Avoir un bébé quand on est stérile

Les techniques d'assistance médicale à la procréation

ICSI : micro-injection d'un spermatozoïde dans un ovocyte.

Des techniques peuvent venir au secours des couples stériles pour réaliser leur désir d’enfant. Elles consistent soit à injecter du sperme directement dans la cavité utérine de la femme (insémination artificielle), soit à inséminer, dans un tube à essai, des ovocytes* avec du sperme (FIV ou fécondation in vitro) ou directement avec des spermatozoïdes** (ICSI ou IntraCytoplasmic Sperm Injection). Les embryons conçus au laboratoire sont ensuite transférés dans l’utérus de la future mère.

Évolution des taux de grossesse par transfert d’embryon

En France, la loi ne fixe pas une limite d’âge pour accéder aux techniques d’AMP : il faut seulement que l’homme et la femme soient « en âge de procréer ». Néanmoins, la plupart des hôpitaux publics n’acceptent les femmes que jusqu’à 43 ans, pour une meilleure efficacité de l’AMP.

* ovocyte : cellule sexuelle féminine encore appelée ovule ou gamète femelle
** spermatozoïde : cellule sexuelle masculine ou gamète mâle

Henri Atlan, biologiste, membre du Comité consultatif national d’éthique

 

AMP : toujours plus de prouesses médicales ou toujours plus de désir d’enfant ?

Michelle Plachot, chercheur à l’Inserm, responsable du laboratoire d'AMP au CHI de Sèvres

 

Les avancées spectaculaires en matière d’AMP ne créent-elles pas l’illusion qu’il existe une solution miracle à la stérilité ?

Pierre Jouannet, chef du service de biologie de la reproduction de l’hôpital Cochin à Paris

 

L’aide à la procréation,
un acte médical comme un autre ?

Les embryons congelés

Embryons congelés...

Les embryons conçus au laboratoire par les techniques d’AMP ne sont pas tous transférés dans l’utérus de la future mère. Le plus souvent, trois embryons au maximum sont transférés afin de limiter les risques de grossesses multiples. Ceux qui restent sont congelés en vue d'un transfert ultérieur. En France, il est en effet obligatoire d’utiliser les embryons congelés avant toute nouvelle tentative de fécondation in vitro. Aussi, 90% des embryons conservés au froid sont décongelés et font l’objet d’un projet parental.

Depuis la première naissance en 1984, des dizaines de milliers d’enfants issus d’embryons congelés sont nés dans le monde ; certains après huit ans de conservation, d’autres après avoir été décongelés deux fois. Les expériences menées chez les bovins depuis plus de trente ans montrent que la durée de congélation de l’embryon n’a pas d’effet nocif sur la santé de la progéniture. Mais chez l’homme, on manque encore de recul pour pouvoir l’affirmer.

Les dons de gamètes

Il permet de suppléer l'absence ou la très sévère déficience de spermatozoïdes chez l'homme ou d’ovules chez la femme. Le don de sperme a été établi en France en 1971 par les Centres de conservation et d'étude du sperme humain (CECOS). Plus de 15 000 enfants sont nés sur notre territoire grâce à ce recours et, pour la seule année 1999, près de 2 000 couples ont fait une demande d’insémination artificielle avec sperme de donneur. Face à la pénurie de dons de sperme, le délai d'attente moyen s'élève aujourd’hui à un an. C’est encore plus long pour recevoir des ovocytes : le délai d'attente peut alors excéder deux années.

L'embryon peut-il être donné ?

Abandonnés par leur couple géniteur qui s’est séparé ou qui a déjà satisfait son désir d’enfant, des milliers d’embryons remplissent les congélateurs des laboratoires de fécondation in vitro. Ils peuvent soit être détruits par arrêt de la conservation, soit être donnés à d’autres couples stériles.

En France, le double don de gamètes étant interdit (il est reconnu en Espagne, au Danemark et au Royaume-Uni), seul l'accueil d'embryons congelés peut en effet répondre à une double stérilité de l’homme et de la femme. Encore faut-il que les embryons remplissent les critères du don, basé sur les mêmes grands principes de volontariat, d’anonymat et de gratuité que le don de gamètes. Et l’examen de passage, fixé par les règles du décret du 2 novembre 1999, n’est pas si simple. Un certain nombre d’obstacles sont à surmonter (multiples entretiens, analyses médicales, possible convocation du couple par le président du tribunal de grande instance suite à l’envoi de leur consentement écrit…). Les couples doivent donc être extrêmement motivés pour donner leurs embryons.

Les enfants issus de l'assistance médicale à la procréation

Louise Brown

Selon une récente étude européenne, le développement psychologique à 11-12 ans des enfants de l’AMP est tout à fait normal : ils n’ont pas plus de conflits ou de difficultés que les enfants conçus spontanément ou adoptés. Plus attendus et donc plus choyés, ils sont plutôt meilleurs élèves.

En revanche, concernant leur développement physiologique, une équipe australienne a annoncé en mars 2002 un risque plus élevé de malformations congénitales chez les enfants de l’AMP (près de 9% contre 4,2% pour les enfants conçus naturellement), tandis qu’une étude suédoise pointait au même moment une majoration possible des troubles neurologiques, en particulier de paralysie cérébrale. Toutefois, il semblerait que ces risques soient liés aux grossesses multiples et qu’une limitation du nombre d’embryons transférés pourrait les diminuer.

Les effets de l’AMP à court terme

Néanmoins, la plupart des travaux réalisés jusqu’à présent n’avaient pas mis en évidence de tels risques. On manque donc encore de recul pour connaître réellement les risques associés aux techniques d’AMP.

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