Séisme du Sichuan : une région hautement sismique depuis toujours

Après le séisme de magnitude 8 qui a frappé la province du Sichuan, la Chine s'attend à un très lourd bilan, probablement plus de 65 000 morts et 23 000 disparus. Le risque sismique de cette région est pourtant connu depuis des siècles.

Par Olivier Boulanger, le 23/05/2008

65 080 morts et 23 150 disparus

Plus d'une semaine après le séisme de magnitude 7,9 qui a ravagé lundi 12 mai 2008 la région du Sichuan, la Chine se prépare à un très lourd bilan. De jour en jour, les chiffres des victimes ne cessent de croitre et l'espoir de retrouver des survivants dans les décombres demeure désormais improbable : selon les experts, les chances de survie diminuent très rapidement dès le troisième jour.

Les dernières estimations, données par le gouvernement chinois, font ainsi état de 65 080 morts, 23 150 disparus et 360 000 blessés. Des chiffres qui font de ce séisme le plus grave que le pays ait connu depuis celui de Tangshan, près de Pékin, en 1976, qui avait fait 242 000 morts. Pour le premier ministre Wen Jiabao, ce nouveau tremblement de terre est même plus dévastateur en raison de la superficie touchée : plus de 100 000 km² (environ trois fois la Belgique). Selon des estimations de l'agence Chine Nouvelle, 216 000 édifices ont ainsi été détruits dans la province dont 6 898 établissements scolaires.

Des conditions difficiles pour les secours

Des secouristes chinois à l'œuvre dans la ville de Yingxiu, le 17 mai 2008.

130 000 soldats de l'Armée de libération ont été déployés dans la région. Malgré cela, l'avancée des premiers secours a été retardée en raison de l'état des routes. Par ailleurs les conditions climatiques ont rendu les interventions particulièrement difficiles. Des pluies torrentielles se sont en effet abattues sur la région durant les premiers jours après la catastrophe. Les glissements de terrain sont désormais nombreux et, le 19 mai, le ministère des Transports a annoncé que plus de 200 sauveteurs avaient été ensevelis dans des coulées de boue.

Historiquement, le gouvernement chinois avait toujours refusé l'aide étrangère. Mais face à l'ampleur du désastre, il a accepté pour la première fois de laisser entrer des équipes de pays voisins, comme le Japon, la Russie, la Corée du Sud et Singapour.

Une zone fortement sismique

Schéma simplifié des grandes failles de l'Asie.

« Le catalogue des séismes en Chine est particulièrement bien connu, c'est d'ailleurs l'un des meilleurs au monde, fait remarquer Robin Lecassin, sismologue à l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP). La richesse des archives nous permet, dans certains cas, de reconstituer l'historique des séismes sur près de 2000 ans ! On sait ainsi que la région a déjà connu de tels tremblements de terre. »

Robin Lacassin, sismologue à l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP)

La province de Sichuan se situe en effet non loin de la zone de confrontation entre les plaques indienne et eurasienne. Depuis 50 millions d'années, le sous-continent indien remonte vers le nord. Sa collision avec le continent asiatique – qui est d'ailleurs à l'origine de la chaine himalayenne – se poursuit encore aujourd'hui à la vitesse d'environ 5 centimètres par an. Il en résulte que les séismes sont nombreux, et très souvent meurtriers, sur tout le pourtour du plateau tibétain. Pour autant, Robin Lacassin rappelle qu'il faut bien distinguer les dégâts de la magnitude du séisme. « Bien entendu, pour faire beaucoup de dégâts, il faut un séisme de magnitude suffisante. Mais ce qui compte, c'est la présence ou non de constructions et d'habitations sur le lieu du séisme, et aussi la qualité de ces constructions. » Défauts de construction ou normes anti-sismiques non respectées : face aux protestations de plus en plus vives dans le pays, Pékin a décidé d'ouvrir une enquête...

Olivier Boulanger le 23/05/2008