Hypertension artérielle : un combat planétaire

L’hypertension fait partie des dix principaux facteurs de risque retenus par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En France, environ 8 millions de personnes seraient concernées, mais près de la moitié ne le savent pas.

Par Isabelle Huau, le 10/11/2003

Hypertension et longévité

Selon une étude américaine publiée en octobre 2003, il est possible de gagner de deux à trois ans d’espérance de vie en faisant baisser sa tension artérielle lorsque celle-ci est trop élevée. Ce bénéfice pourrait être encore supérieur chez les personnes qui cumulent l’hypertension avec un autre facteur de risque, comme le diabète. Ces résultats ont été obtenus par des calculs statistiques appliqués à un échantillon de 57 573 hommes et femmes.

Bien qu’elle ne soit responsable directement que de très peu de décès (4,6 pour 100 000 habitants en France, selon la Direction générale de la santé), l’hypertension est très souvent associée à des maladies graves (accidents vasculaires cérébraux, maladies coronariennes, insuffisances cardiaques…).

Selon le rapport de l’OMS, 5 facteurs de risque, souvent conjugués, sont à l’origine de 75% des maladies cardiovasculaires : taux de cholestérol trop élevé, hypertension, tabagisme, consommation insuffisante de fruits et légumes, sédentarité.

En France, quelques chiffres sur l’hypertension

La Direction générale de la santé (DGS) évalue à 48% des hommes de 35 à 64 ans et 37,4% des femmes de la même tranche d’âge le nombre des hypertendus, soit près de 8 millions de personnes. Chez 48% de ces hommes et 35% de ces femmes, l’hypertension n’est pas diagnostiquée. Elle n’est traitée que dans 38% des cas. Pourtant, l’hypertension génère en France une prescription annuelle de médicaments évaluée à 1,3 milliard d’euros.

Une négligence dangereuse

Que peut-on faire de plus pour détecter les hypertendus ? Prof. Alain Guiomard, service de cardiologie ( Hôpital Foch )

A peine plus de la moitié des quelque 8 millions de Français concernés par l'hypertension (HTA) seraient diagnostiqués. Parmi ceux-ci, un tiers des patients sont correctement soignés.

Pour améliorer la prise de conscience sur cette question, La campagne d'action 2004 du Comité français de lutte contre l'HTA (CFLHTA) porte sur l'automesure. Près d'un million de français hypertendus possèdent déjà un appareil leur permettant de mesurer eux-mêmes leur tension artérielle.

De 20 à 34 ans les hommes présentent deux fois plus de risques d'hypertension artérielle que les femmes. Cette disparité existe jusqu'à 55 ans, âge auquel survient la ménopause. Les femmes perdent alors leurs protections hormonales contre les maladies cardiovasculaires. Après 65 ans, une femme sur deux et un homme sur trois sont hypertendus.

On estime que 5% des hypertensions sont dues à une cause précise, par exemple au dérèglement de la glande surrénale. Dans les autres cas, on ne connaît pas la ou les causes mais on sait qu’un certain nombre de facteurs peuvent favoriser l'hypertension : l’hérédité, l'obésité, le stress, l'alcool, la pilule contraceptive, l'âge…

Un problème de pression

L'hypertension est liée à une élévation permanente de la pression du sang dans les artères. Lorsque le cœur se contracte et se vide, la pression est maximum, puis elle retombe lorsque le cœur se relâche et se remplit.

Des valeurs sont définies pendant ces deux phases : la pression systolique ou maxima qui est la plus élevée et la pression diastolique ou minima. Plus la circulation du sang est difficile dans les artères, plus la pression est élevée. Une personne est considérée comme hypertendue lorsqu'au repos, la pression systolique dépasse 140 mm de mercure et/ou la pression diastolique est supérieure à 90 mm de mercure.

Un chiffre élevé de la pression diastolique montre que les artères manquent d'élasticité, contraignant le cœur à une surcharge de travail et le fatiguant prématurément. Avec l'âge, les artères perdent de leur souplesse. Cette perte d'élasticité est due à des dépôts de graisse (plaques d'athérome) qui durcissent les parois, entraînant l'hypertension.

L'hypertension elle-même a un effet direct sur les parois des artères : elle altère ces parois et favorise le dépôt de graisse notamment au niveau des coronaires, contribuant ainsi à entretenir l'hypertension. Il existe un véritable cercle vicieux entre hypertension artérielle et athérosclérose. Les personnes hypertendues sont plus sujettes aux angines de poitrine, infarctus, accidents vasculaires cérébraux, insuffisances rénales... Un accident vasculaire sur deux, soit environ 150 000 par an, touche un hypertendu.

Traitement et prévention

Les traitements hypertenseurs sont-ils efficaces ? Prof. Alain Guiomard, service cardiologie (Hôpital Foch)

Une certaine hygiène de vie est recommandée pour abaisser la pression artérielle : arrêt du tabac, perte de poids si nécessaire, limitation de la consommation d’alcool, activité physique régulière, alimentation privilégiant fruits, légumes et produits pauvres en graisse… Lorsqu'un traitement médicamenteux est nécessaire, il est souvent contraignant, car il doit être pris quotidiennement. C’est un traitement au long cours qui nécessite une surveillance régulière du médecin.

Quels médicaments ?

Le traitement médicamenteux est débuté après instauration des mesures préventives et fait appel à différentes catégories de médicaments :

  • Les diurétiques qui agissent en diminuant le volume sanguin circulant
  • les bêtabloquants qui ralentissent le rythme cardiaque
  • les inhibiteurs calciques qui sont vasodilatateurs et, pour certains, diminuent la fréquence cardiaque
  • les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) qui diminuent le volume sanguin circulant et dilatent les vaisseaux (vasodilatation)
  • les alphabloquants qui sont également des vasodilatateurs
  • les antagonistes des récepteurs à l'angiotensine (AAII) qui ont une action proche de celle des IEC.

Isabelle Huau le 10/11/2003