Lutte biologique contre pesticides : un combat inégal ?

Sur l’ensemble du vingtième siècle, le pourcentage des pertes causées aux récoltes par les ravageurs est resté stable, de l'ordre de 30 %, malgré l’usage abondant de pesticides : leur marché en Europe devrait approcher 8 milliards d'euros en 2004. Y a-t-il des alternatives crédibles à cette lutte chimique ?

Par Philippe Dorison, le 02/10/2003

Un combat coûteux

D’un côté, des centaines de millions de tonnes de produits agricoles perdus, soit des milliards de dollars consommés par toute une variété de ravageurs. De l’autre, des milliards de dollars dépensés en traitements phytosanitaires. Ce bilan global et grossier, qui ne tient compte ni des impacts sur l’environnement, ni des profits de l’industrie chimique, n’est pas d’une grande utilité à l’agriculteur placé devant un choix apparemment simple : voir une partie de sa récolte disparaître ou l’arroser de pesticides ?

À l’évidence, la plupart des exploitants choisissent de lutter. Le marché phytosanitaire mondial a par exemple augmenté de 5 % entre 1997 et 1998, avec une croissance particulièrement forte (+12,5 %) en Amérique latine.

Si les pays industrialisés représentent les plus gros consommateurs de pesticides, ils en sont aussi les seuls fabricants. Environ 40 % du marché mondial est consommé par des pays qui ne produisent pas de produits phytosanitaires.

L’alternative de la lutte biologique

Plutôt que de tuer les nuisibles par une action chimique, ne serait-il pas possible de les faire disparaître grâce à un autre agent vivant (microorganisme, champignon, insecte,…) ? C’est la question qui est à la base de la lutte biologique. Et c’est notamment celle qui se pose aux agriculteurs ayant choisi de produire « bio » et qui ne peuvent donc utiliser de pesticides chimiques.

Des solutions existent et certaines sont efficaces. Elles apportent en général une réponse très spécifiques à un problème donné, demandent souvent plus de main d’œuvre et leur coût peut être plus élevé que celui de la lutte chimique.

En volume, le marché des bio pesticides reste confidentiel et stagne à environ 1 % du marché mondial des pesticides.

Et les OGM ?

On pourrait les considérer comme des “pesticides génétiques“, car ils peuvent avoir la capacité de produire eux-mêmes des protéines qui tuent ou repoussent leurs agresseurs.
Mais dans bien des cas, le matériel génétique qui leur a été rajouté leur permet de résister aux pesticides et herbicides sans en être eux-mêmes affectés. On est alors ramené au cas de la lutte chimique.

Philippe Dorison le 02/10/2003