L’expansion du virus H5N1

La grippe aviaire (ou peste aviaire) est une maladie animale transmise par un virus. Identifiée pour la première fois en Italie il y a cent ans, cette maladie infectieuse touche toutes les espèces d'oiseaux, mais certaines sont plus résistantes que d'autres.

Depuis fin 2003, une souche particulièrement virulente de ce virus, nommée H5N1, décime les volailles domestiques et les oiseaux sauvages. Partie d'Asie, cette épidémie animale, ou épizootie, s'est ensuite propagée en Europe puis en Afrique, via les oiseaux migrateurs et le commerce de volailles.

Désormais, l'épizootie concerne près de 55 pays et aurait entraîné la mort ou la destruction de plus de 200 millions de volailles. Les pertes économiques sont d'ores et déjà estimées à plus de 10 milliards d'euros, selon la FAO.

Les oiseaux migrateurs ne sont pas les seuls vecteurs

La propagation du virus H5N1 a suivi les trajets du Transsibérien.

Certains oiseaux sauvages peuvent être porteurs sains et donc propager le virus tout au long de leur trajet de migration. La découverte, en avril 2005, de plusieurs milliers d'oiseaux migrateurs infectés par le virus H5N1 en Chine renforce cette hypothèse.

Toutefois, la propagation des foyers de grippe aviaire jusqu'en Turquie ne suit pas les trajets de migration mais plutôt les axes commerciaux, notamment via l'axe du Transsibérien. Quant à l'arrivée du virus H5N1 en Afrique, à partir du Nigéria, l'une des hypothèses envisage une contamination via l'importation illégale de poussins originaires de Turquie.

Les différents types de virus de la grippe

Il existe trois types de virus de la grippe : A, B et C. Les virus de type C sont peu pathogènes. Les virus grippaux de type B sont normalement propres à l'homme et peuvent être à l'origine de vagues d'épidémies saisonnières. Mais ce sont essentiellement les virus de type A, à l'origine de la grippe aviaire, qui sont responsables des grandes épidémies. Ces souches de virus peuvent infecter de très nombreuses espèces (dont l'homme) mais les oiseaux constituent le réservoir le plus important.

On connaît 15 sous-types de virus grippal chez les oiseaux. Ils se distinguent par leurs protéines de surface : l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). Sur ces 15 sous-types, l'OMS considère H5N1 comme étant le plus inquiétant car « il mute rapidement et a une propension avérée à acquérir les gènes des virus infectant d'autes espèces ». Par ailleurs, ce virus est hautement pathogène. Il tue près de 100 % des poules, poulets et dindes qu'il infecte. Déjà 200 millions de volailles en sont mortes directement ou indirectement (abattage).

Philippe Vannier (Afssa)

Par ailleurs, les importations frauduleuses d'oiseaux, en particulier d'oiseaux de compagnie, représentent également un risque important de propagation de la maladie. L'Europe est le plus grand importateur mondial avec plus de 6 millions d'oiseaux entre 1996 et 2002, soit 86% des importations mondiales. C'est ainsi, par exemple, qu'au mois d'octobre 2005, 53 canaris originaires de Taiwan sont morts du virus H5N1 en Angleterre.

H5N1 en Afrique

“La situation en Afrique est extrêmement préoccupante“ (1'30)

Depuis son arrivée en Afrique (Nigéria) au mois de février 2006, le virus H5N1 poursuit son expansion sur le continent. En avril 2006, six pays ont confirmé la présence du virus dans des volailles : le Nigéria, le Niger, le Cameroun, l'Egypte, la Libye et le Burkina-Faso.

Cette situation est préoccupante à plus d'un titre. En effet, l'Afrique ne dispose pas d'infrastructures vétérinaires et sanitaires suffisantes. Le virus a donc toutes les chances de pouvoir s'installer durablement parmi la faune avicole africaine. Or de nombreux Africains vivent en étroit contact avec les volailles domestiques. Dans cette région du monde où plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (1 dollar par jour), les volailles domestiques représentent une source de revenus non négligeable et l'apport en protéines le plus important.

Toutefois, le climat de l'Afrique pourrait jouer en défaveur d'une diffusion rapide du virus parmi la faune sauvage. En effet, les températures chaudes et l'ensoleillement ont pour effet d'inactiver le virus lorsqu'il se trouve en milieu extérieur. La dose infectieuse présente dans l'environnement est donc plus faible et la probabilité qu'un nouvel hôte soit infecté diminue. En revanche, la contamination via un contact étroit entre un hôte infecté et un hôte sain n'est pas affectée par la température.

Par ailleurs, l'Afrique abrite également de nombreux oiseaux migrateurs pendant l'hiver. On peut donc redouter qu'à leur retour au printemps, ils n'importent le virus en Europe. Mais pour l'heure, les analyses n'ont pas détecté la présence d'oiseaux sauvages africains porteurs du virus en France.

Une transmission à l’homme peu aisée

Historiquement, les infections humaines par les virus grippaux aviaires sont extrêmement rares. Mais la souche H5N1 fait exception. Depuis le début de l'épizootie, 258 personnes ont été contaminées par le virus H5N1 et 153 d'entre elles en sont mortes (OMS). Par ailleurs, le virus a également été retrouvé chez d'autres mammifères, tels que le chat, le tigre, le porc, le léopard ou encore la fouine. Le virus est donc capable de franchir la barrière d'espèce.

Pour autant, le passage du virus des oiseaux aux mammifères ne semble pas aisé. La plupart des cas de contamination montre la nécessité d'un contact étroit avec les volailles infectées. L'homme se contamine par voie respiratoire en inhalant le virus. Le plumage et la manipulation de coqs de combat sont des possibilités de contamination évoquées. En revanche, la consommation de viande de volaille ou d'oeufs cuits ne présente aucun risque : le virus est détruit à une température de 70°C.

Toutefois, selon une étude publiée en septembre 2005, sur 52 cas de contamination humaine, 10 n'auraient eu aucun contact avec des volailles infectées. Les auteurs pensent que l'environnement pourrait représenter une autre source de contamination puisque le virus peut survivre plusieurs jours dans l'eau ou dans les fientes d'oiseaux malades. Ainsi, l'ingestion d'eau contaminée pendant une baignade ou l'utilisation des déjections comme fertilisant pourraient représenter d'autres facteurs de risque possible.

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