Transcription de la table ronde : En quoi la culture digitale peut-elle favoriser l'insertion professionnelle des jeunes Neets ?


Intervention de Laurent GOUILARDET

Responsable de l’association Convergences 93 qui regroupe une dizaine de missions locales du département de la Seine Saint Denis*, l'un des territoires les plus jeunes de France. Il a dirigé pendant 25 ans la mission locale de La Mire (Bobigny/Drancy/Le Blanc Mesnil.

Je parlerai moins des jeunes qui sont pourtant le coeur de notre métier que des professionnels pour déterminer un premier constat : sur la question du numérique, en général les professionnels ont toujours un temps de retard sur les pratiques des jeunes. Il y a quelques années, quand on avait besoin de communiquer avec un jeune, on lui envoyait un courrier qui neuf fois sur dix revenait avec la mention "N'habite plus à l'adresse indiquée". Ensuite on s'est décidé collectivement et nationalement à passer aux SMS. On envoyait des milliers de SMS mais les  n° de téléphone ou de portable avaient changé et on n'arrivait plus à communiquer avec eux.. (...)

Pendant des années, nous avons considéré que les jeunes devaient s'adapter à notre système et non pas que nous devions nous adapter à leurs pratiques.
Pendant longtemps on a travaillé aussi sur les défauts de communication de ces publics avec peut-être beaucoup d'idées préconçues. On pensait que les jeunes n'étaient pas équipés, que les jeunes ne savaient pas utiliser les outils, ce qui n'est pas faux (...). Bien évidemment les jeunes ont de grandes difficultés mais pas forcément là où on les attend et quand on agit, à chaque fois on constate un décalage, un problème de positionnement.

Aujourd'hui, le premier élément à prendre en compte, c'est comment d'un point de vue d'une structure comme le réseau des missions locales*, on met ces jeunes-là au coeur de l'information, comment ces jeunes ont l'information, comment les conseillers professionnels et les professionnels de l'insertion qui travaillent chez nous arrivent à communiquer avec eux ?  (...)
 Aujourd'hui la volumétrie des jeunes en difficulté d'insertion professionnelle est telle qu'il n'y a plus de suivi constant et permanent (...) Le jeune suivi en mission locale est reçu une fois tous les 15 jours et a un entretien de 3/4h / 1h, au maximum. On se rend compte que les jeunes se connectent, prennent l'information, à condition que nous professionnels soyons en capacité de la mettre à jour, de la cibler et de la "ponctionner" avec finesse.

On n'a pas encore de retour sur la question de l'insertion pure. Pour autant, (...) on se rend compte qu'à partir du moment où on propose un outil numérique ou digital à destination des jeunes, ceux-ci ont une capacité à s'en emparer qui est absolument incroyable (...)

 

* 42 000 jeunes en Seine-Saint Denis sont accueillis en Mission locale ou en contact avec les professionnels.