Agriculture biologique : vers un plan d'action européen ?

Début 2004, la Commission Européenne communiquera au Conseil et au Parlement européen un plan visant à favoriser le développement des modes de production biologiques. Une nouvelle étape dans l'évolution d'un mode d'agriculture qui sort peu à peu de la marginalité.

Par Philippe Dorison, le 02/10/2003

Une reconnaissance progressive

En 2003, l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a publié un rapport consacré aux produits issus de la filière biologique. Ce travail se borne à une étude de la qualité des produits, sans prendre en compte les différences d'impacts sur l'environnement apportées par la filière bio. Il a été soumis à consultation avant sa publication et est augmenté de nombreux commentaires rédigés par des acteurs de la filière bio ou spécialistes de l'agroalimentaire.

Point de repère : les relations entre l'INRA et la filière bio

Les conflits historiques qui ont eu lieu en France entre l'INRA et les partisans de l'agriculture biologique peuvent, avec le recul, être vus comme symboliques. L'institut national de la recherche agronomique, dès sa création, avait pour mission d'aider à accroître fortement la productivité agricole. Dans le même temps, l'agriculture biologique était principalement soutenue par des exploitants qui refusaient la modernisation et l'exode rural qui l'accompagnait. Dans les années 70, leur démarche était relayée par des militants opposés au capitalisme et au productivisme.

Mais les années 80 et 90 allaient permettre d'entamer un processus de réconciliation. L'agriculture biologique recevait ses premières marques de légitimité institutionnelle sous la forme d'une législation émise par la CEE en 1992. Et c'est à partir de 1999 que des projets de recherche dans le domaine de l'agrobiologie purent être officiellement soutenus par l'INRA.Aujourd'hui, malgré quelques différences d'appréciations qui peuvent persister entre chercheurs et agriculteurs “bio“, les bases d'une collaboration existent et certaines pratiques de l'agriculture biologique peuvent être vues sous l'angle d'un “laboratoire“ de l'agriculture raisonnée.

Une montée en puissance régulière

En France comme dans la majorité des pays européens, la demande en produits issus de l'agriculture biologique connaît environ 20 % de croissance par an. La percée des produits “bio“ dans la grande distribution est à cet égard symptomatique de l'engouement des consommateurs.

Mais l'augmentation des surfaces agricoles consacrées à ce mode de production ne suffit pas à satisfaire la demande et des importations sont nécessaires.

La vague bio touche l'ensemble de l'Europe et c'est ainsi qu'entre 1998 et 2000, le nombre d'exploitations biologiques a progressé de 32 % dans l'union européenne alors que dans le même temps, le nombre total d'exploitations agricoles continuait de décroître. Pour autant, le volume total de la production bio reste marginal : 3,3 % de la surface agricole utilisée en Europe lui est consacré, selon les chiffres de l'année 2001.

Philippe Dorison le 02/10/2003