Un nouveau gène en faveur de l’obésité

Une équipe de l’université de Chicago montre que le gène FTO, découvert en 2007, n’agit pas seul dans la régulation du métabolisme et de la dépense énergétique. Il augmente l’expression d’un autre gène pourtant éloigné, l’IRX3. Une nouvelle piste pour comprendre et combattre l’obésité.

Par Marie-Anaïs Lien, le 20/03/2014

En 2007, une publication dans la revue Science montrait que le gène FTO (Fat mass and obesity associated) était impliqué dans l’obésité. L’étude, portant sur 38.759 sujets britanniques, montrait que les personnes possédant une variante du gène, 16 % environ, pesaient au minimum 3 kilogrammes de plus que le reste de la population. Le mécanisme de fonctionnement du gène FTO demeurait malgré tout mal connu.

Or au département de génétique humaine de l’université de Chicago, Scott Smemo et son équipe ont découvert qu’un autre gène, baptisé IRX3, agissait également sur la prise de poids, et ce, en lien avec le gène FTO. Ces travaux viennent de faire l’objet d'une publication dans la revue Nature.

Les deux font la paire

FTO possède une région non-codante, c’est-à-dire une zone dont les séquences génomiques ne se traduisent pas en protéines. Paradoxalement, c’est lorsque cette zone est modifiée que des problèmes de poids apparaissent. Grâce à une méthode baptisée chromatin conformation capture, consistant à mesurer la fréquence d’interaction entre différentes régions du génome, Scott Smeno et ses collaborateurs ont pu démontrer que FTO interagit directement avec le gène IRX3, pourtant éloigné de 500 kilobases.

La partie non codante du gène FTO interagit physiquement avec le promoteur du gène IRX3.

Les variantes de la région non-codante du gène FTO ont pour effet de renforcer l’expression du gène IRX3. Ce type d'interaction a pu être mis en évidence sur des cellules d'embryons de souris et de poisson zèbre, ainsi que dans des cellules cérébrales de souris adulte et des lignées cellulaires humaines. Elle s’apparente donc, a priori, à une caractéristique évolutive du génome.

25 à 30 % de poids en moins chez la souris

Les chercheurs ont pu vérifier le rôle du gène IRX3 sur la prise de poids chez des souris de 8 à 18 semaines. Nourris de façon abusive, les individus déficients en IRX3 sont moins gros de 25 à 30 % que leurs congénères disposant de ce même gène. Un effet d’autant plus marqué que les souris déficientes en IRX3 ont un métabolisme plus important et perdent de la graisse blanche plus facilement.

La découverte de ce nouveau gène laisse entrevoir de nouvelles pistes de traitement chez l’Homme. Ce nouveau gène intéresse notamment les personnes atteintes d’un diabète de type 2. Si les chercheurs réussissent à amoindrir l’expression du gène IRX3, ils pourront diminuer l’obésité liée à l’alimentation chez les personnes malades. Ou au contraire, augmenter le poids des personnes sujettes à l’anorexie, qui peut être le symptôme d’une pathologie.

Marie-Anaïs Lien le 20/03/2014