Smart-1 : fin de mission pour la première sonde lunaire européenne

Point final d'une mission de près de trois ans, Smart-1, la première sonde lunaire européenne, s'est écrasée comme prévu sur la Lune dans la matinée du 3 septembre. L'événement a pu être observé depuis la Terre.

Par Olivier Boulanger, le 04/09/2006

La conclusion de trois ans de mission

Quitte à terminer une mission, autant la finir en beauté et de manière utile : dimanche 3 septembre, à 7h42 exactement (heure de Paris), la sonde lunaire européenne Smart-1 s'est précipitée à la vitesse de 2 kilomètres par seconde (7200 km/h !) au beau milieu du « Lac de l'excellence », dans une région située au sud-ouest de la face visible de la Lune.

L'impact observé par le télescope Canada-France de Hawaï

Dans la violence du choc, le petit cube de 1 mètre de côté pesant 290 kilos a soulevé un panache de poussière visible depuis la Terre, créant par la même occasion un cratère estimé entre 3 et 10mètres de diamètre.

Sur Terre, le phénomène – visible sous la forme d'un flash intense – a pu être observé par plusieurs observatoires situés en Amérique ou dans le Pacifique. Grâce à lui, les astronomes devraient pouvoir étudier avec précision la nature physico-chimique du sol de cette région.

Moteur ionique et navigation autonome

La sonde européenne Smart-1

La mission Smart-1 était avant tout technologique. Lancée le 28 septembre 2003 du centre spatial guyanais de Kourou, la sonde a ainsi permis de tester avec succès des technologies et une miniaturisation des équipements qui pourront servir à d'autres missions spatiales européennes, vers Mercure avec la sonde Bepi-Colombo (2013) ou à bord de la future mission indienne Chandrayaan vers la Lune.

Le principe du moteur ionique

En particulier, la sonde utilise un moteur ionique pour se propulser : une technologie qui n'offre qu'une très faible poussée, mais dont la consommation en carburant (du xénon) n'excède pas les 60 litres aux 100… millions de kilomètres !

L'une des expériences embarquées, OBAN, a également permis de tester un nouveau système de navigation qui permettra à de futurs véhicules spatiaux de naviguer de manière autonome, sans intervention des contrôleurs au sol.

Une mission également scientifique

De plus, au fil de ses observations, Smart-1 a pu fournir des éléments permettant de faire avancer quelque peu le débat sur l'origine de la Lune ainsi que son évolution.

Le cratère Sulpicius Gallus vu par Smart-1

L'agence spatiale européenne fait ainsi remarquer que la sonde a pu détecter pour la première fois du calcium et du magnésium, qu'elle a pu mesurer les différences de composition au niveau des pics centraux des cratères, des plaines volcaniques et des gigantesques bassins d'impact, et qu'elle a cartographié l'ensemble de la surface lunaire, y compris la face cachée.

Par ailleurs, la caméra AMIE a pu envoyer des images de la surface de notre satellite à des résolutions jusqu'alors inédites pour cet astre, permettant de voir jusqu'à des détails de 40 mètres de côté.

Olivier Boulanger le 04/09/2006