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Tranches de vie au Moyen Âge

Gautier, fils de marchand

À partir du 11e siècle, la croissance des villes et le développement des routes entraînent un essor considérable du commerce. En Méditerranée, les ports d’Italie - Venise, Gênes et Pise - deviennent incontournables. C’est à Alexandrie, en Égypte, que les marchands européens vont chercher les produits d’Orient et d’Extrême-Orient, surtout les épices, très recherchées au Moyen Âge.

Pendant que le commerce se développe dans les ports méditerranéens, un autre carrefour commercial se forme dans le Nord. Les ports de la mer du Nord et de la Baltique échangent lainages, bois, cuirs, poissons fumés, fourrures et minerais.

Le marchand du Moyen Âge se déplace, parfois loin, pour acheter des marchandises et vendre ses produits. Les marchands les plus riches s’installent en ville pour gérer leurs affaires et rencontrent d'autres marchands dans les foires, lieux d'échanges très importants. Les marchands moins fortunés, les "colporteurs", vont de ville en ville vendre des objets de faible valeur ou possèdent leur propre boutique.

Pour être marchand, il faut savoir défier les dangers et affronter l'inconnu, sur terre comme sur mers et fleuves. Il faut être courageux. Il faut également connaître le droit commercial des lieux visités, pratiquer des langues étrangères et avoir une bourse bien remplie pour les prêts.

Nous sommes au 13e siècle. Gautier, fils de marchand, habite les faubourgs de la ville de Provins en Champagne, haut lieu du commerce européen grâce à ses célèbres foires qui se tiennent deux fois par an.

Il est missionné par son père pour aller chercher des marchandises à travers l’Europe. Tu trouveras la liste des marchandises dans la sacoche. Clique sur la carte pour découvrir les étapes de son voyage.

Sur la route de Gênes

Au Moyen Âge, les grandes routes construites au temps des Romains, sont en mauvais état. Le manque d'entretien rend la circulation difficile. Les temps de trajet entre les différentes villes nous paraîtraient très longs aujourd'hui ! Pour parcourir de grandes distances, il fallait partir à l'aventure pendant plusieurs mois. Par exemple, un mois de voyage était nécessaire pour aller du sud-ouest de la France à la Belgique actuelle. Les routes ne sont pas sûres. Les gens se déplacent principalement en groupe pour être plus forts face aux brigands qui sévissent dans les campagnes. Il vaut mieux éviter d'avoir trop d'argent sur soi, le risque de se faire dérober sa bourse est trop grand ! La lettre de change, utilisée à la fin du Moyen Âge, permet de faire ses achats de façon plus sûre. Les acheteurs donnent cette lettre au vendeur qui récupère son argent plus tard.

Le pèlerinage au Moyen Âge

Les pèlerinages étaient très fréquents au Moyen Âge. Ils étaient parfois obligatoires et ordonnés aux croyants par l’Église pour obtenir le pardon de leurs péchés. Mais, le plus souvent, il s’agissait d’un acte volontaire pour se laver de ses fautes, demander une faveur ou tout simplement rechercher le bien-être. Le pèlerin voyageait à pied et il lui fallait plusieurs mois pour atteindre son but. Le chemin était souvent semé d’embûches et il était prudent de faire route avec d’autres pèlerins ou avec des caravanes de marchands. Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, et celui de Rome, en Italie, étaient célèbres. Mais le pèlerinage le plus important aux yeux des chrétiens du Moyen Âge était celui qui menait à Jérusalem et à la Terre Sainte, où l'on situe le tombeau du Christ. Dans le monde musulman, c’est le pèlerinage de la Mecque, dans la péninsule arabique, qui, comme aujourd'hui, était le plus populaire. Les pèlerinages étaient aussi l’occasion de mélanges et d’échanges culturels entre pèlerins originaires de différents pays.

Vocabulaire du Moyen Âge

La langue française actuelle vient du latin. Le français, à l’origine, est divisé en deux grandes familles de langues : la langue d’oïl au Nord et la langue d’oc au Sud. Oïl et oc veulent chacun dire « oui ». Au Moyen Âge, on appelle ancien français l’ensemble des dialectes de la langue d’oïl. Les dialectes sont les langues d’une région. Voici quelques exemples de mots utilisés au Moyen Âge :


- Mander : demander
- Convoier : Faire route ensemble
- Mangeailler : manger
- Mesttre : mettre
- Ouïr : entendre
- Choir : tomber
- Ocire : mettre à mort
- Damoiselle : jeune fille ou jeune femme de condition noble
- Dame : femme mariée
- Damoiseau : jeune homme de condition noble qui n'est pas encore chevalier, fils d'un seigneur
- Jouvenceau : jeune homme
- Fillot : petit garçon
- Biclarel : Loup-garou
- Chatel : château
- Pitance : nourriture donnée aux moines ou aux pauvres
- Affublement : vêtement
- Braies : pantalon
- Mantel : manteau
- Le jour d’hui : ce jour
- Nuitiée : la nuit
- Prestement : rapidement
- Vêpres : soir
- Gent/ Gente : noble, bien né
- Couard : lâche, poltron
- Sale trogne : sale tête
- Balivernes : sornette, propos frivole
- Moult : beaucoup
- Derechef : une nouvelle fois, de nouveau

Hôtellerie au Moyen Âge

Qu’ils soient pèlerins, marchands, étudiants, messagers ou militaires, à pied ou à cheval, les voyageurs avaient besoin d’être hébergés lors de leurs déplacements. Deux types de lieux d’accueil s’offraient à eux : ceux mis à disposition par l’Église, comme les monastères, les ermitages ou les hôpitaux ; et les endroits laïcs, sans lien avec la religion, comme les auberges ou les logements chez l'habitant, qui pouvaient être payants. Geste à l'origine gratuit, l'hospitalité offerte aux voyageurs est devenue payante face au développement des routes commerciales. Même si certains lieux continuent à proposer une hospitalité non payante, il est devenu courant, dès l'Antiquité, de devoir débourser pour se loger et manger. Sur la route, les bâtiments réservés à l’hôtellerie, comme les auberges, étaient signalés par une enseigne bien visible pour que les voyageurs les repèrent facilement. Leur niveau de confort était très variable selon les établissements. On y logeait piétons, cavaliers, dames et chevaux à l’écurie. Il n'était pas rare que les clients dorment à plusieurs par chambre, voire par lit.

De Gênes à Bruges

C'est à la fin du 12e siècle que les techniques de navigation s'améliorent. L'utilisation des cartes-portulans (qui donnent la position des ports), de la boussole et du gouvernail d'étambot, fixé à l'arrière du navire, ont rendu les voyages en mer plus faciles. Au Moyen Âge, les navires européens s'inspirent directement des galères romaines. Hormis le célèbre drakkar des Vikings, ce n'est qu'au 15e siècle qu'apparaissent de grands voiliers spécifiques comme la nef ou la caravelle. Gautier profite de son voyage en mer mais est un peu malade à cause de la houle. Le capitaine lui propose de prendre les commandes du navire. "Allez Gautier, je te laisse nous mener à bon port ! Place-toi à l'arrière pour tenir la barre. L'équipage t'aidera, la force de plusieurs hommes est nécessaire."

Techniques de navigation

Au Moyen Âge, les bateaux européens ressemblent encore beaucoup aux galères à voiles et à rames de l’Antiquité. À partir du 12e siècle, les navires et les instruments de navigation se perfectionnent.
Le gouvernail, par exemple, est une pièce majeure du bateau qui permet de le diriger. Pendant longtemps, le gouvernail est une rame plus longue et plus large que les autres. C’est au 12e siècle qu’apparaît en Europe le gouvernail d’étambot, une planche de bois verticale fixée à l’arrière du bateau qui actionne une tige horizontale, la « barre franche », dirigée par les membres de l’équipage. Cette technique demande moins de force que l’utilisation d’une simple rame, permet de mieux diriger le bateau et réduit la place à utiliser pour manœuvrer. La boussole et l’astrolabe comptent parmi les instruments innovants en matière de navigation. Grâce à son aiguille aimantée, la boussole, d’origine chinoise, indique le pôle Nord magnétique. Dès le 11e siècle, les Chinois l’utilisent pour se repérer en mer. Son usage se généralise au 12e siècle et devient un outil indispensable à tous les marins.
L’astrolabe est un instrument astronomique très ancien dont le principe date de l’Antiquité. Il permet de mesurer la hauteur des astres et de lire l’heure en fonction de la position des étoiles et du soleil. Au 15e siècle, les Portugais l’adaptent à la navigation maritime. Dès lors, les marins peuvent calculer précisément leur position en latitude et se repérer dans des eaux inconnues.

La cartographie au Moyen Âge

Les premières représentations du monde datent de l’Antiquité. Les Égyptiens puis les Grecs ont dressé des cartes en prêtant à la Terre des formes plate, cylindrique ou l’ont imaginée tel un disque qui flotterait dans les airs. Au 6e siècle av. J.-C., Pythagore affirme déjà que la Terre est sphérique. Dans son traité de géographie écrit au 2e siècle, le Grec Ptolémée propose 26 cartes régionales représentant l’Europe, l’Afrique et l’Asie dont une carte générale de la Méditerranée. Ses travaux se perdent à la chute de l’Empire romain et ne seront redécouverts qu’en 1397. Dans l’Europe chrétienne du Moyen Âge, la cartographie ne progresse pas : c’est une vision religieuse et symbolique de la Terre qui prédomine avec des cartes inspirées des textes bibliques. La plus grande carte représentant le monde au Moyen Âge est la Mappa Mundi, elle date du 13e siècle et est exposée dans la cathédrale de Hereford (Angleterre). Cette carte donne des informations géographiques, historiques et renseigne sur la façon de voir le monde au Moyen Âge. La table de Peutinger, copie du 13e siècle d’une ancienne carte romaine, est l’ancêtre des cartes routières. C’est un parchemin long de sept mètres qui présente routes, villes, mers, fleuves, forêts et montagnes. La fin du Moyen Âge voit également apparaître les portulans, cartes marines qui servent surtout à repérer les côtes, les ports et à connaître les dangers comme les courants ou les hauts-fonds.

Dans le port de Bruges

Troubadours et trouvères au Moyen Âge

La musique médiévale se compose principalement de musique sacrée - notamment de chants religieux - et de musique profane (étrangère à la religion) écrite par les troubadours et les trouvères. Ces poètes-compositeurs-musiciens, souvent issus de la noblesse, apparaissent au 11e siècle, tout d’abord avec les troubadours au Sud de la France, qui chantent en langue d’Oc, puis avec les trouvères au Nord de la France, qui chantent en langue d’Oïl. La poésie des troubadours et des trouvères est une poésie en vers faite pour être chantée. Les thèmes de ces compositions sont surtout épiques ou lyriques. Elles racontent les aventures héroïques et merveilleuses de chevaliers bravant toutes sortes de dangers ; ou parlent de l’amour courtois qui exprime un idéal de sentiments et décrit comment se conduire avec respect et raffinement en présence d’une femme. Les femmes troubadours comme Marie de Ventadour ou Beatriz de Dia sont appelées des trobairitz et les femmes trouvères comme Marie de France sont appelées des trouveresses. Ces poètes et poétesses n’interprètent pas eux-mêmes leur poésie. Celle-ci est chantée par des jongleurs ou ménestrels qui se déplacent de village en village, de château en château et accompagnent souvent leur chant avec des instruments à cordes comme la guiterne (ancêtre de la mandoline) ou la harpe.

De retour à Provins

Les foires au Moyen Âge

L’essor des villes de Flandre, de Champagne et d’Île-de-France fait naître un important commerce à partir du 11e siècle. Cette activité commerciale, qui existait déjà avec les grands marchés ruraux, se manifeste par l’ouverture de boutiques, la tenue de marchés dans les villes et l’implantation de foires où les marchands se rencontrent. Les foires se tiennent à date fixe. Elles sont périodiques et fixées en fonction des fêtes religieuses. Chaque foire dure de trois à sept semaines et se découpe en quatre temps : exposition des marchandises, vente, paiement et festivités. Les foires sont très animées : on y croise jongleurs, troubadours et acrobates venus divertir les marchands originaires de toute l’Europe. Les tavernes, lieux de restauration et débits de boissons, sont très fréquentées. Aux 12e et 13e siècles, les foires les plus célèbres sont celles de Champagne, organisées sous la protection des comtes de Champagne qui modernisent les routes et voies navigables et profitent de cette richesse pour prélever des taxes. Elles ont lieu dans les villes de Provins, Troyes, Lagny-sur-Marne et Bar-sur-Aube, au carrefour des grandes routes commerciales du nord et du sud, à mi-chemin entre la Flandre et l’Italie. On y échange les produits du nord (laine, drap, fourrures, cuirs…) contre ceux du bassin méditerranéen (épices, soieries, parfums, etc.). Le garde des foires veille au respect des bons usages commerciaux et s’assure que les individus malhonnêtes sont exclus.