Elevage : les bovins de demain sortiront-ils des laboratoires ?

Annoncé depuis le mois de mars, le projet de séquençage du génome bovin doit se mettre en route à partir de l’automne 2003. Les résultats qui en sont attendus sont-ils de nature à induire des modifications dans la sélection des races d’élevage et, à terme, dans notre assiette ?

Par Philippe Dorison, le 10/10/2003

Pourquoi le séquençage ?

Le « livre blanc » établi pour convaincre le NHGRI* de mettre en route le projet de séquençage du génome bovin fait peu référence aux bénéfices attendus en matière de production de viande ou de lait. Il insiste surtout sur l’intérêt des comparaisons à établir avec le génome humain et l’utilisation accrue qui pourrait être faite des bovins comme modèles dans les recherches sur la santé humaine. Il base aussi son raisonnement sur la maîtrise de la sélection des différences races, obtenue par des siècles d’élevage, et qui permettra de relier des connaissances biologiques et morphologiques déjà acquises aux caractéristiques génétiques qui seront découvertes. Ce projet, tout comme les travaux sur le clonage bovin, concerne donc plus les chercheurs dans leurs laboratoires que les éleveurs dans leurs étables.

*NHGRI : National Human Genome Research Institute.

Pourquoi le clonage ?

Bien que parfois très médiatisées, les tentatives de clonage animal, et notamment bovin, n’ont pas eu de répercussions fortes sur les pratiques d’élevage. Marguerite, premier bovin cloné en France dans les laboratoires de l’INRA en 1998, n’a vécu que six mois avant de mourir d’anémie. On dénombre environ un millier de veaux nés de ces techniques à travers le monde et certains se portent bien. Ainsi, cinq vaches chinoises nés par clonage ont été fécondées en juin 2003. Leurs neuf autres « jumelles » nées de la même expérience n’avaient pas survécu.

Globalement, les bovins clonés restent des animaux de laboratoire, qui peuvent surtout fournir des modèles d’études. Ils peuvent permettre par exemple de tester les effets de certains régimes alimentaires ou de certains traitements, sachant que les différences de réponses qu’ils pourront présenter ne tiendront pas à des variations de leur patrimoine génétique.

Croisement et insémination

S'ils prêtent une grande attention aux caractéristiques génétiques de leur bétail, les éleveurs travaillent à maîtriser ces paramètres par des techniques beaucoup plus traditionnelles et surtout moins coûteuses. La plus employée est l’insémination artificielle, qui permet de sélectionner les races d’animaux les plus intéressants dans l’optique de telle ou telle production alimentaire (lait ou viande, principalement) et les plus adaptés à l’environnement dans lequel ils seront élevés, tout en maintenant une variabilité génétique garante de la santé de l’espèce.

Philippe Dorison le 10/10/2003