En parler simplement ? Non, ce n'est jamais simple. Donc en parler tout court. D'abord, parce que le suicide détient le triste privilège d'être reconnu « enjeu majeur de santé publique » : en France, deux fois plus de morts que les accidents de la route ; dans le monde, autant de morts que le paludisme. Et puis, parce qu'il faut tordre le cou à certaines idées fausses, comme le fait que le suicide serait le plus souvent un acte inéluctable et non prévisible.

La méthode ? Tout mettre à plat, de l'idée du suicide au passage à l'acte, mais naviguer en se gardant des écueils. Tel le risque de mélanger artificiellement des formes de suicide qui n'ont rien à voir entre elles (suicide des jeunes, suicide des hommes en pleine force de l'âge, suicide des plus âgés revendiquant la maîtrise de leur fin de vie…). Ou le risque de ne donner à voir que le miroir déformant des médias lorsqu'ils pointent certains suicides exceptionnels ou qu'ils abordent la question complexe du suicide au travail. En même temps, il faut tenir deux caps : le respect absolu dû à l'intime et à la mémoire, et l'interdiction légitime de toute forme de prosélytisme.

Dès lors, exposer au sens strict un sujet si plein de chausse-trapes imposait d'appeler à la rescousse des experts de nombreuses disciplines. Et de s'en tenir à l'objectif de départ : dresser une photographie du suicide la plus juste possible à l'aide des dernières études scientifiques et médicales. Des faits, des analyses, des reportages dans différents pays. Pour mieux comprendre le suicide et, peut-être, mieux combattre ou accompagner.

Isabelle Bousquet et Alain Labouze

Un dossier actualisé en septembre 2013

avec Jean-Yves Tromeur et l'équipe d'Entr'actes

le 12/09/2013