
Depuis Louise Brown (24 ans) et Amandine (20 ans), des centaines de milliers de « bébés-éprouvette », conçus au laboratoire, sont nés de par le monde. Preuve qu'en à peine une génération nos sociétés occidentales ont parfaitement intégré ce fait nouveau et à bien des égards révolutionnaire : avec l'assistance médicale à la procréation (AMP), la conception d'un enfant n'est plus l'affaire exclusive du couple. Même si le parcours de l'AMP est souvent laborieux, les couples stériles ont vu là une chance inespérée de devenir parents. Et les couples fertiles risquant de transmettre une maladie grave et incurable, une possibilité de mettre au monde un bébé en bonne santé. Résultat : parmi les 770 000 enfants qui naissent chaque année dans notre pays, plus de 7 000 sont issus de l'AMP.
Formidables prouesses techniques, certes, mais qui repoussent toujours plus loin les limites du désir d'enfant… jusqu'à souhaiter un bébé indemne de toute anomalie, jusqu'à sélectionner un bébé capable de guérir un autre enfant, jusqu'à vouloir à tout prix un enfant après la ménopause, jusqu'à rêver (!) d'un bébé-clone à l'image de soi.
On est loin, très loin, de l'intimité des corps et du couple. Dans ces conditions, la conception d'un enfant devient aussi l'affaire des scientifiques, des juristes, des politiques… bref, de la société tout entière. Même si « ces nouvelles façons de faire des bébés » restent, pour l'heure, une préoccupation partagée par une minorité des habitants de la planète.