La dépollution des sols français en question

Les deuxièmes Rencontres nationales de la recherche sur les sites et sols pollués ont eu lieu à la Maison de la Chimie à Paris. Durant deux jours, débats et ateliers ont permis de dresser le bilan de l'état de pollution des sols français.

Par Romain Lejeune, le 22/10/2009

Le sol, ce grand régulateur

Un sol constamment menacé

Quoi de plus commun que le sol sur lequel nous marchons ? Cette interface entre la lithosphère et la biosphère est indispensable à l'existence de l'homme sur Terre. Lors du colloque national organisé par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) les 20 et 21 octobre 2009, environ 500 participants ont débattu de l'avenir des sols français. « L'espèce humaine ne serait probablement pas là sans le sol. Grâce à lui, les algues ont cessé de coloniser l'espace », explique Pierre Stengel, directeur scientifique à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Vecteur de stockage de carbone, de régulation hydrique, de production alimentaire et de biomasse, le statut du sol est évolutif et remplit différentes fonctions. Économique d'une part (le sol supporte toutes les infrastructures), ce patrimoine géré par l'homme est aussi une source écologique primaire qui est aujourd'hui menacée.

Du classement à la réhabilitation

Érosion, contamination par des pesticides et des métaux lourds... les dégâts portés sur le sol contribuent à une diminution de sa teneur en matières organiques (hydrogène, oxygène, etc.) Pour identifier les zones à risque, des prélèvements d'échantillons accompagnés d'analyses chimiques sont effectués et déterminent la nocivité du lieu étudié. Lorsque les sites évalués sont classés à risque, des travaux de dépollution (pompage d'eau souterraine, purification des eaux extraites, etc.) sont régulièrement effectués afin de les rendre à nouveau exploitables.

Une dépollution qui, selon Chantal Jouanno, secrétaire d'État à l'Écologie, doit se faire à plusieurs niveaux. « Il faut non seulement réhabiliter les chantiers concernés par ces pollutions mais surtout mettre l'accent sur la dimension sociale lors des travaux engagés, en instaurant un vrai dialogue avec les habitants. Lorsqu'un sol localisé sur une habitation doit être dépollué, il est délicat de faire accepter aux gens de se déplacer le temps des travaux ». Des réflexions qui s'inscrivent dans le cadre du projet de loi Grenelle II, adopté par le Sénat le 8 octobre 2009.

Une dépollution fondamentale

Le sol est mort !

Cette année, 30 sites français ont été dépollués. De son côté, l'Ademe en recense 500 000 définis comme potentiellement dangereux pour la santé humaine.  « Ce nombre important de zones à risque est lié aux nombreux outils de surveillance qui ont été mis en place », explique Philippe Van de Maele, président de l'Ademe, qui contribue entre autres à la mise en sécurité des sites orphelins (sites pollués à l'abandon). L'Ademe gère également un fonds de 20 millions d'euros débloqués par le gouvernement, suite au plan de relance instauré en décembre 2008. Ce financement permet de fixer un cadre pour le traitement des déchets et des sols pollués, et de promouvoir des projets d'urbanisme plus vertueux.

À l'échelle européenne, une directive sur les sols est envisagée, même si aujourd'hui il n'existe toujours pas de loi commune qui contribuerait à une dépollution globale. En France cependant, les recherches se poursuivent et tendent à s'intensifier pour que le sol ne reste pas, comme le souligne Pierre Stengel, « l'oublié des politiques environnementales ».

Les projets de demain

Pour enrayer cette pollution, de nombreuses missions sont en cours. « Objectif Terre 2020 », un plan présenté en février 2009 par l'ancien ministre de l'Agriculture et de la Pêche Michel Barnier, vise à développer un modèle agricole plus durable et à relever différents défis écologiques : anticiper la raréfaction de l'eau, elle aussi touchée par la pollution, ou préserver les sols exploitables (87% des sols français sont boisés ou agricoles). Autre exemple, en septembre 2008, naît « Ecophyto 2018 », un projet qui prévoit une réduction de 50% des pesticides : les produits phytosanitaires contaminent particulièrement les terres cultivables.

Romain Lejeune le 22/10/2009