Rapport Onusida 2005 : l'épidémie continue sa progression

40,3 millions de personnes porteuses du VIH, 4,9 millions de personnes infectées durant l'année 2005, 3,1 millions de personnes décédées… le bilan annuel sur l'évolution de l'épidémie mondiale de sida présente des chiffres encore jamais atteints.

le 02/12/2005

Des chiffres records

Le bilan dressé par le programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (Onusida) pour l'année 2005 est accablant.

L'épidémie mondiale de SIDA en 2005

Le rapport publié fin novembre révèle en effet que « le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde a atteint son niveau le plus élevé jamais enregistré » : 40,3 millions de personnes contre 37,5 millions en 2003. Parmi elles, plus de dix millions ont entre 15 et 24 ans.

Malgré de nombreuses campagnes de prévention réalisées depuis l'apparition du virus en 1981, près de cinq millions de personnes ont encore été infectées durant l'année 2005, « le nombre le plus élevé (en un an) depuis le début de l'épidémie » a relevé Peter Piot, le directeur exécutif de l'Onusida. Chaque jour, près de 14 000 personnes, dont 2 000 enfants de moins de 15 ans, sont ainsi infectées.

Plus de 3 millions de personnes ont également succombé à la maladie durant l'année. Avec 25 millions de personnes décédées depuis 1981, il s'agit selon le rapport de « l'une des épidémies les plus dévastatrices de l'histoire ».

Améliorer la prévention et l’accès au traitement

« Dans plusieurs pays, note Peter Piot, le taux d'infection par le VIH a récemment baissé. C'est encourageant car ces pays se trouvent dans les régions les plus touchées, l'Afrique sub-saharienne et les Caraïbes. Mais la réalité est que l'épidémie de sida continue à surpasser les efforts déployés pour la contenir aux niveaux mondial et national. Il est clair qu'un accroissement rapide de l'étendue et de la portée des programmes de prévention est requis de toute urgence. »

À l'échelle mondiale, moins d'une personne sur cinq exposées au risque de s'infecter accède à des services de prévention de base. Parmi les personnes séropositives, une sur dix seulement a fait un test et sait si elle est infectée. L'accès aux traitements du VIH s'est certes amélioré : plus d'un million de personnes dont la survie en dépend, en bénéficient désormais dans les pays à faible et moyen revenus (contre environ 700 000 fin décembre 2004 et 970 000 fin juin 2005 sur 6,5 millions de malades).

Pourtant, « la majorité en sont exclus avec, au mieux, une personne sur dix en Afrique et une sur sept en Asie » relève Michel Sidibé, directeur du département d'appui aux pays et régions de l'Onusida. Une injustice sociale qui selon lui « ne se limite pas au problème Nord-Sud car on la retrouve de plus en plus parmi les laissés-pour-compte des pays aisés ».

Le rapport estime néanmoins que 250 000 à 350 000 décès ont été évités cette année grâce à l'élargissement de l'accès au traitement. Fin juin, l'OMS et l'Onusida jugeaient « peu probable » d'atteindre l'objectif (fixé fin de 2003) de traiter 3 millions de malades des pays pauvres d'ici fin 2005.

Olivier Boulanger (avec AFP)

le 02/12/2005