Comment lutter contre l'ostéoporose ?

Très répandue (environ 50 000 cas par an en France), la fracture du col du fémur est un accident grave qui marque bien souvent (une fois sur trois) le début d'un processus de dépendance. Mais c'est aussi la manifestation la plus visible de l'ostéoporose, une maladie qui se développe en silence au fil des années.

le 01/07/2006

Quelles actions peut-on envisager pour lutter contre l'ostéoporose ?

La lutte contre l'ostéoporose est rendue de plus en plus nécessaire par l'augmentation de la longévité. Car la maladie est encore plus présente que ne le laisse supposer le nombre de fractures du col du fémur, qui ne représentent finalement que moins de 20% des accidents imputables à l'ostéoporose.

Une expertise collective publiée par l'Inserm en 1997 a confirmé que la maladie touche au moins 3 millions de Françaises (30 à 40% des femmes ménopausées) et plus de la moitié des femmes de plus de 75 ans. C'est l'ensemble de leur squelette qui est fragilisé et les fractures apparaissent en de multiples locations : vertèbres, poignet...

Le nombre de femmes atteintes d'ostéoporose mais qui n'en expriment pas les symptômes est donc très grand et des actions de prévention pourraient être développées dans leur direction.

Quelques chiffres sur l'ostéoporose

Risque de fracture, chez une femme, de 50 ans jusqu'à sa mort : 44%

Les fractures les plus fréquentes dues à l'ostéoporose concernent l'extrémité supérieure du fémur (19 % des fractures), les vertèbres (fracture ou tassement : 16 %) et le poignet (14 %) soit près de la moitié des cas répartis sur trois sites osseux.

Chaque année, plus de 400 000 Européennes sont victimes d'une fracture du col du fémur. Ce chiffre pourrait tripler d'ici 2050.

Chaque année, en France :

  • 50 000 fractures de l'extrémité supérieure du fémur

Coût total : plus d'un milliard d'euros par an.

  • 40 000 à 65 000 fractures et tassements vertébraux
  • 35 000 fractures de l'extrémité distale du radius (poignet) chez les femmes de plus de 50 ans.


Source : Fondation pour la recherche médicale

Une fracture liée à l'âge et... au sexe

Dans 75% des cas, la fracture du col du fémur concerne des femmes de plus de 50 ans. Une fois sur trois, elle frappe des personnes vivant en institution, bien que celles-ci ne représentent que 3% de la population totale des plus de 50 ans.

Les conséquences de cette fracture sont aussi très variables selon la victime. Parmi les personnes qui ressentaient déjà des difficultés à marcher, seulement 20 à 30% seront ensuite capables de se déplacer à nouveau de façon autonome.

Alors que, chez les bons marcheurs, le taux de récupération atteint 60 à 70%. Toutefois, ces disparités selon l'âge, le sexe et l'état de santé ne doivent pas être vues comme une fatalité. Elles ouvrent au contraire des pistes à la prévention et à la recherche.

Évaluer les risques et dépister pour prévenir

Mesure de la densité minérale osseuse (DMO) de trois vertèbres lombaires. (La zone blanche indique une DMO faible pour la vertèbre lombaire L3)

En toute logique, la première démarche devrait être de repérer les personnes qui courent le plus de risques. Mais la prédisposition génétique à l'ostéoporose, qui existe de façon certaine, n'est pas facile à mettre en évidence car elle ne dépend pas d'un seul gène.

Faute d'indices précis sur les facteurs de risque, un dépistage efficace devrait donc s'appliquer à une très large fraction de la population, ce qui pose des problèmes de coût. Des moyens de dépistage existent, comme l'ostéodensitométrie qui permet de repérer les défauts de densité minérale des os. Depuis le 1er juillet 2006, cet examen est pris en charge à 70% par la sécurité sociale chez les femmes à risque.

Lexxos, un outil de dépistage de l’ostéoporose introduit en 2002.

Des stratégies de prévention pourraient exister, notamment au niveau de l'alimentation, d'un exercice physique léger et d'actions médicales, notamment par traitement hormonal. Une démarche qui d'ailleurs ne devrait pas être réservée aux femmes car, si elles sont les principales victimes de cette maladie, 13% des hommes en sont aussi atteints. Une proportion qui n'est pas négligeable...

Des pistes de recherche

Dans la situation actuelle, les résultats de la recherche pourraient fournir des arguments et des pistes pour une meilleure prise en charge de ce problème de santé publique, auquel on répond aujourd'hui de façon très insuffisante.

Une des voies d'action évidentes est le traitement hormonal substitutif (THS), qui apparaît actuellement comme la seule thérapeutique capable de prévenir la perte osseuse chez la femme ménopausée.

Mais pour être parfaitement efficace, il faut encore affiner le THS et mieux l'adapter à chaque individu. Il serait très utile aussi de poursuivre des études génétiques pour arriver à mieux cibler les populations devant bénéficier d'un dépistage.

De façon plus fondamentale, la compréhension des mécanismes osseux doit encore faire des progrès, dans le but de voir apparaître de nouvelles stratégies de traitement.

Modélisations en trois dimensions d'os normaux (à gauche) et ostéoporotiques (à droite).

C'est le but du programme ERISTO, coordonné par l'Agence spatiale européenne. En éliminant l'action de la gravité terrestre, qui joue un rôle important dans la construction et la réparation des os, les scientifiques espèrent mieux comprendre les mécanismes qui conduisent à l'ostéoporose.

D'autres recherches sont menées dans le domaine pharmacologique, pour évaluer l'association entre le calcium et d'autres produits (par exemple la vitamine D) qui pourrait permettre une meilleure fixation de ce minéral sur le squelette.

Enfin, il sera particulièrement intéressant de connaître les conclusions d'une étude sur la faisabilité d'un dépistage de l'ostéoporose chez les femmes de 60 à 75 ans asymptomatiques (avantages, inconvénients, coûts), qui pourrait fournir les bases d'une réelle politique de prévention.

le 01/07/2006