médicament utilisé couramment pour traiter la maladie.

Depuis le début de l'épizootie, en 2003, la grippe aviaire a touché dans le monde 278 personnes et elle en a tué 168*.

* chiffres mis à jour le 12 mars 2007

Olivier Boulanger le 06/02/2007