Premiers essais pour la presse

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le 19/07/2006

Affichage, à titre expérimental, d'un quotidien japonais sur un panneau de papier électronique de 2,20 m sur 2,60 m.

En dehors du monde de l'édition, la presse écrite s'intéresse plus que jamais à ce nouveau support. Avec la concurrence d'Internet, le secteur traverse en effet une crise sans précédent. Les coûts de production ne cessent d'augmenter, en particulier ceux liés à la chaîne d'impression et de distribution (qui représentent jusqu'à près de la moitié du prix d'un quotidien). Parallèlement, les abonnements et les recettes publicitaires ne cessent de diminuer.

Dans ce contexte difficile, les nouvelles tablettes pourraient permettre de réduire une grande partie des coûts de production tout en proposant aux lecteurs un contenu différent du journal papier : une version plus riche, personnalisable et régulièrement mise à jour grâce aux nombreuses possibilités de connexion offertes par ces tablettes.

Les Échos se lancent dans l’aventure

En France, le quotidien Les Échos a annoncé une version électronique de son journal pour la fin de l'année. Philippe Jannet, directeur des éditions électroniques et responsable du projet, ne cache pas son enthousiasme face à ce nouveau support.

« Aujourd'hui, il y a un problème, explique-t-il. Les contenus électroniques ne cessent de se multiplier, mais la lecture à l'écran reste compliquée. Et puis comment consulter ces informations lorsqu'on n'est pas connecté ? Les nouvelles tablettes à base de papier électronique permettent de contourner ces deux obstacles. »

Philippe Jannet (Les Echos)

Mais que proposer au lecteur ? « On est parti du principe qu'il ne fallait pas se contenter d'une simple transposition du journal papier, explique-t-il. Le quotidien, c'est de l'info figée à 20h30, consultable le lendemain. Les tablettes électroniques doivent proposées mieux que ça. » Le directeur des éditions électroniques rappelle d'ailleurs que le quotidien japonais Nikkei qui a proposé une version PDF sur ce type de support a essuyé un échec : « Ça n'intéresse personne, il n'y a aucune plus value. »

Pour Philippe Jannet, il faut donc proposer une version du quotidien continuellement mise à jour. « Nous avons déjà 20 journalistes qui réalisent ce travail pour le site web, note-t-il. Et puis nous allons permettre une personnalisation du contenu par le biais de fil RSS : chaque lecteur doit pouvoir choisir les rubriques qu'il souhaite télécharger. » Des podcasts, exploitant les capacités audio de ces nouvelles tablettes, seront également proposées. Et puis des bases de données seront ajoutées à l'ensemble afin d'avoir, par exemple, des informations chiffrées sur une entreprise citée dans un article.

Une pré-maquette de la version électronique des Echos sur la première tablette de Sony, le Librié (sortie en 2004, uniquement au Japon)

Quelques problèmes restent à résoudre avant la phase de test. « D'abord, c'est le choix de la tablette, note Philippe Jannet. Et celles-ci tardent à arriver... »

« Ensuite, il faut déterminer quel sera le mode de mise à jour. Nous commencerons vraisemblablement par une synchronisation par le biais d'un ordinateur connecté au web. Plus tard, nous recourrons à des technologies sans fil, comme le Wifi. L'idéal serait la 3G qui permettrait une mise à jour complètement transparente pour l'utilisateur, mais elle nous lierait un peu trop avec les opérateurs téléphoniques… »

Reste à rentabiliser l'opération. En soit, la production de contenus pour ce nouveau support ne constitue pas un surcoût important : ils dérivent de ceux proposés pour le site Web. Il n'en est pas de même pour la tablette qui sera « offerte » avec l'abonnement. « Inévitablement, on va s'associer avec d'autres journaux afin de réduire les coûts. » Plusieurs grands titres français, même s'ils ne l'avouent pas tous, y réfléchissent déjà.

De Tijd : quatre mois de test

De Tijd

Entre avril et juillet 2006, 200 privilégiés ont pu participer à un test grandeur nature lancé par le quotidien économique flamand De Tijd. Équipés de tablettes iRex, ces beta-testeurs ont pu télécharger chaque jour le contenu de leur quotidien (au format XHTML) agrémenté d'informations mises à jour.

La consultation ne diffère guère de celle du journal papier. La « Une » visible sur la tablette affiche une mise en page quasi identique à celle du quotidien. Il suffit de cliquer sur l'un des articles pour que celui-ci s'affiche en plein écran.

Willem Endhoven, directeur marketing chez iRex

L'expérience venant à peine de se terminer, il est encore trop tôt pour en tirer les leçons. Mais pour Willem Endhoven, directeur marketing chez iRex (dont les tablettes ont été utilisées lors de cette étude), l'expérience a été particulièrement enrichissante. Elle a notamment montré la nécessité d'améliorer la navigation à l'intérieur du quotidien, et aussi de simplifier le système de mise à jour des données.

De Tijd tente désormais de fédérer d'autres journaux autour de ce projet afin d'en réduire les coûts. Des négociations avec différents partenaires doivent avoir lieu en septembre. Et si tout va bien, les premiers abonnements électroniques verront le jour d'ici la fin de l'année.

le 19/07/2006