Péril aviaire : l'oiseau de fer peut-il lutter contre l'oiseau de plumes ?

Dans 80 % des cas, les chocs entre oiseaux et avions se produisent pendant les manœuvres de décollage ou d’atterrissage, moments particulièrement délicats pour les pilotes. Pour limiter les accidents, la lutte s’organise, en grande partie à base de prévention.

Par Philippe Dorison, le 07/10/2003

Quels enjeux ?

Le 8 juillet 2003, un avion s'écrase près de l'aéroport de Frisco (Texas) après avoir percuté un oiseau

Le premier décès causé par un impact d'oiseau a été enregistré en 1912. Plus récemment, depuis 1960, ce sont 79 avions civils qui ont été perdus dans le monde, faisant plus de 210 victimes.

Pour mieux maîtriser ce risque, les autorités de l’aviation civile insistent sur la nécessité de signaler tout impact, même sans conséquence grave. Pourtant, selon les spécialistes de la gestion de la faune, seuls 20 %, en moyenne, des impacts seraient signalés. Un taux très variable selon les pays.

Il faut toutefois noter que les oiseaux ne sont pas les seuls soucis des pilotes d’avions : aux États-Unis, de 1990 à 2003, on a dénombré plus de 600 chocs d’avions civils contre des cerfs.

Quelques chiffres sur le péril aviaire

- En 2001, on a signalé 941 impacts contre des aéronefs canadiens. Sans perte de vies humaines.

 - En France, 700 rencontres d’oiseaux par an sont signalées, dans l’aviation civile dont 15 % sont qualifiées de « sérieuses ».

 - Pour Air France, en 10 ans, le nombre d’incidents sérieux a été divisé par 3 et le nombre de réacteurs endommagés a été divisé par 2.

- Entre 1990 et 2002, les impacts avions/oiseaux ont coûté plus de 480 millions de dollars par an à l’aviation civile américaine.

- Aux États-Unis, en 2002 plus de 6 100 collisions d’oiseaux ont été signalées avec des avions civils et plus de 3700 avec des avions militaires.

Quelle prévention ?

À l’échelle mondiale, si les impacts entre avions et oiseaux de plus de deux kilos ont tendance à augmenter, certains indicateurs montrent que les incidents sérieux sont en régression, probablement en raison d’une prévention qui tend à s’améliorer.

Ainsi, depuis 1989, tous les aérodromes français d’intérêt national intègrent un service de prévention du risque aviaire.

Dans bien des cas, la lutte commence par une compréhension des raisons qui attirent les oiseaux au voisinage des aéroports. À titre d’exemple, certaines cultures sont interdites dans les emprises des aéroports et les mares sont asséchées le plus souvent possible.

Des moyens d’effarouchement sont mis en place, avec des résultats variables. Dans certains cas, les oiseaux comprennent que ce qui leur a fait peur au début n’est finalement pas si dangereux…

Quant aux constructeurs de moteurs d’avions, ils doivent fournir la preuve que les réacteurs qu’ils produisent sont capables d’avaler des oiseaux sans en souffrir.

Quelques éléments de certification des avions et de leurs moteurs

À sa vitesse de croisière, un avion doit supporter un choc avec un oiseau de 1,85 kg sans que celui-ci ne pénètre à travers les pare-brise.

Les plus gros moteurs doivent pouvoir avaler 4 oiseaux de 1,15 kg ou un oiseau de 1,15 kg associé à 6 oiseaux de 0,7 kg tout en continuant à fournir pendant 20 minutes 75 % de la puissance qu’ils délivrent au décollage.
Si ils ingèrent un gros oiseau de 3,65 kg, il est admis qu’ils puissent cesser de fonctionner mais sans prendre feu ni éclater.

Philippe Dorison le 07/10/2003